Mercredi 10 janvier 2018
Les islamistes mènent une guerre totale contre les signes de la tradition amazighe
De pseudo-prêcheurs islamistes sur la place publique à Bejaia.
Le salafisme s’attaque depuis plusieurs décennies à tout ce qui est spécifiquement Nord-Africain et amazigh. Tout y passe.
– Pratiques traditionnelles de guérison, d’initiation et d’identification :
Tatouages, talismans, confréries a transe, voyance (timsensit), rituels de deuil et d’enterrement, mariage, habillement, pratiques sexuelles, érotologie…
– Symboliques et pratiques modernes :
Graphie tifinagh, Z ou aza de reconnaissance, la salutation Azul, la célébration pan-amazigh de Yennayer, l’officialisation de tamazight..
Au siècle précédent, le réformisme musulman (Islah) avec Ibn Badis s’est déjà attaqué en Algérie à la première série des pratiques traditionnelles et aux premières revendications berbères des années 40/50.
Le courant arabiste-baathiste ne s’est pas occupé des pratiques traditionnelles berbères, il ne s’est opposé qu’au courant moderne amazighiste. Il a laïcisé la culture et la langue arabe. Le salafisme procède à sa re-sacralisation ici-bas, post-mortem et après le déluge.
Aujourd’hui, le salafisme mène une guerre totale contre les signes de la tradition et ceux de la modernité amazighe. Il cumule les trois combats réformistes, arabistes et wahhabistes. Il procède de deux façons, attaque frontale ou indirecte ; cette dernière a un nom un peu bizarre, elle se dit pénétration par Enculturation ! C’est une technique qui consiste à préserver en surface la tradition tout en la dénaturant, en lui changeant de sens. Elle a été utilisée par l’Eglise catholique pour christianiser les peuples païens. On voit, en Kabylie, l’exemple de la robe kabyle avec le hijab.
Des franges entières de Kabyles commencent à se dissoudre dans le salafisme. Les signes annonciateurs sur fcb en sont les commentaires qui affirment : chacun est libre. Sous prétexte de démocratie, on exprime sa tolérance à l’introduction des pratiques salafistes anti-amazigh.
La réaction immunitaire contre le salafisme est très faible et les Kabyles conscients de ce danger se contentent de constats affligeants, de condamnations verbales, de lamentation ou se confinent uniquement dans le combat pour la souveraineté en sous-estimant le processus de salafisation galopante.
Ce combat exige une réflexion approfondie et une étude minutieuse des techniques de l’ennemie.
Ce dernier profite par exemple des failles des valeurs kabyles (honneur, pudeur, classes d’âge..) face à la modernité. Il propose et impose des fausses pratiques de protection de soi, une sauvegarde des liens familiaux et des rapports entre les générations et les sexes… Il demeure un recours facile face à toute crise existentielle qui peut affecter un individu au cours d’une vie exposée à des événements traumatiques.
H. S.