Dimanche 13 mai 2018
« L’appareil politico-administratif fait payer ses prises de position courageuses »
Nous publions le communiqué du Bureau Politique de Talaie El Hourriyet
« Le bureau politique de Talaie El Hourriyet a tenu sa réunion mensuelle ordinaire samedi 12 mai 2018, au siège central du Parti, sous la présidence de M. Ali Benflis, Président du Parti.
Avant l’entame des travaux, le Bureau politique a évoqué les massacres du 8 Mai 1945 et rendu hommage aux victimes de ce crime contre l’humanité perpétré par le colonialisme français.
Le Bureau politique a, par ailleurs, tenu à exprimer sa solidarité avec Ali Yahia Abdenour, un homme de conviction, militant de la cause nationale et défenseur inlassable et intransigeant des droits de l’homme, victime d’un déni de droit inqualifiable et à qui l’appareil politico-administratif fait payer ses prises de position courageuses.il a relevé que, de par les positions qu’il a occupées après l’indépendance ; Ali Yahia Abdenour aurait pu user de ces positions pour acquérir des biens immobiliers si ce n’étaient sa retenue et son intégrité de militant, et rien qu’à ce titre, mérite toute la considération.
Le Bureau Politique a procédé à l’évaluation de la situation politique, économique et sociale prévalant dans le pays.
Constatant un activisme débordant des supports du pouvoir politique et de ses clientèles dans les espaces et les médias publics, pour masquer le vide au sommet de l’Etat, le Bureau politique a exprimé son inquiétude de voir notre pays s’installer dans un culte de la personnalité d’un autre temps, préjudiciable à ce qui reste de crédibilité de l’Etat auprès du citoyen et à l’image de notre pays dans le concert des Nations.
De même, alors que notre pays traverse une crise globale d’une acuité sans précédant, le Bureau Politique a considéré comme indécent de voir le pouvoir s’affairer à travestir l’échec et la régression en succès dans un bilan comptable étriqué pour justifier « l’impératif de la continuité du régime » en prévision de la prochaine échéance électorale. Il s’interroge sur la crédibilité d’un bilan établi par ceux-là mêmes qui ont gaspillé les montants astronomiques de la rente pétrolière au lieu de bâtir une économie diversifiée et de libérer le pays de la dépendance des hydrocarbures. En guise de bilan, le Bureau politique a constaté que le pouvoir politique n’a jamais été aussi autocratique, le champ des droits et libertés aussi restreint, la gouvernance aussi déficiente, la dépendance économique aussi handicapante, la position extérieure de notre pays aussi fragile.
Evoquant la journée internationale de la presse, le Bureau politique a dénoncé les pressions que le pouvoir politique continue à exercer sur les titres ‘indépendants’ qui refusent d’adopter la ligne éditoriale officielle, notamment, par la menace d’asphyxie financière des organes de presse, par le biais d’une gestion politique clientéliste et rentière de la publicité. Le Bureau politique a dénoncé par la même occasion les menaces qui pèsent sur la presse électronique, les sites Internet et des blogs perçus comme une ‘’ nouvelle menace’’ dans le paysage médiatique. Le Bureau politique a rendu hommage aux journalistes qui continuent à exercer leur métier malgré toutes les contraintes et les pressions qu’ils subissent. Enfin, le Bureau politique a dénoncé, une fois de plus, l’ostracisme qui frappe l’opposition, interdite d’accès aux médias publics et réaffirme le droit de tous les acteurs politiques, économiques et sociaux à accéder à ces médias.
Après un échange de vues sur la situation économique, le Bureau politique a relevé, encore une fois, l’absence d’une démarche cohérente du gouvernement face à la crise. Alors que les indicateurs économiques continuent à se détériorer, le gouvernement s’accroche à la planche à billets avec le risque d’un dérapage incontrôlable de l’inflation et à l’éclaircie d’une réévaluation des cours du pétrole sujette à un retournement à tout moment.
Le Bureau politique a, par ailleurs, exprimé son inquiétude pour la détérioration continue du pouvoir d’achat du citoyen sous les effets conjugués de l’inflation, de la chute de la valeur de la monnaie nationale, et de la hausse inconsidérée des prix.
Le Bureau politique a, par ailleurs, constaté que le pouvoir politique est déterminé à restreindre le champ des droits et libertés en portant atteinte, cette fois-ci, au droit syndical consacré à l’article 70 de la Constitution, à travers une opération d’exclusion du champ de l’activité syndicale d’un grand nombre de syndicats autonomes, officiellement enregistrées, certains d’entre eux, activant sur le terrain depuis près de trois décennies, sous prétexte de non représentativité, dans leurs secteurs respectifs.
Le Bureau politique a dénoncé cette atteinte intolérable à l’activité syndicale qui constitue un coup porté aux travailleurs algériens et à leur liberté de s’organiser pour la défense de leurs intérêts socioprofessionnels notamment, dans un contexte de crise économique et sociale où le pouvoir politique fait supporter le coût des ajustements et le l’austérité aux groupes les plus vulnérables et aux travailleurs, en général.
Le Bureau politique a reconnu et apprécié la capacité dont ont fait montre les syndicats autonomes à encadrer les mouvements sociaux, en canalisant la colère légitime des travailleurs de certains secteurs névralgique, en organisant des actions de protestation et de revendication, dans le calme et la sérénité.
Le bureau politique a réaffirmé son soutien et sa solidarité avec les formations politiques, les associations et les syndicats en quête d’une reconnaissance officielle pour leur permettre de jouir de leurs droits constitutionnels d’exercer dans leurs champs d’activité réciproques.
Le Bureau politique a noté avec une grande inquiétude la détérioration du secteur de la santé du fait de l’absence d’une volonté politique responsable des autorités publiques de prendre en charge les revendications des médecins résidents.
Il considère scandaleux que le pouvoir politique soit apparemment prêt à sacrifier des promotions de médecins résidents, les poussant à la décision ultime de la démission collective et à aller servir sous d’autres cieux, pour satisfaire son intransigeance sur des questions qu’il considère comme non négociables, au détriment de la santé du citoyen.
Le Bureau politique a dénoncé, par ailleurs, les tentatives des pouvoir publics de retourner les familles des malades et le citoyen en général contre le mouvement des médecins résidents et le corps médical en général.
Enfin, il considère complètement inapproprié, le passage en force dont a usé le pouvoir politique pour l’adoption d’une loi sanitaire décriée aussi bien par les praticiens de la santé que par les partis de l’opposition ; une loi qui dénote un certain désengagement de l’Etat quant à la prise en charge adéquate des malades.
Enfin, le Bureau politique a entendu une communication du Secrétariat National sur la journée d’étude sur « le système éducatif national », organisée, au siège du parti, le 5 mai 2018, dans le cadre d’un cycle d’études sur les grandes problématiques nationales. Les participants à cette journée d’étude ont conclu sur l’urgente nécessité d’une profonde réforme du système éducatif national pour l’extraire du champ des luttes politiques, partisanes et idéologiques, moderniser l’Ecole, l’ouvrir à la science, aux technologies, au monde du travail, en faire le creuset de la tolérance et du savoir, pour forger le citoyen de demain.
Alger le 12 mai 2018