Jeudi 2 août 2018
Algérie : entre mal-vie et Zodiac…
Un pays sans élite est un pays sans tête, sans cerveau, sans boussole. Comment aspirer au développement quand il n’y a, en face, aucun projet de société qui s’appuie sur le savoir et la connaissance ?
Comment peut-on prétendre redonner aujourd’hui à l’Algérie force et éclat, quand on sait l’ampleur du drame de la fuite des cerveaux ? Comment espère-t-on y mener le changement à bout quand nos meilleurs enfants nous quittent ? Impossible ! Selon une enquête menée conjointement en 2015 par l’Organisation internationale du travail (OIT), le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement et le Laboratoire de changement social de l’université d’Alger 2, sur 54% des migrants africains en Europe, 86.4% sont des Algériens !
De même, souligne-t-on dans la même étude, que les Algériens qualifiés représentent 26% en moyenne des Algériens installés dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), soit plus de 267.000 personnes dont 1.2% ont un PHD (le plus haut grade d’études universitaires).
Parmi ces derniers, 24.8% de femmes et 27% des hommes ont un niveau d’études supérieures. Ces statistiques montrent on ne peut plus la grande hémorragie dont souffre la société algérienne. Celle-ci voit, désarmée, sa crème la déserter pour d’autres cieux plus prometteurs sans qu’aucune stratégie sérieuse pour attirer notre diaspora qualifiée ne soit mise en œuvre, jusqu’à présent, par les autorités.
La faute est à qui ? Une fois encore à cette culture de la rente ayant engourdi les esprits, faisant du savoir la cinquième roue de la charrette d’un système gérontocratique poussif, plus soucieux de sa longévité que des services qu’il doit rendre à la communauté.
S’absolvant constamment de toute responsabilité de cette déconfiture, nos rentiers compliquent encore davantage la situation, au point de contraindre des milliers de diplômés à prendre la route de l’exil sur des Zodiacs. Une honte nationale qui se banalise au su et au vu de tout le monde sur les manchettes des journaux ! Entre drames récurrents en Méditerranée et arrestations de harraga en Europe, la coupe est pleine.
Où est l’issue ? Que faire pour rendre espoir à une jeunesse en pleine perdition ? Puis, et c’est là que le bât blesse, comment expliquer qu’une telle situation ait pu arriver un jour dans un pays comme le nôtre qui a toutes les potentialités pour devenir une puissance émergente ?