Vendredi 6 juillet 2018
L’idéologie harkie aujourd’hui
Au cours de la publication des diverses parties de cette contribution, des commentaires sur le journal ainsi que des messages privés me sont parvenus concernant la pertinence de l’emploi du terme « harki », après l’indépendance nationale. Proposons des réflexions du point de vue conceptuel, pour conclure cette étude.
Actualité d’une idéologie
Si ces écrits sur la notion d’idéologie harkie étaient adressés à des universitaires, il aurait été préférable de laisser le terme « harki » à sa définition communément admise. Alors, pour l’époque actuelle, on parlerait d’agents (autochtones ou d’origine) au service du néo-colonialisme, de l’impérialisme ou d’un régime autoritaire interne. Dans l’une des parties de cette étude, fut évoquée la pertinente expression de Rachid Boudjedra, les « contrebandiers de l’histoire ». J’ai également employé le mot « néo-colonisé », notamment en me référant à Albert Memmi. On connaît, aussi, le terme générique mais trop flou de « traîtres », et celui spécifique à l’histoire française durant l’occupation nazie : « collabos ».
Par ailleurs, parler de « mtourni » [retourné] (1) est une belle trouvaille, fruit de la créativité langagière populaire. Cependant, n’est-ce pas faire trop d’honneur aux personnes visées. En effet, pour être « retourné » et en venir à défendre une cause vile (contre le peuple), il faudrait, auparavant, avoir défendu une bonne cause, à savoir les intérêts du peuple. Or, certains individus mentionnés n’ont jamais commencé par ce dernier comportement pour échouer, ensuite, dans le premier (2). À moins de prétendre que parce qu’un individu est né en Algérie, de parents algériens, il devrait automatiquement défendre le peuple algérien. Ce serait croire que les classes sociales et la lutte entre elles n’existent pas. À moins de se révolter contre sa classe d’origine privilégiée, peut-on attendre d’une personne qui vit du coté des dominateurs (même si elle proclame en paroles le contraire) de la voir défendre la cause des dominés ?… Dès lors, ce terme de « mtourni », quoiqu’il sonne bien, ne décrit pas la réalité de ceux qui ont toujours été du coté des dominateurs, d’une manière ouverte ou opportuniste.
Le souci dans l’écriture de ces contributions est la lectrice et le lecteur « ordinaires », « simples », qui font partie du peuple. Rappelons que, dans tous ces écrits, ce terme désigne uniquement les dominés dans une nation. À la minorité qui les domine est réservé le terme de « caste », « oligarchie ». Ainsi, pas de confusion dans les mots. Même si tout le monde ne convient pas sur la définition donnée ici au terme « peuple », tout au moins, en lisant ce texte, chacun sait ce qu’il désigne exactement ici. Tout discours, pour être compris (même si pas accepté), devrait commencer par la définition des mots ; cela fut dit et expliqué par les premiers penseurs de l’humanité, notamment Confucius. Sans cette claire définition, nous sommes dans la confusion, en cas de bonne foi, sinon dans la manipulation intellectuelle. Efforçons-nous de les éviter.
Venons donc au problème : pourquoi employer, concernant la réalité actuelle, l’adjectif « harkie » en parlant d’idéologie ?
Commençons par une prémisse. Un lecteur de la partie précédente, « Argentroi », écrit :
« Le terme Harka a une origine étymologique d’avant la colonisation. Les guerriers de chaque tribu, en quelque sorte la garde, formaient une Harka. Le colonialisme français s’est saisi du prestige de cette dénomination pour nommer ces nouveaux supplétifs lors de la révolution. Au début de la colonisation, l’armée française d’Afrique a eu recours et de la même manière aux Goumiers arabes, aux Turcos qui sont les résidus des troupes ottomanes ou aux Zouaves kabyles qui devinrent par la suite des réguliers de l’armée coloniale contrairement aux harkis qui restèrent des supplétifs seulement et qui n’eurent même pas le droit d’être évacués par la France lors de la débandade d’avant le jour de l’indépendance. »
Ces informations permettent, donc, de ne pas cantonner l’idéologie harkie à la seule période de la guerre de libération nationale, mais d’en constater l’existence, également, dans le passé lointain. Pourquoi pas, alors, prolonger l’emploi de ce mot à l’époque actuelle ?
