23 novembre 2024
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Bachir Hakem, un syndicaliste au long cours

Syndicalisme autonome algérien dans l’éducation

Bachir Hakem, un syndicaliste au long cours

Bachir Hakem est un retraité de l’enseignement secondaire. Fruit de trois écoles: marocaine française et algérienne, et d’une expérience d’enseignement de 32 ans en Algérie dans l’éducation. Il fut professeur de mathématiques au lycée Lofti, à Oran, et fondateur de plusieurs syndicats autonomes. Dans cet interview, il nous informe sur son activité syndicale et sur les syndicats autonomes dans le secteur de l’éducation.

Le Matin d’Algérie : Syndicalement, tu es le fondateur de deux syndicats le SNAPEST et le CLA. Quelle est leur nature et leurs objectifs ?

Bachir Hakem : Avant de parler d’objectifs, un peu d’historique est nécessaire. Les enseignants du secondaire ont toujours pensé à avoir leur propre syndicat, et cela depuis la grève de 1989 appelée par certains la grève du cartable, mais cela ne s’est pas concrétisé et l’UGTA a continué à gérer l’enseignement secondaire. Le malaise dans le secondaire a touché son sommet au début des années 2000, et à partir de là émergèrent des mouvements tel que celui du CNAPEST (coordination national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique, devenu plus tard conseil) et du CLA (coordination des lycées d’Alger devenu plus tard conseil), ces deux mouvements réussirent à mobiliser en 2003 plus de 99% des enseignants du secondaire autour de 3 revendications :

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  • Augmentation des salaires à 100% pour tous les enseignants du secondaire,

  • Élaboration d’un nouveau statut des travailleurs de l’éducation,

  • Retraite après 25 ans de service.

Le CNAPEST était dirigé à l’époque par Monsieur Méziane Mériane et le CLA par feu Monsieur Rédouane Osmane. Ce n’est qu’à partir de là que le CNAPEST et CLA pensèrent à créer des organisations syndicales pour défendre les enseignants du Secondaire.

A la fin de la grève de 2003 des divergences entre le bureau de wilaya d’Oran et les membres du bureau national du CNAPEST, obligèrent, en 2005, 95% des membres du bureau de wilaya d’Oran à démissionner du CNAPEST, il furent rejoints par Mériane Méziane et un groupe de l’EST qui décidèrent ensemble de créer une organisation syndicale indépendante le SNAPEST. Feu Osmane Redouane, à son tour, pensa à un syndicat national qu’il appela conseil des lycées d’Algérie, mais malheureusement il décéda le 15 décembre 2007, et cette année là le CNAPEST et le SNAPEST eurent leur récépissé d’enregistrement et furent des syndicats légaux. D’autres syndicalistes démissionnèrent du SNAPEST et du CNAPEST dont je fais partie, déçus par les syndicats ou ne partageant pas leurs méthodes ou leur idéologie. Ayant été enseignant de mathématiques de l’un des plus grands lycées d’Oran, et poussé par plusieurs enseignants du secondaire d’Oran ainsi que  d’autres wilayas, nous décidâmes de créer un troisième syndicat à l’époque du secondaire. Nous contactâmes l’organisation CLA d’Alger, qui n’hésita pas à rejoindre notre demande ainsi qu’un groupe d’enseignant d’Oum El Bouaghi et de Béjaïa. Par respect à feu Osmane Rédouane et pour remémorer ce grand syndicaliste, nous décidâmes de garder le même sigle CLA, mais pour avoir droit au récépissé d’enregistrement, nous dûmes changer l’appellation en CELA (conseil des enseignants des lycées d’Algérie) suite aux réserves du ministère du Travail. Nous gardâmes pour la presse le nom CLA.

Pour les objectifs de tous les syndicats corporatifs comme le CLA, c’est la défense de l’enseignant du secondaire. Tous les syndicats ont généralement une plateforme de revendications pour l’éducation autour de 5 points : Salaire, Primes, Statut particulier, Œuvres sociales, Retraite.

Quelle fut la procédure de ces deux fondations, je veux dire fut-elle autonome, libre et solidaire, autogestionnaire ?

D’abord le mot autonome prête souvent à confusion, il veut tout simplement dire organisation indépendante de toute idéologie, parti politique, de l’État, et dont la gestion est faite par le syndicat lui-même. C’est-à-dire principalement avec les cotisations des adhérents ou la subvention annuelle de l’État qui ne dépasse pas les 100.000 DA.

