24 novembre 2024
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Crise vénézuélienne : la demande des pays européens est un fait inédit

Tribune

Crise vénézuélienne : la demande des pays européens est un fait inédit

Du moins dans la diplomatie occidentale qui part d’un principe universel que le vote est un droit mais pas une obligation, ce qui explique le succès d’une élection par un taux d’abstention faible.

Même dans les pays qui ont opté pour cet ultimatum et à travers la longue histoire de leur alternance démocratique, des partis boycottent ces échéances mais les résultats ne sont jamais contestés.

Après l’expiration de cette sommation lancée par six pays de la communauté européenne : la France, l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, le Portugal et les Pays-Bas ont reconnu dans la journée de ce lundi Juan Guaido comme président légitime, par intérim, de la République bolivarienne du Venezuela. Et probablement un septième, l’Autriche prendra sa décision d’ici peu de temps mais ne devrait pas être très différente étant donné la position ambigüe exprimée par la cheffe de la diplomatie autrichienne Karin Kneissel : «Nous reconnaissons les Etats, pas les gouvernements.» 

Un seul pays, la Grèce, soutient Nicolás Maduro, par fidélité de gauche. A l’opposé du spectre idéologique, l’Italie a jugé, par la voix de son Premier ministre, Giuseppe Conte, qu’il n’était pas «opportun de se précipiter à reconnaître des investitures comme celle de M. Guaido, qui n’ont pas été validées par un processus électoral».

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Le chef de fil des initiateurs de cet ultimatum, la France par le biais de son ministre des affaires étrangères, Yve Le Drian a « esquivé » ce matin sur France inter  la question des suites diplomatique à donner à cette décision du moins truculente voire suspicieuse difficile à appliquer sur le terrain. Il a répondu vaguement qu’il verra avec ces partenaires jeudi « une formulation appropriée ».

Auparavant son chef, Emmanuel Macron dans un Tweet posté vers 1 h 51 du matin semble avoir tranché pour reconnaître carrément Juan Guaido comme «président en charge » afin mettre en œuvre un processus électoral. Nous soutenons le Groupe de contact, créé avec l’UE, dans cette période de transition. Pour lui « les Vénézuéliens ont le droit de s’exprimer librement et démocratiquement ».

Pourtant, le samedi, les sympathisants du régime Maduro ont investi les rues de Caracas pour dénoncer haut et fort l’ingérence étrangère et ce sont justement des Vénézuéliens. Cela n’a pas empêché une manifestation des opposants du régime d’exiger le départ de Nicolas Maduro en toute liberté malgré un léger dépassements mais pas comme celui pratiqué avec les gilets jaunes en France dont les arrestations se comptent par milliers.

Il faut souligner que parmi les pays qui soutiennent le président qui refuse le qualificatif « autoproclamé » et dit appliquer l’article 233 de la constitution vénézuélienne qui lui donne 90 jours de présidence intérimaires pour organiser de nouvelles élections, il y a l’Espagne et le Portugal.

Deux pays qui comptent de nombreux ressortissants (ou descendants de ressortissants) du Venezuela, comme le montrent, selon l’Organisation internationale des migrations, les chiffres de migrants vénézuéliens accueillis en 2017 : 209 000 en Espagne, 25 000 au Portugal. Mais c’est aussi le cas de l’Italie qui a vu entrer sur son territoire, la même année, 49 000 migrants.

Si ce que Juan Guaido compte entreprendre attirent plus d’adhésion que le camp adverse, le président en exercice n’a de choix que se soumettre sans l’intervention d’une quelconque main étrangère. Il y va de même pour les pays du Lima qui se réunissent sous l’auspice du Canada aujourd’hui pour dit-on prendre une décision.

Quelle décision ? Peu nombreux sont ceux qui en connaissent la réponse face à une ingérence hors du commun.

D’ailleurs, ils reconnaissent tous que  pour le moment, cette position ne va pas s’accompagner d’une rupture diplomatique avec l’équipe au pouvoir. En tout cas ce problème de reconnaissance de l’élection de Maduro ne date pas ce mois de janvier.

En effet, les vingt-huit européens n’avaient pas reconnu les résultats de la présidentielle du 20 mai 2018, tenus dans un contexte qu’il convient de rappeler. Le Conseil national électoral (CNE), contrôlé par le pouvoir, avait interdit à l’opposition de présenter, comme elle le souhaitait, un candidat unique sous l’étiquette de la table de l’unité démocratique (la coalition MUD).

Plusieurs partis avaient opté pour présenter des candidats, mais le même CNE avait décidé en février d’avancer le scrutin de décembre à avril, date fixée en mai par la suite. Dans l’impossibilité d’organiser des primaires et de préparer en quelques semaines leur campagne, les candidats potentiels de l’opposition avaient alors préféré jeter l’éponge, à l’exception de Henry Falcón, un ex-chaviste très critique.

Faute donc d’adversaires, Nicolás Maduro a été logiquement réélu dans un fauteuil, dès le premier tour, avec 68 % des voix, et un taux de participation pathétique de 46 %. Le déni de démocratie du régime chaviste, bâti sur une totale absence de séparation des pouvoirs, est donc dénoncé de longue date par l’UE.

Mais la reconnaissance de Juan Guaido soulève d’autres questions que l’opinion internationale tente de comprendre avec étonnement car la rapidité des événement dans ce pays : le premier en réserve de pétrole, la quatrième en gaz, l’une des plus grande réserve d’or et de diamant,  d’énormes réserves d’eau potable, d’aluminium, de fer et de coltan interroge plus d’un.

Est-ce là l’enjeu ? Si tel est le cas, nous sommes en face d’une nouvelle forme de colonisation qui préoccupera de nombreux pays détenteurs de ressources naturelles.

Auteur
Rabah Reghis

 




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