Samedi 28 novembre 2020
La crise de tout un système
En Algérie, il n’y a pas de crise de mouvement citoyen (ce que l’on nomme « communément » le Hirak), mais une crise de tout un système qui n’arrive pas accepter son échec à gérer la société.
Un échec patent dans tous les domaines de la vie, poussant des milliers de jeunes à fuir le pays par des barques de fortune, au péril de leur vie. Ces symptômes maladifs sont internes, profonds, nocifs, mal diagnostiqués ni auscultés. Et cet échec s’est répercuté sur toute la société qui peine à respirer, à survivre, à rêver au moins d’un lendemain meilleur.
Notre projet d’avenir, ce n’est pas un visa à l’étranger, dit un jeune de la banlieue algéroise, mais un visa vers l’avenir, un visa vers la démocratie, un visa vers un Etat de droit social, égalitaire, jeune, pluriel, où il n’y aura aucun corrompu, où le mot dignité sera un credo consensuel, où l’on ne jettera jamais une femme ou un homme en prison parce qu’ils ont exprimé leur opinion, où nos jeunes seront fiers de leur pays et prêts à tout pour se sacrifier pour lui, où il y aura des écoles, des hôpitaux, des routes, aux normes, où il y aura un minimum de respect pour les gouvernés, etc.
La faute est à qui dans ce qui nous arrive aujourd’hui ? Bien entendu, à cette élite nombriliste qui voit dans chaque voix discordante, une menace à la stabilité et à l’unité nationale.
Or, pour renforcer la cohésion d’un pays, il n’y a rien de mieux que le dialogue comme voie de sortie. Et qui dit dialogue, dit systématiquement « légitimité ». C’est quoi la légitimité ? C’est simple : être accepté par son peuple. Cela est d’autant plus important que, si l’on n’est pas légitime, les choses se compliquent et l’on serait incapable d’entreprendre la moindre réforme possible.
Comment convaincre les partenaires économiques (nationaux ou étrangers), qu’on devrait modifier le code de l’investissement par exemple, si l’on est illégitime ? Comment aller à des élections législatives, censées redonner le souffle à un Etat presque en effondrement économique, si la tête de la pyramide est elle même mal élue, sinon rejetée carrément par la rue algérienne ?
Comment peut-on réhabiliter la confiance (Etat-Société), si les mécanismes régissant le renouvellement des élites tels la cooptation, le favoritisme et les tours de passe-passe, sont toujours en vigueur ? Comment peut-on aller de l’avant si le bateau en naufrage, attend toujours les secouristes qui semblent avoir la tête ailleurs ? De tels questionnements se posent aujourd’hui avec acuité dans la rue, en Algérie.
Mes compatriotes ont acquis, après des décennies de manipulation et de torpillage idéologico-religieux, la conscience que rien ne s’acquiert sans la lutte pour les libertés, la démocratie, un New Deal social, qui leur ouvrent le chemin vers un progrès global.