Lundi 1 mars 2021
Affaire des « écoutes » : Nicolas Sarkozy condamné à 3 ans de prison dont un ferme
L’ancien président de la République, présent pour le verdict de son jugement au tribunal correctionnel de Paris, ce 1er mars 2021, a été reconnu coupable de corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite «des écoutes» avec son avocat historique Thierry Herzog.
L’existence d’un « pacte de corruption » a été reconnue par la présidente de la 32e chambre correctionnelle, Christine Mée, entre l’ex-président aujourd’hui âgé de 66 ans, Me Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy et l’ancien haut magistrat Gilbert Azibert. Tous deux ont également été condamnés à trois ans de prison dont un ferme. Thierry Herzog a déjà annoncé son intention de faire appel.
L’affaire date de 2014. Nicolas Sarkozy tente cette année-là d’obtenir, par l’entremise de Me Herzog, des informations secrètes auprès de Gilbert Azibert, alors haut magistrat, dans une procédure concernant la saisie de ses agendas en marge de l’affaire Bettencourt. Des informations qui devaient être délivrées par le magistrat en échange d’un coup de pouce pour un poste de prestige à Monaco.
Des «bavardages» pour la défense
En plaidant la cause de l’ancien chef d’État, ses avocats ont fait valoir que Nicolas Sarkozy n’avait pas eu gain de cause devant la Cour de cassation et que Gilbert Azibert n’avait jamais eu de poste à Monaco. Mais les juges ne sont pas allés dans ce sens et ont considéré qu’il n’était pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, ni que l’influence soit réelle, pour caractériser les délits de corruption et de trafic d’influence.
L’avocate de l’ancien président, Me Jacqueline Laffont, avait plaidé la relaxe. Le dossier était vide, selon elle, et ne reposait que sur des écoutes téléphoniques que l’accusation a surinterprétées. Des « bavardages » entre un ancien chef d’État, inquiet de son pourvoi en cassation, et son avocat et ami qui cherche à le rassurer. Voilà ce qu’ont expliqué Me Laffont et Nicolas Sarkozy lui-même qui avait clamé son innocence à la barre.
Le Parquet national financier (PNF) avait requis quatre ans de prison, dont deux fermes contre Nicolas Sarkozy et ses deux co-prévenus.
Deuxième président condamné sous la Ve République
Quelques minutes après le prononcé du verdict, l’ancien président de la République est parti sans un mot à la presse, très nombreuse – beaucoup de journalistes internationaux, évidemment, et beaucoup de français.
La présidente du tribunal a expliqué que ces délits de corruption et de trafic d’influence avaient porté atteinte à la confiance publique. Qu’un tel comportement – celui d’un ancien président, mais aussi d’un avocat – ne peut que nuire à la confiance que chaque citoyen porte en la justice.
La réponse pénale est donc ferme et Nicolas Sarkozy devient donc, avec ce verdict, le deuxième chef d’État condamné sous la Ve République, après Jacques Chirac en 2011, dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.