De ces deux syndicats, quels sont les aspects positifs et, éventuellement, les aspects négatifs ou qui ont présenté des difficultés parmi les travailleurs ?

Les aspects positifs de ces deux syndicats sont nombreux. Parmi eux :

  • L’indépendance des organisations vis-à-vis de l’ État,

  • L’auto-gérance, la liberté et la solidarité,

  • Rendre la dignité à l’enseignant,

  • Les réponses aux revendications de 2003, à part celle de la retraite, sont aujourd’hui dépassées,

  • L’UGTA (1) a disparu dans la représentativité au niveau du secondaire,

  • Les œuvres sociales ne sont plus gérées uniquement par l’UGTA,

  • Seuls les syndicats autonomes contrôlent le secteur de l’éducation.

Les aspects négatifs sont aussi énormes :

  • La division du pouvoir de force des syndicats de l’éducation. La multitude de syndicats dans le même secteur a créé, pour les mêmes revendications, des actions dispersées, de là une diminution des forces.

  • Le côté idéologique est en train de rattraper indirectement et rapidement les syndicats de l’éducation. Nous assistons, dans certains syndicats, à des récupérations partisanes indirectes.

  • La revendication de méthode de gérance des œuvres sociales continue de diviser les syndicats autonomes.

  • Les leaderships font des ravages entre les syndicalistes ; ils les poussent à surenchérir dans les revendications ou dans leurs actions pour prendre le monopole de la représentativité.

  • Le manque de vraie solidarité syndicale à l’intérieur des établissements scolaires ou un combat violent existe entre les syndicalistes en l’absence d’éthique syndicale ce qui arrange la tutelle.  

Selon toi, comment remédier à ces problèmes ?

D’abord, il faut savoir que les vrais syndicalistes se font de plus en rares, et que le manque de formation dans ce domaine a boosté le leadership par rapport au travail syndical. Aujourd’hui nous avons beaucoup plus affaires à des militants formés pour faire des grèves. Pour y remédier, nous devons former ces militants pour en faire des syndicalistes et une fusion de certains syndicats est nécessaire.  

Les rivalités syndicales divisent les actions pour les mêmes revendications.

Quelles en sont les causes ?

La course vers la représentativité nationale (20%) pousse les syndicats à surenchérir l’action pour gagner la sympathie des enseignants, ou, dans certains cas, pour montrer l’unicité de représentativité dans le corps, ou pour des aspects idéologiques, ou tout simplement pour casser l’action d’une autre organisation.

Quels sont les aspects de l’éthique syndicale ?

Les aspects de cette éthique syndicale sont :

  • la solidarité entre syndicats,

  • le soutien de tout syndicat victime de l’instrumentalisation de la justice ou du licenciement abusif d’un de ses adhérents,

  • la non ingérence dans les affaires internes d’un syndicat,

  • la non dénonciation de toutes actions syndicales,

  • condamner toutes actions visant à casser une grève syndicale,

  • chercher à unifier toutes les actions pour les mêmes revendications.

Il faut, cependant, signaler la création de poste de mise à la disponibilité aux syndicats pour casser l’esprit militant syndicaliste et multiplier les opportunistes dans les organisations.  

Comment éviter cette action ?

La mise en disponibilité aux syndicats est le moyen ingénieux trouvé par les autorités pour diminuer le nombre de militants et augmenter le nombre d’opportunistes.

Pour éviter cette action, il faut amener l’organisation, si elle veut avoir droit à des militants mis spécialement à la disponibilité du syndicat, à financer elle-même le salaire de ce cadre syndical, alors, en l’espace d’une année, on verra le nombre des opportunistes se compter sur le bout des doigts.

Comment les autorités officielles, étatiques et/ou de l’entreprise, ont réagi ?

Les autorités étatiques ont réagi négativement en rendant la délivrance du récépissé d’enregistrement presque impossible malgré les conventions internationales que l’Algérie a signé.

Les autorités officielles choisissent de travailler ou de faciliter la tâche aux syndicats ayant signé la charte d’éthique de l’éducation, ou de faire appel à l’UGTA, qui n’est pas représentative dans l’éducation, ou aux syndicats « maison », pour dénoncer toutes actions d’un syndicat autonome. Ces autorités ont opté pour la ponction sur salaire des grévistes, sans faire appel à un calendrier, pour affamer les grévistes. Elles ont, aussi, choisi d’instrumentaliser la justice pour interdire la grève, ou de présenter des vacataires pour remplacer les grévistes, ou tout simplement licencier les grévistes.

