23 novembre 2024
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Ali Benflis : « Le pays n’est pas gouverné »

Dans une déclaration à l’occasion de la journée du chahid

Ali Benflis : « Le pays n’est pas gouverné »

Dans cette déclaration à l’occasion de la journée du chahid, le président de Talaie El Hourriyet  tire à boulets rouges sur le régime. Ali Benflis s’interroge : « 

Qu’avons-nous fait de l’héritage que les uns et les autres nous ont légué ? Avons-nous été à la hauteur de l’idéal de ceux qui se sont sacrifiés pour l’édification d’une République démocratique et sociale selon les principes de l’Islam ? Où en est le mouvement syndical  qui avait fait la fierté des travailleurs algériens durant la révolution ? “

Avons-nous exploité cette ressource que sont les hydrocarbures pour édifier une économie forte, diversifiée, compétitive, créatrice de richesse et d’emplois, ouverte sur le monde ? ». Puis de poursuivre sa diatribe.

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Extraits

En guise de réponse nous n’avons, malheureusement, que le constat d’un échec patent. Nous sommes encore loin de la République démocratique et sociale que la Révolution de Novembre s’est fixée comme objectif.

Le monopole syndical empêche les travailleurs de choisir librement leurs représentants légitimes pour défendre leurs droits. Les pouvoirs publics refusent de reconnaître les syndicats autonomes comme des partenaires sociaux  au mépris du principe du pluralisme syndical consacrés par la Constitution, quand bien même ces syndicats, dont la représentativité est indéniable, ont fait montre de responsabilité et de maturité  dans la défense des intérêts de leurs adhérents et de la disponibilité permanente au dialogue pour la solution des conflits sociaux.

(…) L’impasse politique est totale. Le pouvoir autiste ignore les partis politiques et la société civile et fait la sourde oreille aux lanceurs d’alerte. Il s’est enfermé dans ses « fausses » certitudes et ses illusions .Les cercles du pouvoir s’entre-déchirent pour se positionner en vue de l’échéance présidentielle par médias et clientèles interposés. Profitant du vide au Sommet de l’Etat, les forces extraconstitutionnelles se font plus arrogantes. Les lobbies n’ont jamais été aussi actifs pour influencer la décision gouvernementale.

Le pays n’est pas gouverné. Le gouvernement improvise et se ravise. Les plus grands problèmes du pays sont laissés en jachère. Le pouvoir gagne du temps sur la trajectoire qui mène à 2019.

Notre pays n’avance plus, il stagne ou recule en se laissant distancer par les autres Nations dans la marche vers le progrès et la modernité. L’état dans lequel se trouvent des secteurs névralgiques tels que la santé et l’école est significatif de ce recul .Notre pays  est figé devant des horizons bouchés qui poussent nos jeunes à braver les dangers pour rejoindre d’autres rives.  

La situation économique est désastreuse. Tous les indicateurs sont au rouge. Les réserves de change fondent. L’hyper-inflation se profile à l’horizon. Les prix des produits et des services flambent. La monnaie nationale se dévalue à une allure vertigineuse. Le pouvoir d’achat s’érode à un rythme effréné. Le chômage est en hausse. Et le pire est à venir. Près de quatre ans après le début de la crise, nous constatons que le gouvernement continue à naviguer à vue .Les gouvernements qui se sont succédés ont échoué parce qu’ils ont été incapables d’engager les réformes aussi urgentes que nécessaires pour faire face à la crise,  par manque de courage politique et de légitimité.

Le climat des affaires est délétère. L’informel gagne du terrain face à l’incurie des pouvoirs publics. La prédation et la corruption ont appauvri le pays et enrichi les prédateurs. La fuite des capitaux  s’accélère. La fraude au commerce extérieur, sous toutes ses formes, annihile tout effort d’assainissement de ce secteur. L’évasion fiscale continue à priver le trésor public de ressources importantes. Et les fortunes amassées de manière douteuse continuent à s’exhiber sans pudeur et sans crainte. L’instabilité du cadre juridique décourage toute velléité d’investissement. Notre pays s’isole du reste du monde.

