Lundi 25 octobre 2021
Putsch au Soudan : le général al-Burhan dissout les autorités de transition
Des hommes armés ont arrêté, tôt ce lundi 25 octobre au matin, plusieurs dirigeants soudanais, dont le Premier ministre, après des semaines de tensions entre les autorités militaires et civiles de transition.
• Le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan a annoncé la dissolution des autorités de transition et a décrété l’état d’urgence. Tôt ce matin, l’armée soudanaise avait arrêté plusieurs dirigeants civils de la transition dont le Premier ministre Abdallah Hamdok.
• Depuis l’aube, de nombreux manifestants sont dans les rues de Khartoum alors que les syndicats appellent à la désobéissance civile. L’armée a tiré « à balles réelles » sur des protestataires devant les quartiers généraux de l’armée en fin de matinée.
• L’Union africaine fait part de sa « profonde consternation », l’ONU condamne le coup d’État et l’Union européenne appelle à éviter « un bain de sang » : la situation au Soudan suscite de nombreuses réactions à l’international.
• Pour comprendre la raison d’une telle éruption ce soir à Khartoum, retrouvez notre analyse : Soudan: d’un équilibre politique précaire au coup d’État
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21h15 : L’émissaire de l’ONU au Soudan, l’Allemand Volker Perthes, a dit lors d’une conférence de presse en vidéo craindre que de nouvelles violences se produisent dans la nuit, témoignant de « barricades en feu » et de « coups de feu ». Il a appelé au « dialogue et au retour à l’ordre constitutionnel ». « Je demande la libération de ceux qui ont été illégalement arrêtés aujourd’hui », a-t-il ajouté.
20h30 : Washington suspend une aide financière et demande le rétablissement du gouvernement civil. Les États-Unis ont réclamé ce lundi soir le « rétablissement immédiat » du gouvernement civil renversé par les militaires au Soudan, et ont annoncé la suspension d’une aide financière. « Les responsables militaires doivent libérer immédiatement tous les acteurs politiques et garantir leur sécurité », a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, demandant aussi de ne pas « avoir recours à la violence contre des pacifiques ».
19h30 : Plus de 80 blessés et au moins cinq morts selon notre correspondant sur place, Elliot Brachet. La nuit est tombée à Khartoum où les rues sont actuellement plutôt calmes, alors que des tirs se faisaient encore entendre en fin d’après-midi.
18h30 : Lors de son intervention télévisée, la général Abdel Fattah al-Burhan a par ailleurs annoncé neuf mesures pour « corriger la trajectoire de la révolution ».
1- Décréter l’état d’urgence dans l’ensemble du pays.
2- S’engager à appliquer ce qui a été décidé dans la déclaration constitutionnelle pour la période de transition en 2019 et l’accord de paix du Soudan signé à Juba en octobre 2020.
3- Suspendre les articles n°11-12-15-16-24-71 et 72 de la déclaration constitutionnelle tout en s’engageant à respecter les accords internationaux signés par le gouvernement provisoire.
4- Dissoudre le Conseil souverain de transition et remercier ses membres.
5- Dissoudre le Conseil des ministres et tous les membres du gouvernement.
6- Démettre de leurs fonctions les gouverneurs des États.
7- Démettre de leurs fonctions, les ministres d’États et vice-ministres.
8- Les directeurs généraux dans les ministères et dans les États seront chargés de faire tourner la roue du travail.
9- Suspendre le travail du comité chargé du démantèlement de l’ancien régime.
17h45 : Trois personnes ont été tuées, et « plus de 80 autres blessées » par des tirs de l’armée dans la capitale, annonce un syndicat de médecins pro-démocratie.
15h42 : Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné lundi « le coup d’État militaire en cours » au Soudan et réclamé la libération « immédiate » du Premier ministre Abdallah Hamdok. « Il faut assurer le plein respect de la charte constitutionnelle pour protéger la transition politique obtenue de haute lutte », a-t-il affirmé sur Twitter.
13h44 : Parmi les slogans scandés par la foule, on peut entendre : « Les révolutionnaires libres continueront la lutte », « notre révolution est pacifique et le restera » ou encore « ce ne sont pas les balles qui tuent, mais le silence imposé au peuple ».
13h03 : Le président français Emmanuel Macron condamne et appelle « au respect de l’intégrité du Premier ministre ». « J’exprime notre soutien au gouvernement de transition soudanais et appelle à la libération immédiate et au respect de l’intégrité du Premier ministre et des dirigeants civils », a souligné le président français dans un tweet.
12h22 : La Commission européenne a appelé à la « libération rapide » des dirigeants civils du gouvernement du Soudan, dont le Premier ministre, arrêtés par les forces de sécurité, et réclamé un rétablissement « urgent » des communications dans le pays. « Nous appelons urgemment à ce que les moyens de communications ne soient pas entravés pour permettre de joindre ceux qui en ont besoin », a déclaré Nabila Massrali, une porte-parole de l’exécutif européen, ajoutant que « toute violence et bain de sang devaient être évités à tout prix ».
12h14 : Le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan, qui dirigeait le Conseil de transition, annonce la dissolution du Conseil de ce Conseil ainsi que du gouvernement. Il déclare aussi qu’un état d’urgence est décrété dans l’ensemble du pays. Il ajoute enfin qu’un « gouvernement de personnes compétentes » va être formé. En bref, les militaires reprennent le contrôle, résume notre correspondant à Khartoum, Elliot Brachet. Le général a réitéré son attachement à « la transition vers un État civil » et promis de créer les nombreuses institutions étatiques, comme la Cour suprême, qui auraient dû voir le jour il y a plusieurs mois, selon le calendrier de transition acté après le renversement de l’autocrate Omar el-Béchir en 2019.