Les autorités officielles veulent rendre la grève impossible ou tout simplement l’interdire, et la lecture du futur code du travail le confirme.

Comment avez-vous affronté ces réactions des autorités ?

Nous essayons de surmonter cela par la création d’un rapport de force, et cela ne peut être possible que si les syndicats oublient leurs rivalités personnelles ou syndicales, car les revendications à 90% sont les mêmes. Les autorités ont compris que pour diminuer en leur faveur le rapport de force, seule la division entre syndicats pourra mettre fin à celui-ci, et, ainsi, nous assistons à la création d’une multitude de syndicats autonomes dans l’éducation pour un même corps.

Est-ce que cela veut dire que les autorités étatiques ont créé des syndicats faussement autonomes, autrement dit des syndicats « harkis », pour affaiblir les syndicats réellement autonomes ?… Dans ce cas, comment ce problème est affronté ?

Nous n’irons pas jusqu’à parler de syndicat « harkis », car certains syndicats ont été créés par les autorités étatiques pour diminuer la force de certains syndicats autonomes, mais à l’insu de certains fondateurs. Nous voyons émerger des syndicats qui portent le même sigle, l’un reconnu par les autorités, l’autre non. Et dès qu’une organisation syndicale dérange ou atteint la ligne rouge, les autorités étatiques font appel à un redressement ou à la création d’un syndicat qu’on appelle « clone ». Ces syndicats clones ne représentent aujourd’hui qu’eux-mêmes et n’ont aucune force, ils participent à cautionner certaines décisions étatiques ou à dénoncer certaines actions syndicales.  

Après ta retraite en septembre 2017, tu m’as dit qu’un grand nombre de retraités te sollicitent pour créer un syndicat spécialement pour eux. Quelle était l’activité professionnelle de ces retraités ?

Les retraités en Algérie sont nombreux et n’ont pas de vrais syndicats propres à eux. Ils ont le droit d’adhérer à certains syndicats suivant les statuts, mais ils sont absents dans les bureaux nationaux de ces derniers et n’ont jamais été pris en charge.

Nous sommes dans l’éducation, donc on a pensé à créer un syndicat de l’éducation qu’on envisage d’appeler SAREN (Syndicat Autonome des Retraités de l’Éducation Nationale) en attendant les assises. Il regroupera tous les retraités de ce secteur.

Pour quel motif veulent-ils un syndicat ?

Le motif essentiel est le pouvoir d’achat du retraité. Au fur et à mesure que le temps passe, sa pension augmente beaucoup moins que l’inflation, à tel point qu’on voit aujourd’hui des anciens cadres de l’éducation mendier. Lorsque les salaires augmentent, leur pension stagne ou progresse dix fois moins vite. Ajouter à cela qu’ils sont privés de certains droits au niveau des œuvres sociales auxquels ils pouvaient accéder.

Pourquoi, à cet effet, s’adressent-ils à toi et ne constituent pas eux-mêmes leur syndicat ?

Ils ne s’adressent pas spécialement à moi mais à un groupe d’anciens syndicalistes aujourd’hui retraités qui ont senti la nécessité d’avoir leur propre syndicat. Car ces syndicalistes pouvaient, dans leur propre syndicat, créer une section des retraités mais son apport de force serait insuffisant.

Comment envisages-tu, ou envisagez-vous, de créer ce syndicat, je veux dire sous quelle forme, autogérée ou autre ?

Ce sera, je l’espère, un syndicat autonome comme le sont les autres syndicats, mais qui se consacrera uniquement aux retraités, comme ils en existent partout dans le monde. Aujourd’hui, seule l’UGTA a une fédération des retraités, mais elle n’a pas fait grande chose, la preuve en est que certains anciens cadres retraités sont dans la misère, d’où l’utilité de notre syndicat.

Pour quelles raisons, ce choix ?

Ces syndicalistes pouvaient dans leur propre syndicat créer une section des retraités mais son apport de force serait insuffisant, et il serait dans la division des retraités.

