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Pourquoi le contrat de processing Sonatrach-Vitol est une arnaque

Grand Angle

Pourquoi le contrat de processing Sonatrach-Vitol est une arnaque

La Sonatrach tente, en vain d’ailleurs, de donner au projet de contrat de raffinage d’une partie du brut algérien en Italie avec le trader suisse Vitol, une portée stratégique. C’est une bonne affaire lit-on dans la presse qui fera une économie de 600 millions de dollars sur la facture globale d’importation des carburant complémentaire et nécessaire à la consommation en Algérie estimée à plus de 2 milliards de dollars. L’offensive médiatique « Gage donc que cette solution ne soit pas compromise par des considérations politiques internes et des manœuvres de déstabilisation. » Il faut admettre pourtant qu’au moins trois bonnes raisons montrent que cette opération montée dans la précipitation pourrait être une arnaque en perspective.

Sa rentabilité est fondée sur de fausses données

La Sonatrach pour comparer le traitement du pétrole dans les deux régions, avance un coût de raffinage de 15 dollars la tonne contre 6 dollars seulement pour son partenaire Suisse. Serait-il concevable d’admettre que Sonatrach qui dispose d’une matière première à la portée de la main, d’un équipement (battery limit investment, utilities etc.) complètements amorti, de l’eau, de l’électricité pour le refroidissement et la vapeur subventionnées par le trésor public est comparable en Italie où il faut acheter le brut entre 540 à 500 dollars la tonne, supporter les frais de son stockage, acheter l’eau l’électricité à son prix réel. Le coût moyen de raffinage dans toutes les régions du monde se situe dans la fourchette de 5 à 10 dollars la tonne. Comment se fait-il que le nôtre atteigne un tel niveau de 15 dollars, Il vrai que nos raffineries supportent des frais d’entretien et d’chat d’additifs comme les catalyseurs au prix international mais c’est le même cas partout dans le monde. La seule différence est le coût de main d’œuvre qui dépasse celui des raffineries européennes par le nombre dit en Algérie « sureffectif » mais vite compensé par le niveau des salaires qui n’est pas le même. Le salaire moyen en Europe comprenant main d’œuvre opérationnelle et de supervision est de 2500 euros/mois, En Algérie, il n’est que de 55000 dinars donc à peine 400 euros puisqu’on s’obstine de comparer les coûts en dollars.

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Les quantités raffinées ne représentent qu’un pipi de chat

Si l’on se réfère aux chiffres avancés par l’Autorité de Régulation des Hydrocarbures ARH dans bilan 2016 et la déclaration du ministre de l’Energie qui situe la croissance de la consommation de carburant de 2017 à près 7%, on obtient l’évolution contenue dans le tableau ci-après : Unité : millions de tonnes.

La consommation tout type de carburant confondu s’approche donc des 16 millions de tonnes et ce n’est pas les augmentations contenues dans les dispositions de la loi de finance 2018 qui vont l’arrêter puisque près de 70% du déficit concerne les gas-oïl destinés en majorité aux industriels et transporteurs qui vont les répercuter sur les citoyens. Or, si l’on en croit les déclarations des uns et des autres, le déficit se situe autour de 3 millions de tonnes qu’on importe pour une facture de 1 million de dollars pour madame Mme Fatma Zohra Cherfi et de 2 milliards pour le PDG de Sonatrach à moins d’une erreur de transcription de la presse. On a donc 120000 tonnes par mois soit 1 444 000 tonnes par année de brut envoyé en Italie pour donner au plus 576 000 tonnes de carburants. Cette quantité comparée au 3 000 000 de tonne représenterait à peine 20%.

3- La société Vitol traine des casseroles

Vitol est une société de trading et de négoce pétrolier, basée à Genève dont elle a menacé de la quitter à plusieurs reprises. Il suffit uniquement de «googler » son nom sur internet pour découvrir que son patron du nom Ian Taylor, un businessman britannique avait raconté et quand ? en 2016 au journal « le temps », il s’exprimait d’ailleurs dans le cadre du « FT Commodities global summit », sommet des acteurs du secteur des matières premières qui se tenait à Lausanne que sa société a aidé les rebelles libyens en 2011, alors que la guerre civile entre insurgés et loyalistes du régime de Mouammar Kadhafi faisait encore rage.

S’il a attendu tout ce temps pour dévoiler l’implication politique de sa société en Libye, on peut supposer qu’il aurait pu le faire avec les insurgés dans ce pays de tout bord ou même Daech. Vitol est une société indépendante, dont les salariés font partie des actionnaires, un modèle qui favorise la loyauté et les relations à long terme avec les clients. Poursuivie dans l’affaire Pétrole contre nourriture, la société Vitol a été condamnée en 2007 aux États-Unis à payer 17,5 millions de dollars. Plaidant coupable, Vitol s’est alors engagée à verser 13 millions de dollars à un fonds de développement onusien pour l’Irak.

Dans la même affaire, Vitol est condamnée en appel en février 2016, à Paris, à une amende de 300 000 euros. Enfin, en septembre 2016 une enquête de l’ONG « Public eye » révèle que Vitol profite des normes en vigueur dans certains pays d’Afrique pour y écouler depuis 30 ans du carburant toxique, à haute teneur en soufre notamment « les carburants écoulés en Afrique ont une teneur en soufre entre 200 et 1 000 fois plus élevée qu’en Europe, mettant gravement en péril la santé de populations exposées aux particules fines et à d’autres substances chimiques cancérigènes. » Ce carburant toxique provient de l’ajout au carburant, par l’entreprise, de substances toxiques très bon marché, ce qui lui permet d’augmenter ses gains. Ces mélanges ont lieu à Rotterdam, Anvers ou Amsterdam, voire en mer à proximité des ports africains

R. R.

Auteur
Rabah, Consultant, Economiste Pétrolier

 




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