La pertinence de cet usage a divers motifs : 1) profiter de la charge émotive très forte de ce terme, aussi bien parmi le peuple que parmi les intellectuels, pour comprendre et décrire une situation actuelle ; 2) recourir à un mot très populaire, tout en étant perçu par les intellectuels ; 3) déceler en quoi, si les formes de manifestation des faits sociaux changent, leur nature demeure essentiellement identique. Ainsi, le harkisme, pour nous Algériens (et tant mieux si cette acceptation autochtone passe dans les dictionnaires étrangers) est une idéologie qui se caractérise par le servilisme dans l’intérêt d’une oligarchie dominante-exploiteuse, au détriment du peuple, et cela en échange de privilèges plus ou moins consistants, matériels et symboliques (« prestige » social) (3). Cette extension d’un terme l’enrichit de sens et de signification, en l’adaptant à l’évolution sociale qui a suivi, jusqu’à aujourd’hui.
Toutefois, une amie (4) remarque : «il est difficile de donner tout seul une définition à un mot. Le langage sert précisément à communiquer en s’appuyant sur un sens admis collectivement.»
Pourquoi ne pas tenter une nouvelle définition personnelle ?… Citons un exemple célèbre. Sauf défaillance de ma mémoire, le terme « idéologue » fut inventé par Napoléon Bonaparte, pour désigner les personnes dont l’activité principale consistait à produire des idées. Par la suite, Karl Marx et Friedrich Engels ont donné au même terme une signification spécifique. Pour simplifier, il s’agissait de la production d’idées, encore, mais étrangères, non conformes à la réalité, donc aliénées. Depuis lors, « idéologie » et « idéologue » sont employés et entendus soit dans leur première définition, soit dans la seconde, mais, malheureusement, sans généralement préciser la définition de référence. D’où la confusion dans les textes correspondants.
Pourquoi donc ne pas envisager une nouvelle définition de « harki » et « harkisme », si elle est opératoire pour une compréhension meilleure de l’évolution sociale, et donc pour une action plus efficace sur elle ?… N’est-ce pas ainsi que s’opère le progrès intellectuel et social ?
Quand à l’autre observation : « Le langage sert précisément à communiquer en s’appuyant sur un sens admis collectivement ». Pas toujours. Il reste encore à établir : 1) jusqu’à quel point le « sens admis par la collectivité » est pertinent, non seulement au moment de l’invention du mot, mais, aussi, au cours de l’évolution socio-historique ; 2) que désigne-t-on par « collectivité » dans le cadre d’une société caractérisée par des dominateurs-exploiteurs en opposition avec des dominés-exploités ? Que dire, par exemple, du « sens admis collectivement » de mots tels que « domination », « exploitation », « liberté », « solidarité » ?
Un exemple. L’amie, évoquée auparavant, m’écrit : « (…) lorsque j’expliquais mon engagement pour l’indépendance de l’Algérie, certains Algériens m’ont fait la remarque suivante : « Dans le fond, tu étais le « Harki des Algériens », liant ainsi l’Algérianité à la seule appartenance à la communauté musulmane. »
Dans le cas de cette amie, parler de « harki » est totalement incongru. En effet, l’idéologie harkie se caractérise, comme défini précédemment, par l’abandon de la cause d’un peuple (d’appartenance ou non), visant à s’affranchir de toute domination sociale, pour servir l’intérêt de la caste qui domine ce peuple.
Dans le vocabulaire, c’est la créativité langagière populaire qui doit primer, et porter l’intellectuel à en tenir compte et à en faire trésor conceptuel, en vue d’une concrétisation des mots. Ceci étant dit, en parlant avec le peuple, il n’est pas exclu, il est même nécessaire, en employant les mots « harki » et « harkisme », d’en expliquer la nouvelle conception, de la mettre en relation avec ce qu’on appelle « agent », « collaborateur », « supplétif » de toute forme de domination sociale, notamment, à l’époque actuelle, néo-coloniale ou impérialiste étrangère, et celle bureaucratique intérieure. Quitte à indiquer les particularités entre harki de l’époque coloniale, et celui de l’époque néo-coloniale et impérialiste. En effet, par exemple, allez dire au peuple que tel intellectuel, tel ex-ministre de l’énergie, tel dirigeant de parti politique est un « agent du néo-colonialisme » ou de l’impérialisme. Ensuite, ajoutez que c’est un « harki » du néo-colonialisme ou de l’impérialisme. Et vous constaterez quel mot est le mieux compris.
