Vendredi 15 juin 2018
Le monde vit, nous sommes presque morts !
Allez comprendre pourquoi le but de l’Uruguayen Gimenez, planté sur corner, à la 90ème minute de la rencontre qui opposait, dans le groupe A, la céleste à l’Egypte ne m’a pas fait grimper aux rideaux !
Il y a huit ans, pourtant, notre cher peuple, premier de la classe en panarabisme, m’avait bien mis en tête que les héritiers des pharaons avaient trahi le serment du sang en lapidant nos Verts partis au Caire à la conquête du sésame pour le mondial sud-africain. A l’époque, les appels au meurtre fusaient de tous les côtés et de toutes les strates de la société.
Seule la distance et un pays retors, la Libye, nous ont évité une guerre frontale. Nous en avons tout de même donné un aperçu de ce qu’elle aurait pu donner à Khartoum que nos Chenouas et baltaguias ont littéralement occupée le temps d’une partie de football. Dieu merci victorieuse.
Ce Dieu qu’on cuisine à toutes les sauces, notamment les plus frelatées, dans nos contrées, doit bien se gausser de nos fiertés galvaudées.
Un journal en ligne, pourtant bien confortés par les prédictions des chioukhs autoproclamés astronomes et maîtres de la nuit du doute, nous annonce la fin du ramadhan pour ce jour, vendredi. Il prend bien soin , cependant, de faire dans l’emphase en ajoutant dans son titre « in challah ». Commandez un café à Alger, on vous répliquera la même chose: « si Dieu le veut ».
Plus grave encore, si vous êtes candidat au bac ou tout autre examen, vous n’avez pas intérêt à rendre une copie sans invoquer en entête la profession de foi musulmane et donc le nom de Dieu et celui du prophète.
Tous ces artifices ne servant qu’à masquer les inepties et l’extrême pauvreté du discours ambiant dans les pays arabes ne changeront en rien les résultats attendus de l’Arabie Saoudite qui vient de se prendre le deuxième plus gros carton de l’histoire d’un match d’ouverture de coupe du monde. Ils ne feront pas plus de miracles avec le Maroc, la Tunisie, l’Iran, le Sénégal, le Nigéria et j’en passe…
Russie 2018 nous offrira, sans aucun doute, quelques magnifiques surprises voire quelques raisons d’espérer, mais retirerons d’ores et déjà notre doigt de l’œil, la victoire finale ne reviendra pas aux pays dirigés par des flibustiers et de faux dévots.
La coupe du monde reviendra encore, et pendant longtemps, aux pays organisés, structurés, qui respectent les valeurs humaines et les libertés démocratiques. Les pays qui se préoccupent de leurs enfants et qui les forment, qui traquent la rapine et ne se vautrent pas dans l’économie informelle et le vol institutionnalisé.
Bien sûr , le football est sale . Bien sûr, il est inadmissible inconcevable, au moment où des dizaines de milliers d’enfants d’Afrique ou d’Asie se font bouffer par les poissons de méditerranée, un certain nombre de joueurs qui seront déifiés à Moscou gagnent plus de 100 000 euros par jour. ça S’appelle l’économie de marché. Il y a bien longtemps que l’Algérie essaie d’y entrer.
Elle y arrive par la mauvaise porte. Celle du bazar et du trabendo. Le football se joue avec les pieds, pas avec des matraques ou des calculettes…
Non , je n’ai pas grimpé aux rideaux après la défaite de l’Egypte dans ce premier match, je ne le ferai pas plus à la fin de la rencontre que livre le Maroc à l’Iran, au moment même où j’écris. Je laisse les bisbilles politiques avec lesquelles on a coutume de nous manipuler à nos gouvernants. Moi, je fais partie des gens d’en bas comme disait ce cher Raffarin. Je suis un émotif, une petite victoire d’un petit comme moi suffirait pour me mettre en transe.
La preuve qu’on nous embobine perpétuellement avec les balivernes nationalistes qu’on nous assène depuis des décennies. C’est que dés que le Maroc a été disqualifié de l’organisation du mondial 2026 par ses « frères » et ses alliés, l’Algérie, son meilleur ennemi, lui a proposé par la bouche du président de la FAF, M. Zetchi, de relancer une candidature conjointe pour l’édition de 2030 !
N’étions nous pas au bord d’une guerre fratricide?
Ce sketch m’inspire d’ailleurs quelques rêveries: Dans quel état sera l’Algérie qui prétend pouvoir accueillir en 2030? Pourrions-nous fermer les yeux sur les milliers de jambes et de seins en l’air qui envahiront nos rues ? Aurons-nous assez d’hectolitres de bière à servir aux hooligans de la planète entière? Tolérera-t-on que les volutes de cannabis envahissent nos tristes chaumières ?
Et il y aura de la samba, de la salsa, du flamenco, un peu de rock…
Avant de se porter candidate, l’Algérie doit y réfléchir à deux fois. Le monde ne nous ressemble pas. Nous ne ressemblons à aucun pays du monde. Les habitants de la planète vivent. Nous, nous sommes presque morts !