Le fossé social s’élargit et s’approfondit. Le front social est en ébullition. Les mesures d’austérité et les décisions irréfléchies des gouvernements qui se sont succédés, ces quatre dernières années, ont accéléré la dégradation des conditions de vie de la population. Et, comme d’habitude, c’est  aux couches populaires qu’il est demandé de s’acquitter de la facture de l’austérité. Des pans entiers des classes moyennes sont condamnés à la paupérisation .Les plus fragiles glissent vers la pauvreté. Faudrait-il s’étonner, dés lors, que des citoyens battent le pavé de nos rues, organisent des grèves, observent des rassemblements et des sit-in, pour défendre le pouvoir d’achat et leur retraite, leur droits socio-professionnels bafoués ou pour accéder à des services publics auxquels leur donne  droit  leur citoyenneté. Et, ce qui est remarquable, c’est que toutes ces actions de revendication et de contestation sont menées de manière pacifique, sans violence et sans atteinte à la propriété publique et privée.

Plutôt que de répondre à ces revendications par le dialogue responsable et la concertation, ce qui est la marque d’une gestion responsable des conflits sociaux, dans un régime démocratique, le pouvoir en place, fidèle à ses habitudes a opté pour la démarche répressive des régimes autoritaires : le recours à la force brutale, les intimidations et menaces de représailles, l’instrumentalisation de l’arsenal judiciaire  pour déclarer les grèves illégales, les sanctions administratives sur la base des « décisions » de justice, tels les retenues sur salaires, les licenciements et les radiations.

Plutôt que de s’engager sur une voie apaisée pour baisser les tensions sociales, le pouvoir a recours à la stratégie de la division en tentant de monter les familles des malades contre les médecins, les parent d’élèves contre les enseignants, les usagers de la route contre les marcheurs, les voyageurs contre les syndicats des compagnies aériennes nationales et les cheminots. Ou, encore la stratégie de la peur et les accusations tantôt de la main de l’étranger tantôt de l’ennemi intérieur qui veulent déstabiliser le pays.

Une démarche qui ne peut que provoquer la radicalisation et l’élargissement du mouvement de contestation à d’autres secteurs de la société et accroître, par là même, le risque d’un dérapage aux conséquences incalculables pour notre pays.

N’est-il pas malheureux de constater que ce n’est ni l’impasse politique, ni la crise économique, ni la montée des tensions sociales, qui sont au centre des inquiétudes des cercles du pouvoir. Le pouvoir fait diversion et tente désespérément de détourner les regards des véritables problèmes du pays vers les confrontations stériles concernant les élections présidentielles et l’hypothétique 5éme mandat !

(…) Le risque de dérapage est réel. Et là, la responsabilité entière du pouvoir est engagée.

D’abord pour l’attitude qui consiste à continuer à ignorer tous les appels et initiatives des partis de l’opposition pour l’ouverture d’un dialogue  responsable en vue d’une démarche de sortie de crise, pacifique et consensuelle, afin d’éviter une nouvelle épreuve dommageable à la stabilité et la sécurité du pays.

Ensuite, pour avoir fermé la voie du dialogue pour le règlement des conflits sociaux.

Enfin, pour avoir neutralisé toutes les ressources et les mécanismes de la médiation sociale. Et l’opposition, me diriez-vous  dans cette situation ? L’opposition ne doit pas baisser les bras. Elle doit demeurer  une force de proposition pour amener le pouvoir en place à ouvrir un dialogue inclusif pour une sortie de crise. Mais pour peser de tout son poids, l’opposition doit laisser de côté ses différences secondaires et se regrouper autour d’une démarche collective dont la finalité première est de sortir notre pays de la crise dans laquelle il s’enfonce chaque jour davantage.

Si nous insistons sur le dialogue, c’est par conviction que la situation, aussi grave soit-elle, n’est pas désespérée. Notre pays a encore assez de ressources et de ressorts pour rebondir pour peu que le pouvoir abandonne ses prétentions illégitimes à la pérennité et engage le dialogue pour remettre notre pays sur les rails. Un dialogue rassembleur susceptible, en même temps, de renforcer le front intérieur pour soutenir les efforts louables de l’ANP  dans sa mission  permanente de sauvegarde de l’indépendance nationale et la défense de la souveraineté nationale, de la défense de l’unité et de l’intégrité territoriale de notre pays »                                                                                                                                                                              

 




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