Jeudi 28 octobre 2021
Soudan : l’armée réprime le peuple dans le sang
Le Soudan replonge dans la dictature militaire. Les affrontements entre manifestants et forces de sécurité ont fait un nouveau mort jeudi à Khartoum, au quatrième jour d’un coup d’Etat militaire refusé par la rue et par la communauté internationale qui veulent le retour des civils au pouvoir au Soudan.
Lundi, le général Abdel Fattah al-Burhane, désormais seul aux commandes de ce pays pauvre d’Afrique de l’Est plongé dans le marasme politique et miné par les conflits, a dissous le gouvernement censé assurer la transition vers la démocratie et arrêté ministres et hauts responsables civils.
Après des jours de tractation, notamment du fait de la réticence russe à condamner le putsch, le Conseil de sécurité de l’ONU a réclamé jeudi « le rétablissement d’un gouvernement de transition dirigé par des civils » dans un pays sorti il y a deux ans de 30 années de dictature.
Entre manifestants décidés à rester dans la rue jusqu’au retour d’un cabinet civil et forces de sécurité armées de fusils, de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc, au moins huit manifestants ont été tués et 170 blessés depuis lundi, selon des médecins.
Jeudi en début de soirée, deux manifestants se trouvaient dans un état critique et « il pourrait y avoir d’autres morts mais il est difficile d’établir des contacts avec Khartoum-Nord pour avoir confirmation », ajoute le Comité des médecins, un syndicat prodémocratie.
Dans cette banlieue séparée de la capitale soudanaise par le Nil, les forces de sécurité tiraient, utilisaient des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes sur les manifestants, de même que dans le très turbulent quartier de Bourri, dans l’est de la capitale, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Dès l’annonce du coup d’Etat, les partisans d’un transfert du pouvoir aux civils se sont attelés à monter des barricades, entassant branchages, pneus brûlés et pierres en travers des avenues de Khartoum.