27 novembre 2024
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Affaire Khashoggi : l’hypocrisie des investisseurs internationaux (II)      

DECRYPTAGE

Affaire Khashoggi : l’hypocrisie des investisseurs internationaux (II)      

Khaled Al Faleh, ministre saoudien de l’Energie a confirmé, dimanche 13 janvier, que le géant pétrolier Saudi Aramco se présenterait sur le marché obligataire au cours du deuxième trimestre 2019.                          

1-L’Arabie Saoudite, montre ses muscles par des réserves pétrolières 

Une levée de fonds qui interviendrait avant une hypothétique introduction en Bourse du groupe en 2021. Pour jouer cette carte en toute tranquillité, Riyad a pour la première fois dévoilé les chiffres audités de ses réserves de pétrole. Celles-ci dépassent les 261 milliards de barils affichés par le Royaume depuis quarante ans. Elles s’élèvent à 268,5 milliards, c’est-à-dire plus de 27 fois celles de l’Algérie estimées à 10, 17 milliards de barils. L’Arabie Saoudite possède les deuxièmes réserves les plus importantes au monde derrière le Venezuela. L’audit a été effectué par une firme de Dallas, DeGolyer & MacNaughton.

Cette étude, à en croire le même ministre, souligne pourquoi ce pays du Golfe produit « les barils les plus rentables au monde ». Ce chiffre était très attendu par tous ceux qui cherchaient à valoriser le géant public Aramco.

Par ailleurs, la plupart des experts du secteur prédisent un rebond du marché. Commerzbank table par exemple sur une remontée des prix d’environ 12 dollars arrangé entre le royaume et les Etats Unis pour lui permettre de gagner la confiance de ses paires sans fâcher Trump. Pourquoi ? Parce qu’ils situent le prix du Brent d’ici à fin 2019 entre 55-62 dollars, fourchette qui arrange les consommateurs notamment américains.

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Goldman Sachs, la banque américaine, annonçait ces dernières semaines un rebond d’à peu près 10 dollars. Seulement dans une note publiée le 6 janvier, la banque d’affaires a revu en nette baisse ses prévisions pour 2019. Elle s’attend à ce que le Brent s’échange en moyenne à 62,50 dollars cette année, contre 70 dollars auparavant. Par rapport au cours actuel, cela implique un potentiel de hausse assez limité, de 9%.

De son côté, le WTI devrait valoir en moyenne 55,50 dollars en 2019 contre 64,50 dollars attendu jusqu’ici, soit un potentiel haussier de l’ordre de 14%. Ces négociants pensent que le marché pétrolier s’équilibrera à un coût marginal inférieur, compte tenu des facteurs suivants : stocks élevés en début d’année, poursuite de la croissance de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis avec peu d’inflation des coûts, attentes d’une croissance plus faible que prévu et hausse des capacités de production à bas coûts. 

Parmi les autres experts du secteur, ceux de la Société Générale ont également abaissé leurs prévisions de prix de 9 dollars par baril, pour revenir à 64,25 dollars pour le Brent et à 57,25 dollars pour le WTI, ce qui offre un potentiel de rebond un peu supérieur à celui envisagé par Goldman Sachs.                                                                 

2- Les choses vont se jouer plutôt à long terme

Mais à plus long terme, un certain nombre de spécialistes s’accordent à dire que les prix pourraient connaître une hausse bien plus forte. Un retour des cours à hauteur des 80-85 voire même 100 dollars pour début 2020 est tout à fait envisageable, observent de nombreux observateurs dans le domaine.

Les cours vont logiquement être dopés par la baisse de la production de 1,2 million de barils par jour décidée par l’organisation des pays exportateurs de pétrole et la Russie en décembre. A cela s’ajoutent des difficultés de production de plus en plus fortes en Libye et au Canada qui devraient aussi booster les cours. Et ce n’est pas tout. Comme l’a annoncé l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), dans son rapport annuel sur les perspectives du marché en novembre 2018, l’insuffisance des investissements dans la production pétrolière pourrait aussi entraîner un déséquilibre du marché mondial à moyen terme et donc favoriser une hausse des prix.

Pour maintenir la production à son niveau actuel, les pétroliers doivent investir 630 milliards de dollars par an. Or en 2015, ils ont dépensé 450 milliards de dollars, moins de 400 en 2016, et pour 2017 et 2018 ces investissements se chiffrent à 450 milliards de dollars. On se dirige vers une situation où l’on manquera de pétrole dans les prochaines années.

Les investissements pétroliers sont de plus en plus faibles et dessinent le scénario d’un déficit d’offre ces prochaines années.  Cette faiblesse des investissements pétroliers se heurte aussi aux lois de la physique. 

Dans les gisements conventionnels arrivés à maturité, la déplétion naturelle est de 5 % par an si l’on n’y investit pas pour en maintenir au moins le niveau de production. Selon  l’AIE, le pétrole de schiste américain aura également du mal à combler ce manque. 

Le Shale souffre en effet d’une faiblesse structurelle : contrairement aux hydrocarbures traditionnels, les puits de pétrole de schiste sont éphémères, chaque gisement contenant une quantité limitée d’hydrocarbures. Selon les spécialistes, au bout de dix-huit mois ces derniers perdent 70% de leur productivité et leur durée de vie est d’environ cinq ans.

Un ensemble de facteurs qui font craindre à l’AIE un effondrement de la production de pétrole en 2025. Une telle perspective avec les mêmes conditions n’arrange malheureusement pas les pays dont l’économie reste fortement dépendante du prix du baril comme le Venezuela et l’Algérie. Fin

Auteur
Rabah Reghis

 




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