Tu viens de lancer le SAREN, syndicat autonome des retraités de l’éducation nationale dont les assises se feront bientôt. Sous quelle forme s’est constitué ce syndicat ?

Il s’est constitué à partir de la base et d’expérience syndicale. Nous tâcheront de confectionner un syndicat à partir des communes qui remplaceront les établissements pour que ces dernières soient représentées dans leur wilaya et par la suite au niveau national.

Quels sont ses buts ?

– Défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs, améliorer leurs conditions de vie, répondre aux tentatives d’abus et d’exploitation.

– Protéger la vie des retraités, améliorer le pouvoir d’achat des retraités et assurer une répartition équitable du revenu national.

– Préserver les acquis sociaux des travailleurs et des retraités, et s’efforcer de fournir davantage.

– Demander pour les retraités au niveau national de construire une société juste fondée sur les valeurs de l’interdépendance économique et sociale.

– Renforcer les liens de solidarité entre les retraités à  travers un travail conjoint entre les syndicats nationaux, algériens, africains et internationaux.

– Prendre soin des besoins de vie des retraités et  retraitées, de leurs familles et des travailleurs, dans le domaine social et économique : résidentiel, santé, consommation et loisirs.

– Prendre soin des retraités et défendre leurs droits physiques, sanitaires et sociaux.

– Prendre soin des femmes à la retraite, et les protéger contre toute forme de violence, d’exploitation et de harcèlement de toutes sortes, quelles que soient leurs sources. Maintien des droits de maternité et d’éducation des enfants.

– Combattre toutes les formes d’exploitation qui affectent les retraités et les retraitées.

– Travailler pour atteindre une stabilité globale pour les retraités et retraitées sur les règles de justice et d’équité.

Qui en sont les membres ?

La plupart des représentants sont des figures connues sur la scène nationale et internationale. Jusqu’à ce jour, nous avons réussi à avoir 20 wilayas.

D’une manière générale, que penses-tu de l’existence, en Algérie, de syndicats autonomes ?

Là, tu me poses une question qui peut avoir deux réponses tout à fait opposées : l’une positive et l’autre négative.

La positive :

  • Leur existence sert à enlever le monopole de représentativité que ce soit celle de l’UGTA ou d’un autre syndicat non réellement représentatif.

  • Une augmentation des salaires phénoménale de plus de 300% mais, cependant, très insuffisante par rapport au pouvoir d’achat.

  • Délivrance de la gérance des œuvres sociales à un seul syndicat autonome ou non.

  • Élaboration d’un nouveau statut particulier de l’éducation, et préparation d’un autre qui corrigera, je l’espère, les imperfections.

La négative :

  • Division du rapport de force syndicale.

  • Rivalités syndicales au lieu de leur complémentarité.

  • Un grand nombre de syndicalistes opportunistes et non intègres.

  • Problème de leadership aussi bien entre syndicat qu’à l’intérieur du même syndicat.

  • Fausse image de l’Algérie en tant que pays des libertés syndicales à travers de la multitude de syndicats.

Ces syndicats autonomes fonctionnent-ils réellement de manière démocratique, autrement dit autogérée ?

Je ne peux répondre à cette question que pour le SNAPEST lorsque j’étais trésorier de ce syndicat, et le CLA lorsque j’étais son porte-parole. Pour ce qui de la question démocratique, je peux te dire que toutes les décisions décisives ou de déclenchement de grève ne se font qu’à partir d’un conseil national, et aucun membre des bureaux nationaux ne peut prendre la décision seul de déclencher ou d’arrêter une grève.

Ces syndicats fonctionnent essentiellement par les cotisations des adhérents, donc ils sont autogérés.

Quel est le type de solidarité entre eux, est-elle de type corporatiste et/ou nationale ?

Ces syndicats sont corporatistes, et, donc, ils ne sont pas encore arrivés à une solidarité en dehors de leur corps, mais la création du front syndical essaie de généraliser la solidarité dans la fonction publique.

Quelles sont les difficultés, d’une part, internes (problème de recrutement, de fonctionnement, de leadership, etc.) et, d’autre part, externes (hostilité des directions des entreprises, publiques ou privées, ou des administrateurs étatiques) ?

