Mardi 23 janvier 2018
Procès des Ahmadis: l’Algérie sortira-t-elle un jour de l’emprise autoritaire ?
L’organisation internationale Human Rights Watch s’inquiète de la recrudescence des procès staliniens qui se déroulent, de nouveau, à l’encontre de la minorité des Ahmadis. Un athée s’étonne toujours des croyances mystiques et les trouvent dangereuses lorsqu’elles dévient, ce qu’elles font la plupart du temps. Mais un humaniste s’interdit de participer à l’acharnement contre une croyance religieuse, quelle qu’elle soit.
Nous avions dans ces mêmes colonnes dénoncé la scandaleuse chasse à la communauté Ahmadi qui s’est organisée en Algérie comme école de pensée religieuse. C’est pourtant un droit de libre choix confessionnel que nul ne peut interdire ni aucune police de la pensée s’ériger en arbitre moral.
Il en coûte beaucoup à un athée républicain de l’exprimer en ces termes car il a toujours combattu la crétinerie des religions et leur dangerosité pour l’évolution de la pensée intellectuelle et la formation d’un esprit critique libre. Mais c’est là tout le paradoxe des démocrates, ils peuvent critiquer une croyance qu’ils trouvent rétrograde dans son contenu mais ils ne peuvent, au nom de leurs principes absolus, l’interdire et encore moins poursuivre et torturer ceux qui en sont adeptes.
Pas la peine de rappeler la célèbre phrase de Voltaire que n’importe quel collégien pourrait inscrire dans sa copie, il est tout à fait évident que l’humaniste et le démocrate, qui ne font en principe qu’un seul, doivent combattre toute tentation de censure envers ce qui les rebute pourtant.
L’affaire judiciaire des Ahmadis nous prouve encore une fois que la dérive islamiste est l’enfant naturel du régime militaire algérien. Il est outrageant de penser qu’il y a encore des juges algériens qui sont prêts à une abjection des plus immondes, le contraire absolu de ce qui fut en principe leur formation universitaire, soit les procès de la pensée.
Si les autorités algériennes estiment que ces Ahmadis sont une menace pour l’intégrité et l’ordre public algérien, qu’ils nous présentent de véritables preuves qui étayent l’accusation pénale. Croire et faire l’apologie d’une croyance n’est pas une infraction pénale, c’est pourtant le b et a ba du droit que nos juges algériens ne semblent pas avoir maîtrisé.
Et si une croyance est dangereuse en elle-même, alors il faudrait mettre hors d’état de nuire des millions d’algériens et, surtout, une classe politique qui a fait de la croyance religieuse le fondement constitutionnel de l’État. Les athées, profondément démocrates, n’en seront pas plus convaincus que l’on mette des citoyens en prison pour une croyance mais au moins considéreront qu’il n’y a pas une différence de traitement entre les uns et les autres.
L’Algérie sortira-t-elle un jour de ce gouffre des ténèbres que constitue la religion d’État ? Un moyen qu’ont trouvé les militaires et hommes politiques pour abrutir et dominer leurs concitoyens. Des fortunes à milliards se sont constituées sur le dos de personnes crédules, faibles d’esprit, qui se sont engagées dans des croyances mystiques les plus folles et dangereuses. Tout cela, au grand bénéfice de ceux qui ont gavés leurs familles de fortunes illégitimes et monstrueusement débordantes.
En attendant, les humanistes et démocrates ne doivent jamais entrer dans ce jeu mortifère des uns et liberticide des autres en s’imposant de toujours protéger la liberté de confession dès lors qu’elle n’est qu’au stade de croyance.
Elles sont dangereuses pour l’esprit mais on ne doit jamais interférer par la force brutale sinon par l’éducation. Cette dernière est défaillante en Algérie, raison pour laquelle nous devons, encore et encore, dénoncer la racine du mal.
Et cette racine du mal est l’éducation religieuse d’État, sponsorisée par un régime politique immonde qu’il faut combattre sans aucune concession.