Vendredi 1 décembre 2017
Recherche sur un militant du FLN à Paris et Nanterre 1956-1961
Quelqu’un peut-il mettre un nom sur ce portrait d’un militant de la Fédération de France du FLN ?
Cette recherche personnelle est un peu longue à expliquer et peut paraître aléatoire. Je n’ai su le nom mon père qu’il y a quelques années : Mohand Resal. L’orthographe peut-être mal comprise par des Français pourrait être Ghezal. Ce militant habitait à Nanterre en 1956, quand il rencontra ma mère dans sa famille à elle, en tant que relation (de travail, de militantisme syndical ?) de son père. Celui-ci était porteur SNCF à Paris, communiste. Résistant puis déporté durant la Seconde Guerre mondiale, il avait une expérience de la clandestinité – celle-ci peut contribuer à expliquer qu’il ait ensuite aidé un immigré algérien engagé qui n’était pas de sa génération, solidarité qui était rare à l’époque. Mon père militait en 1956 au FLN, parti encore minoritaire alors parmi les Algériens. Il recueillait les cotisations, ce qui en fait un militant intégré, et non seulement un adhérent ou un sympathisant. Mon père ne m’a pas reconnu.
Ma mère s’est mariée cinq ans plus tard (après quatre années de sanatorium pour tuberculose). Dans cette famille recomposée où je vécus de cinq à quinze ans, ce fut le silence total, hostile même, sur mon histoire. Dans les quelques papiers de ma mère trouvés après son décès, figure l’adresse qu’elle déclarait en 1957 : 105, rue des Fontenelles à Nanterre. Je ne pense pas qu’elle y ait vraiment habité. Peut- être espérait-elle se rattacher à ce qui serait l’adresse de mon père, ou du moins une adresse de contact. Ni le nom de ma mère ni celui d’aucun Algérien ne figure dans la liste des habitants officiels (assiette fiscale) de cet immeuble. Figure un Français syndicaliste à l’usine Simca de Nanterre, qui se présentera bien plus tard sur une liste électorale d’extrême gauche. Cet immeuble pourrait avoir été squatterisé une fois abandonné par la majorité de ses propriétaires français… Il y a enfin un fait étrange. Me renseignant plus largement que je n’avais fait sur cette époque, j’ai regardé le film « Octobre à Paris » de Jacques Panijel. Et dans la scène reconstituant une réunion préparatoire de militants du FLN à la manifestation du 17 octobre 1961, un intervenant me frappe, ainsi que tout mon entourage, par son extrême ressemblance avec moi-même jeune et avec mes fils, traits, attitudes. Ma mère qui ne m’en parla qu’une seule fois, vers mes quinze ans, m’avait dit que je lui ressemblais. Or ce film a été tourné en partie à Nanterre, et cette scène dès fin octobre. Ce qui impliquerait (sauf si l’identification est fantasmatique, mais elle semble encore plus sûre à des personnes de mon entourage qu’à moi-même) que mon père vivait encore, et dans ce secteur, à cette époque.
C’est le même milieu qu’à mes origines (militants français « dissidents » de la minorité soutenant les indépendantistes et, parmi ceux-ci, des Algériens ayant des liens avec ce cercle français, peut- être via l’Agta). Cet homme intervient plutôt comme interprète pour la compréhension du film en France, puisque les autres militants s’y expriment presque toujours en arabe (ou en berbère?). D’où le signe en outre que mon père, qui savait écrire, s’exprimait bien en français. Je rechercherais donc témoignages, documents de cette époque, de ces conditions particulières. Je remercie toute personne qui pourrait me communiquer des souvenirs, m’indiquer des pistes.
J.-L. M. P.
PS : Je porte le patronyme de mon beau-père français, et en second prénom, que ma mère m’a donné à ma naissance, le prénom de mon père. pauljeanlouis@orange.fr