Complexe d’infériorité
Dans la partie précédente fut mentionné l’hypothèse du mépris-haine de soi du harki, se manifestant comme mépris-haine contre son compatriote, et cela avec une intensité surpassant celle des maîtres colonialistes. Ne sommes-nous pas dans le même phénomène avec les harkis actuels, dans tous les domaines : culturel, économique et politique ?… Par exemple, les écrits des intellectuels harkis ne se distinguent-ils pas par un mépris-haine des Algériens pire que celui de leurs mentors français ?… Dans le théâtre, le recours de l’État à un Slimane Bénaissa comme « commissaire » d’un festival international, ne prouve-t-il pas la préférence, de ceux qui l’ont choisi à ce poste, pour les « artistes » harkis ? Et les personnes qui agissent dans l’économie en manifestant un zèle tout particulier à faire appel à l’ « expertise » étrangère (principalement aux États-Unis), au mépris de celle des experts algériens, n’agissent-ils pas en harkis ?
Le motif de ce harkisme (servilisme) d’autochtones ou d’origine est facilement explicable par trois motifs, au moins : 1) l’étranger, pour manifester son mépris-haine de l’autochtone à néo-coloniser, ne peut pas aller au-delà d’une certaine stigmatisation, pour ne pas risquer d’être accusé de racisme. Au contraire, l’autochtone ou d’origine algérien (ou africain, asiatique, latino-américain) peut exagérer autant que son mépris-haine le stimule, car il ne sera pas accusé de racisme, puisqu’il appartient où est d’origine de ce peuple qu’il stigmatise. Alors, bienvenues les outrances ! Au plaisir des néo-colonisateurs ! 2) Ces outrances sont d’autant plus graves que leur locuteur éprouve, plus ou moins consciemment, du mépris-haine pour soi, parce qu’il appartient ou vient de ce peuple qu’il stigmatise. L’intensité de ce mépris-haine de soi est telle que la personne qui en souffre fait tout son possible pour se démarquer-distinguer-se hausser du peuple dont il fait partie ou dont il est originaire. Nouvelle manière de « Ya banania ! » et de « Beni oui-oui ! », si chéris par les colonialistes. N’est-ce pas ainsi que se comprend, par exemple, l’article de Kamal Daoud sur les viols de Cologne ? 3) Le dernier motif qui caractérise les harkis de tout pays est, faisant contre-poids à leur auto-mépris/haine, leur amour de leurs maîtres, amour révérenciel et référentiel, cependant pas toujours affirmé, peut-être non reconnu consciemment (5).
Le harki, qu’il appartienne aux supplétifs de l’armée coloniale ou aux « intellectuels » et représentants économiques et politiques de l’époque actuelle néo-coloniale, a une double particularité. D’une part, il est au service de la caste dominatrice-exploiteuse, en tant que « courroie de transmission », de contrôle et de légitimation ; en même temps, bien entendu, il se proclame au service de la « liberté », du « progrès », de la « démocratie », de la « nation », du « peuple », etc. D’autre part, ce harki est, lui aussi, dominé-exploité par cette caste maîtresse ; cependant, il déclare qu’il agit en personne « libre », « autonome », « indépendante », au service de l’humanité ». Le croit-il réellement, à moins d’être un imbécile ? Mais peut-on l’être quand on sait gagner, de la part des dominateurs, de l’argent et une position médiatique ?