La difficulté réside dans le fait qu’on n’a pas de véritables militants syndicaux, mais beaucoup plus d’adhérents qui ne cherchent que leurs intérêts sociaux, ainsi ils migrent d’un syndicat à un autre. Dans le CLA, on a élaboré une plate-forme de revendications sur laquelle on a voulu recruter les adhérents et les militants, mais la culture syndicale en Algérie ne s’y prête pas beaucoup, car il suffit d’une bonne déclaration à la télé ou une surenchère syndicale ou un intérêt personnel pour voir le nombre d’adhérents augmenter sans tenir compte ni des convictions du syndicat ni de sa plate-forme de revendications.

Il y a donc tout un travail de conscientisation qui doit être fait auprès des travailleurs, afin qu’ils se rendent compte où sont leurs intérêts réels, d’une part, en tant que travailleurs, et, d’autre part, de savoir quels sont leurs véritables représentants. Selon toi, ce travail est-il possible et comment ?… En particulier, est-ce qu’il existe des rencontres ou des stages de formation à la conscience syndicale dans le sens correct du terme ? Si non, pourquoi ?

Ce travail est impossible pour diverses raisons :

  • Moyens financiers presque inexistants pour certains syndicats autonomes qui s’autogèrent par les finances des cotisations des adhérents.

  • Politiques : refus d’autoriser toutes manifestations formatrices (séminaires, colloques, congrès…) venant de l’étranger dans le cadre des échanges internationaux entre organisations par les autorités.

  • Manques de locaux aptes à organiser ces formations ainsi que la prise en charge totale des formateurs et des formés.

  • Le manque d’intérêts de la part des travailleurs.

Pour les stages à l’étranger, cela est, aussi, impossible car les syndicats n’ont pas les moyens de payer la billetterie. Seuls quelques militants, en employant leur propres moyens, peuvent participer.

Ce n’est pas les stages qui manquent, et, généralement, pour participer dans la plupart du temps on exige le payement de la billetterie. Alors, que faire lorsqu’on a un stage de trois jours à Caracas ou à Montréal ?

Enfin, quelle forme de solidarité syndicale existe au niveau nord-africain, méditerranéen et international ?

Nous aspirons à une solidarité maghrébine, mais qui ne peut se faire pour des raisons purement politiques, ou de décisions qui doivent être prises à la base. Pour le moment, des relations existent à travers l’adhésion du CLA au Forum Social Maghrébin, ou à travers les échanges entre les syndicats maghrébins.

En ce qui concerne la solidarité nord-africaine, méditerranéenne et internationale, le problème est le même que celle du Maghreb, mais on a réussi à organiser un sit-in devant le consulat de France à Oran en 2013, à l’occasion de la présentation d’un syndicaliste français de la CNT devant la justice. Et j’ai participé, en novembre 2017, à l’occasion du colloque de la CGT à Marseille, à un sit-in devant la bourse du travail pour la Palestine.

Le CLA, membre du FSM (Fédération Syndicale Mondiale) a tenté en vain de participer à l’organisation du 18ème congrès de la FISE (Fédération Internationale des Syndicats de l’Éducation), prévu en fin août 2017, à cause des autorisations non délivrées par le ministère de l’éducation. Aujourd’hui, ce congrès a été déplacé au Mexique en mars, et les grands perdants sont l’Algérie et l’éducation. La Tunisie et le Maroc organisent régulièrement des manifestations syndicales internationales sous l’égide de l’UE ou grâce aux facilités créées par leur État, pour aussi bien développer leur tourisme que connaître les réalités syndicales des autres pays, et marquer le point sur les libertés syndicales de ces deux pays. Nous avons aussi demandé à organiser le Forum Social aussi bien mondial que maghrébin, vues les relations qui nous lient aux organisations fondatrices de ces forums qui font le tour du monde : Maroc, Tunisie, Canada, Afrique du Sud, Amérique Latine.

Propos recueillis par K. N.

Notes

Un complément d’information est disponible dans deux articles de Bachir Hakem, parus ici : https://lematindalgerie.comcherchons-ses-causes-et-ses-vraies-responsables

et http://www.elwatan.com/contributions/la-greve-illimitee-une-mode-specialement-algerienne-ses-causes-et-ses-vrais-responsables-09-02-2018-362217_120.php

(1) Pour qui l’ignore, l’Union Générale des Travailleurs Algériens est le syndicat étatique qui détenait le monopole de l’activité, plus exactement de l’encadrement syndical des travailleurs.

 

Auteur
Propos recueillis par Kadour Naïmi

 




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