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Les Jeux olympiques de Corée, une métaphore de la guerre

Sport et propagande

Les Jeux olympiques de Corée, une métaphore de la guerre

Le monde entier a assisté, la larme à l’œil, au spectacle des deux Coréennes, l’une du Sud et l’autre du Nord, gravissant ensemble l’escalier pour parvenir à la flamme olympique. Les JO sont à chaque fois un déversement de sentiments débordants et d’espoir. A chaque fois, il faut réveiller nos sens et revenir à une raison qui nous fait percevoir une vérité plus morbide.

Déjà, dès le départ, c’est la sœur du sympathique despote qui est en charge de nous charmer. Une magnifique jeune femme qui présente bien et qui rayonne de bons sentiments muets car dans le régime des sanglantes dictatures, c’est le sourire froid et machiavélique qui remplace les paroles. Cet ange est une ancienne responsable du service « agitations et propagande », c’est tout dire sur l’ange qui a emmené bien des âmes en enfer de la déportation et de la mort.

Puis, cette dame a la confiance de son gros nounours de frère, celui qui joue avec des engins nucléaires comme un gamin jouerait à la Game Boy. Et, attention, s’il n’est pas content, ce n’est pas seulement le retour au magasin mais l’aller simple au Diable pour ceux dont il accuse d’être à l’origine de son déplaisir.

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Nous reconnaîtrons un Saïd, mais à côté, le petit frère du despote de chez nous équivaut à un gentil farceur, bien inoffensif. Cette dame fait trembler la Corée et même jusqu’aux pantins de généraux qui entourent son frère, ceux qui applaudissent toujours avec un rire hilarant lorsque le gros nounours est bien content de son nouveau joujou.

Dès la disparition de celui qui les a recréés, les Jeux olympiques ont été le terrain d’une vaste confrontation de testostérone, de gloire à la relique de l’or et du nationalisme exacerbé. Les drapeaux, les hymnes nationaux et les joyeuses fêtes d’inauguration qui ressemblent à une soirée de lycéens ne sont que l’envers d’un décor bien plus sombre.

Compétition féroce pour montrer son honneur patriotique, règlement de comptes politiques, attentats, bouderies des États, exclusions, sommes faramineuses qui laissent des ardoises publiques gigantesques, scandales du dopage et autres glorieux faits dont l’histoire des Jeux Olympiques sont coutumiers.

Je renvoie le lecteur à cette histoire aussi tourmentée que des champs de batailles, pudiquement camouflée par un cérémonial et une légende dont personne ne veut se lasser tant elle les berce d’illusions, ce plaisir qui nourrit les consciences et ne fait que reporter les problèmes, en les aggravant.

Les deux Corées sont officiellement en guerre. Et qu’on ne s’y méprenne pas, ce n’est pas la première fois que ces retrouvailles de frères ennemis font la une de l’actualité. Des rencontres au sommet, il y en a eu, des manifestations d’embrassades, c’est du déjà vu. Quant à l’inauguration des jeux remplis de symboles de paix, le public a fait semblant d’oublier une autre manifestation qui l’a précédée.

Le turbulent et colérique garnement du Nord n’avait pas hésité à organiser une gigantesque parade militaire, la veille du voyage de sa charmante petite frangine, délicate comme une rose. Et le message de cette parade joyeuse n’était vraiment pas l’envoi d’un signe d’amitié.

On a toujours voulu croire en la beauté symbolique des Jeux Olympiques mais l’humanité a toujours trahi le rêve extraordinaire du Baron de Coubertin. Grand humaniste et pédagogue de formation, il a voulu l’éducation et la pacification des jeunes par des combats encadrés et destinés uniquement à déverser de l’énergie dans une confrontation amicale.

Le pauvre baron de Coubertin, son œuvre a été salie aussitôt qu’il eut disparu de cette terre et le résultat le fait certainement retourner dans sa tombe à chaque jeux où son nom est cité comme gloire de l’humanité. Son âme doit pleurer de sanglots de sang. Il ne mérite pas cela.

C’est que le pauvre Coubertin a fait une erreur, une seule dont je le crédite, bien malgré lui car il était aveuglé par son enthousiasme, si fréquent dans ce 19è siècle qui voulut revisiter l’histoire antique. Il a ressuscité  les Jeux Olympiques, en souvenir des glorieuses joutes de la Grèce antique, mais il a fait la confusion que l’humanité entière répète depuis des siècles, avant et après lui.

Les Jeux Olympique de cette époque n’étaient absolument pas l’image que nos fantasmes, surtout  amplifiés au 19è siècle, se faisaient d’une nation pacifiée avec de merveilleux symboles de paix, de sport et de fraternité.

La civilisation grecque antique a, certes, contribué à une avancée gigantesque pour approcher la lumière de la philosophie. Mais on se trompe de lecture car les cités grecques étaient entièrement tournées vers le culte de la guerre, des conquêtes et baignées d’un racisme dont on ne peut imaginer aujourd’hui l’ampleur. Et ne parlons pas des femmes, sous-citoyennes dont l’existence n’était que marginale.

Près de 70% des Coréens du Sud refusent la réunification dans ces conditions et, surtout, pour un coût financier gigantesque, à leur dépend. Ils ne veulent reculer ni dans la liberté, ni dans la prospérité.

Oui, les peuples sous l’emprise d’un délire et d’une débilité profonde sont, au vingt-et-unième siècle, responsables de leur situation. C’est aux Coréens du Nord de sortir de leur hibernation et de leur enfermement dans une société épouvantable dont ils participent à la consolidation.

Les lecteurs qui commencent à connaître l’auteur savent que la chute de cet article est inévitablement portée vers un autre pays pour lequel le propos est destiné indirectement. Personne ne viendra à son secours s’il ne se réveille pas de cette hibernation et idolâtrie qui l’ont mené vers une société moyenâgeuse, entièrement liberticide et dépouillée de ses biens par ceux qui les ont hypnotisés.

Les médailles, les drapeaux et hymnes ne sont, jusqu’à présent, que l’excuse qui les a mis dans cette situation. Que la Corée du Nord, et les régimes qui s’en rapprochent, renverse son despote, que son peuple prenne conscience de son drame et, alors, je verserai une larme au son de l’hymne national et des retrouvailles fraternelles.

Auteur
Sid Lakhdar Boumediene, enseignant

 




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