L’hydre à plusieurs têtes
Venons à d’autres considérations. Les indépendances nationales ne furent accordées par les oligarchies colonialistes qu’en s’assurant de maintenir, d’une manière ouverte ou secrète, leurs intérêts économiques et territoriaux. Ces oligarchies ont appelé ce procédé du beau terme de « coopération ». Concernant les ex-colonies françaises, on sait comment elle s’est concrétisée : réseaux parallèles des services secrets français (Foccart, avec De Gaulle), bourses d’études à une « élite » indigène pour la transformer en agent local néo-colonial, présence d’entreprises françaises pour exploiter main-d’œuvre et ressources naturelles, traitements médiatiques de faveur pour toute voix « intellectuelle » justifiant les « bienfaits » du colonialisme et de son avatar néo-colonialiste, enfin, pour les ex-colonies les plus dociles, présence de bases militaires françaises, bien entendu pour la « stabilité du pays » (entendons : le maintien de la caste harkie qui le domine) et pour la « défense des intérêts de la France » (autrement dit : de son oligarchie économique). Voilà comment le passé colonial n’est pas entièrement révolu. Il existe sous une forme plus adaptée aux circonstances, tout simplement. Le rapace colonialiste est simplement devenu un rapace néo-colonial : le loup s’est déguisé en bonne grand-mère. Quoique, si nécessaire, le loup enlève son masque et se révèle ce qu’il est : Irak, Libye, Syrie, Yémen, etc. Si l’on n’y prend pas garde, demain l’Iran, puis l’Algérie.
Cependant, certains voudraient faire croire que ce passé est révolu. Parmi eux, le président Emmanuel Macron. Lors de son dernier « bain de foule » à Alger, il apostropha rudement un jeune Algérien, en lui déclarant qu’il devait oublier le passé, et ne s’intéresser qu’au présent et à l’avenir. Comment cela est-il possible quand le passé conditionne directement le présent ?… Contentons-nous de quelques exemples. Comment expliquer qu’un président français recourt toujours à un « bain de foule » lors de sa visite en Algérie, alors qu’un président algérien, au contraire, n’en a jamais bénéficié à Paris ? Que la reconnaissance de la valeur intellectuelle d’un Algérien, dans son pays même, passe obligatoirement par une primordiale reconnaissance par des Français, appartenant à l’oligarchie dominante ? L’ascendant d’un Bernard-Henri Levi sur des intellectuels algériens, sans lequel ils seraient méconnus ? Les considérations sur la femme et l’Islam de la part de Assia Djebbar, avant son accession à l’Académie Française ? Le refus de l’oligarchie française de reconnaître officiellement les méfaits du colonialisme en Algérie comme crimes de guerre et crimes contre l’humanité ? Sans parler des secteurs de la santé, de l’éducation et autre… De tels faits obligent à considérer que l’idéologie harkie, avec l’évolution socio-historique actuelle, n’a fait que se manifester dans des domaines plus larges, de manière différente. Nous n’en sommes plus à ce lumpenprolétariat d’Algériens de confession musulmane, supplétifs armés mercenaires de l’armada coloniale. À présent, en Algérie comme ailleurs, l’idéologie harkie est incarnée par des « intellectuels », des représentants économiques et politiques, au service du capitalisme néo-colonial ou impérialiste, et de son auxiliaire national.
Cheval de Troie et Muraille de Chine
Dans Wikipedia, on lit : « En 2008, l’historien algérien Mohamed Harbi écrit « qu’il faudrait étudier l’histoire d’une manière plus précise et renoncer le plus vite possible à toute une série de stigmatisations dangereuses ». Il reste à préciser en quoi consistent ces stigmatisations, et ne pas en faire un révisionnisme historique pour légitimer une domination passée et son avatar néo-colonial présent. Cette étude a tenté de fournir des éléments d’éclaircissement, et des motifs qui rendent pertinente la nécessité de parler, aujourd’hui, d’idéologie harkie et de harkisme actuels, sous forme inédite et plus large, pour les déceler et les neutraliser.
Le but de cette série de contributions s’explique également, par un autre fait. Ne jamais perdre de vue les leçons du passé pour affronter le présent. La ville de Troie résista une dizaine d’années aux agresseurs grecs coalisés. Elle ne fut prise que par la ruse : l’introduction dans la cité de guerriers assaillants, cachés dans une statue de cheval, présentée par les agresseurs comme un « don » aux habitants de la ville. On connaît la suite : massacre des résistants troyens, réduction des survivants à l’esclavage, et accaparement des richesses matérielles. Ne pas oublier non plus la muraille de Chine. Elle protégea pendant des siècles le peuple chinois des envahisseurs étrangers. C’est uniquement en soudoyant des soldats chinois, chargés de surveiller une porte de cette muraille, que les agresseurs réussirent à pénétrer en Chine, puis à asservir son peuple pendant longtemps.
