Mardi 25 mai 2021
Kamel Daoud rêve tout faux !
Kamel Daoud a toujours eu un gros problème de lecture politique du pays. Après avoir décrété la mort du Hirak en 2019 il revient, lors d’une rencontre littéraire organisée en Kabylie, demander au peuple d’aller voter pour, dit-il, barrer la route aux islamistes.
Il dit aussi que même dans un pays démocratique comme les USA, l’abstention a fait élire Trump. Le problème est que l’Algérie est loin d’être un pays démocratique.
Le pauvre Daoud semble oublier que depuis l’ouverture du champ politique en Algérie, les Algériens ont essayé toutes les formules possibles et imaginables; ils ont voté, boycotté, voycotté, boyvoté, se sont abstenus, ont voté blanc, rouge, vert, noir, et miracle de la technologie avancée de la machine électorale algérienne, ils ont vu de toutes les couleurs sauf celle qu’ils avaient décidées.
Le maître du jeu décide de la couleur de la couleuvre qu’il nous fera avaler. Systématiquement et inéluctablement.
Aller voter n’empêchera pas le système de perpétrer la tradition du détournement des voix. Le pouvoir négocie des quotas et ne tient jamais parole. Il promet aux islamistes la majorité, aux démocrates de mettre les bâtons dans les rouages islamistes et aux opportunistes des opportunités. Et au final, c’est Bouteflika qui gagne ou son remplaçant. Ou son ramasseur de balles. Ou son ex-premier ministre.
Ainsi, le participant qui a négocié avec le pouvoir se retrouve prisonnier d’un résultat qu’il ne peut rejeter à posteriori. S’il dénonce il sera dénoncé, puis jeté en pâture, preuves à l’appui, à des citoyens carnivores qui aiment la chair des collabos du système.
Et c’est l’arrêt de mort assuré pour toute entité ayant été mordue par le vampire du système. Elle ne pourra plus vivre que sous son ombre. Demandez cela au RCD, au FFS, au PT, au Hamas (MSP). On en a fait, bon gré mal gré, des démons exsangues du système. On ne peut pactiser avec le diable sans lui vendre son âme.
Lors de cette rencontre littéraire en Kabylie, Kamel Daoud revendiquait son droit au rêve et à la fiction. Il a probablement raison de le revendiquer, mais à trop rêver on s’éloigne souvent de la réalité !