20 mai 2024
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France : cadre national et laïcité

REGARD

France : cadre national et laïcité

«De quelque manière qu’une nation veuille, il suffit qu’elle le veuille : toutes ses formes sont bonnes et sa volonté est la loi suprême.» Emmanuel-Joseph Sieyès

La laïcité se voit et se veut, évidemment, comme un traitement universel puisqu’elle s’assure que chaque femme et chaque homme, quelles que soient leur origine et leurs convictions, sont vus comme des citoyens à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Néanmoins, cette détermination qui constitue la laïcité ne se dégage pas d’une façon théorique. Elle n’est pas le résultat d’une persévérance de l’espèce humaine mais celui de l’exigence particulière d’un groupe de personnes, d’un peuple, d’une nation, que des dispositions originales, une histoire commune, ont prédisposé à vouloir vivre ensemble dans la neutralité de leur conscience.

C’est dans la délimitation de leur territoire que ce peuple s’est reconnu comme un ensemble de citoyens libres d’un Etat donné. Historiquement, la mise en place de la laïcité est liée au combat d’un député suivi par quelques représentants qui ont reçu la ferveur et l’enthousiasme de tout un peuple. Bien qu’elle soit partie des analyses philosophiques, la laïcité n’est pas une structure théorique.

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Cette revendication d’égalité et de liberté ne pouvait apparaitre que dans un canevas bien déterminé, celui de la puissance nationale. C’est dans cette ossature que le peuple existe, comme substance et comme résolution. On ne peut pas mettre de côté le fait que la grande exaltation de l’émancipation égalitaire fusionne avec l’ardeur patriotique lorsqu’à travers ses mandataires, le peuple fonda définitivement la « République indivisible, laïque, démocratique et sociale (qui) assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion (et qui) respecte toutes les croyances. »

Pour implanter une nouvelle conception de la citoyenneté lorsqu’on libère tout le dynamisme de la liberté, il faut une contrainte et un formalisme régulateur. Il faut obligatoirement que la fermeté trouve un adossement légal. C’est, évidemment, le rôle de la souveraineté nationale.

Dès 1881, on a senti s’ébaucher les ferments de la laïcité qui trouvera son apogée en 1905. Et la seule question qui vaille est celle-ci : la laïcité aurait-elle jamais pu exister si elle n’avait pas été édifiée sur la charpente nationale, soumise à l’omnipotence de la loi nationale.

Parce qu’elle pose chez chacun de nous le postulat de la loi comme pierre angulaire, la laïcité a d’autant plus besoin d’une volonté qui rassemble. Parce qu’elle prend la source dans les plus grands combats pour la dignité de l’être humain, elle doit être servie et consolidée par un engagement populaire.

La laïcité s’est sustentée par une quintessence et un substrat humanistes. Sinon les discordes qu’elle a effacées auraient tourné aux lacérations de notre société : le plus grand nombre aurait écrasé la minorité comme en Egypte et d’autres pays de la région où les chrétiens sont considérés comme citoyens secondaires — ou alors la minorité aurait tenté d’imposer ses normes à l’ensemble des composantes du pays par le truchement de la victimisation à outrance comme en Belgique qui est l’exemple le plus frappant du renoncement.

Pour qu’il y ait une égalité entre les croyances et l’absence de croyances, il faut qu’il y ait un tout qui chapeaute l’ensemble.

En France, ce tout est la nation souveraine. Et c’est la République qui a offert vaillamment à la laïcité sa force vivante. Faute de quoi, l’affrontement aurait tourné au laminage du plus faible, au despotisme du plus fort. 
 

Auteur
Kamel Bencheikh, écrivain

 




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