Cela pour dire que les intellectuels et les peuples des pays, dont l’Algérie, qui sont dans les plans de domination néo-coloniale, impérialiste ou colonialiste israélienne, doivent déployer le maximum de vigilance pour contrecarrer deux très graves menaces masquées. La première se constate dans les tentatives d’introduction d’un cheval de Troie au sein des peuples à néo-coloniser, sous forme de « coopération au développement ». La seconde menace consiste à veiller à l’intégrité citoyenne des « soldats » qui gardent les « portes » des « murailles » des peuples à risque : ces « soldats » agissent dans tous les domaines de la vie sociale : non pas seulement militaire, mais également dans la culture, l’économie et la politique. Autrement dit, il est impératif de déceler et combattre toutes les formes et avatars d’idéologie harkie, volontaire ou involontaire, dans tous les domaines, continuellement. Cette idéologie est la ruse dont se masquent les agents serviles autochtones (ou d’origine) des dominations ou projets de domination actuelle sur les peuples. Pour contrecarrer les dominateurs, il faut d’abord empêcher leurs agents autochtones de leur préparer le terrain.
Concluons par un un commentaire très émouvant, paru dans la contribution précédente (6). Son auteur me fait l’honneur, dont je le remercie infiniment, de m’appeler « khayi », terme belabbésien pour dire « frère ». Par une anecdote du passé, il a montré la différence entre un comportement de harki et celui d’un défenseur du peuple opprimé. Aujourd’hui, les formes d’oppression ont simplement changé d’aspect, mais leur nature oppressive persiste. Il faut donc leur opposer les formes adéquates de résistance. La guerre de libération nationale doit être poursuivie par le combat pacifique pour la libération sociale, où se conjugueront harmonieusement liberté individuelle et solidarité collective. Fin.
K. N.,
Email : kad-n@email.com
Notes
(1) Voir A. Merdaci, https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/28/contribution-dabdellali-merdaci-breve-adresse-a-naturalise-honteux/
(2) Pour se limiter à deux cas, avant de s’illustrer médiatiquement, sauf erreur de ma part, Kamal Daoud reconnut avoir été proche du courant réactionnaire clérical islamiste, tandis que Boualem Sansal fut un bureaucrate du régime algérien. Cependant, dans les années 1969-1970, Slimane Bénaissa (s’il s’agit de la personne que j’avais alors connue) s’activait au sein de la compagnie « Théâtre et Culture », d’Alger, d’orientation « progressiste », autrement dit de « soutien critique » au régime alors existant.
(3) Dans un commentaire à la partie précédente , Bekaddour Mohammed écrit : « Par quel mot EXACT qualifier les Algériens qui même en 2018 tapent aux portes des administrations françaises pour avoir la nationalité française, malgré la loi française du mariage homosexuel, éclairez ma lanterne, merci infiniment ! »… Sur la base de tout ce qui vient d’être dit dans cette étude, demander une nationalité étrangère, y compris de l’ex-pays colonial, n’est pas en soi un comportement harki. Il l’est uniquement si le motif de cette décision réside dans un enrôlement, en échange de privilèges, comme serviteur dans le système de la caste oligarchique du pays envisagé. Distinguons donc : d’une part, il y un nationalisme chauvin, caractéristique de toutes les oligarchies dominantes, qui mettent en opposition les peuples, au nom de la prétendue « nation » ; nous avons constaté les guerres auxquelles cette conception a mené. D’autre part, il y a le nationalisme populaire patriotique, pour lequel l’appartenance à un peuple n’exclut pas mais englobe l’appartenance à tous les peuples de cette planète, parce que tous sont dominés par des castes diverses, et devraient par conséquent s’en affranchir pour être libres et solidaires à l’échelle planétaire.
(4) Son identité fut décrite en note dans la partie précédente : ses ancêtres de confession juive étaient présents dans le pays bien avant la conquête arabo-musulmane.
(5) Voir le très éclairant « Traité de la servitude volontaire » d’Étienne de la Boétie, librement accessible sur internet.