Loin de tout apaisement, le pouvoir de fait intensifie la répression à la veille du 3ème anniversaire du mouvement populaire révolutionnaire du Hirak de février 2019, lit-on dans ce communiqué du Pacte de l’Alternative démocratique (PAD).
Les arrestations se multiplient visant de jeunes activistes, des militants associatifs et des droits de l’homme, qui s’ajouteront à quelques 400 détenus.es politiques et d’opinion. Entre temps, les pressions policières et judiciaires s’accentuent sur les partis de l’opposition démocratique, et plus particulièrement sur les partis constituant le Pacte de l’Alternative Démocratique – PAD.
Ainsi, après l’arrestation du coordinateur national du MDS, dont le procès en appel contre sa condamnation à 2 ans de prison ferme est programmé pour ce 22 février à la Cour d’Alger, le RCD a été mis en demeure pour ne plus abriter des réunions politiques de l’opposition dans son siège et son président est mis abusivement sous contrôle judiciaire.
Quant à l’UCP, qui a échappé à la suspension, elle est toujours poursuivie devant le Conseil de l’Etat et risque la dissolution. Par contre, le PST est déjà injustement sanctionné par le même Conseil de l’Etat qui a ordonné le 20 janvier passé sa suspension temporaire et la fermeture de ses locaux.
Dans ce contexte de terreur d’Etat, et profitant d’une bonne conjoncture financière engendrée par le redressement des prix du baril de pétrole, le pouvoir de fait annonce la suspension de quelques taxes qu’il venait de décider dans la loi de finances 2022 et la mise en place d’une allocation chômage.
Au-delà de l’effet d’annonce, ces mesures sont loin de répondre aux exigences économiques et sociales de l’Algérie et sont particulièrement insuffisantes face à une dégradation historique du pouvoir d’achat et des conditions de vie des algériennes et des algériens. Aussi, elles sont contradictoires avec le maintien de la suppression des transferts sociaux et des subventions des produits de base dans la même loi de finances.
Les forces du PAD considèrent que la politique du « bâton et la carotte » est dépassée par l’Histoire et par les revendications politiques et sociales légitimes du peuple algérien qui s’est exprimé par millions durant les deux années du Hirak. Il n’est plus possible de se maintenir au pouvoir par la répression, les passages en force et l’autoritarisme. Il n’est plus possible de se maintenir au pouvoir contre la volonté de tout le peuple qui a rappelé clairement son rejet du régime par sa désaffection massive lors des différents simulacres électoraux.
Comme il ne sera plus possible de se maintenir au pouvoir en infligeant au peuple algérien une crise politique qui n’a que trop duré avec un bilan économique et social désastreux alors qu’on s’apprête à célébrer le soixantième anniversaire de l’indépendance de notre pays.
Les forces du PAD considèrent que la persistance de cette impasse politique, économique et sociale du régime mènerait notre pays vers une situation d’instabilité dangereuse qui pourrait menacer non seulement la cohésion sociale et l’unité nationale, mais la pérennité même de l’Etat algérien face aux menaces extérieures diverses.
Les forces du PAD rappellent à cette occasion les exigences légitimes du peuple algérien proclamées pendant le Hirak, pour un changement radical du régime. Dans cette perspective, elles considèrent que la seule issue à cette impasse est l’alternative démocratique et sociale qui permettrait au peuple algérien de se doter enfin d’un Etat de droit et de recouvrer la plénitude de sa souveraineté.
Elles réitèrent leur appel pour une transition démocratique indépendante dans le cadre d’un processus constituant permettant au peuple algérien de décider librement de sa constitution, de ses institutions, de ces choix économiques et sociaux et de tout le projet de société qu’il souhaite bâtir démocratiquement dans la fraternité et l’égalité entre toutes ses composantes.
Les forces du PAD considèrent que la voie d’une solution à la crise politique du pays existe toujours. Elle passe par la soumission du pouvoir de fait actuel à la volonté du peuple algérien et à ses exigences démocratiques et sociales et ce par la promulgation, dès maintenant, de mesures politiques qui pourraient constituer un prélude à l’ouverture d’un débat national démocratique et sans exclusif permettant la participation de tous les courants politiques et l’expression de toutes les opinions citoyennes du peuple algérien.
Ces mesures, déjà réclamées auparavant par les forces du PAD, constituent un préalable indiscutable. Ce sont des mesures politiques démocratiques fortes et urgentes. Elles se résument comme suit :
La cessation de la répression et l’annulation de toutes les décisions et les lois liberticides.
La libération de toutes et tous les détenus.es politiques et d’opinion et leurs réhabilitation.
Le respect et la consécration des libertés démocratiques et syndicales, notamment les libertés d’expression, de manifestation, d’organisation, de réunion, le droit de grève, etc.
L’ouverture des médias aux citoyens et à tous les courants politiques sans exclusif.
Les forces du PAD saluent les détenus.es politiques et d’opinion et leur réitèrent leur solidarité agissante.
Elles expriment leur entière solidarité avec les détenus.es en grève de la faim et considèrent que le pouvoir de fait est le seul responsable de toute dégradation de leur santé et de toute évolution dramatique qui pourrait intervenir et l’interpellent pour répondre positivement et urgemment à leurs revendications légitimes.
Les forces du PAD réitèrent par ailleurs leur appel pour la convergence de toutes les forces et les énergies dans un large front contre la répression, dont la proclamation est très proche, pour la libération de toutes et tous les détenus.es politiques et d’opinion et pour le respect de l’exercice effectif des libertés démocratiques.
Vive l’Algérie libre, démocratique et sociale !
Gloire à nos martyrs !
Les forces du PAD
Alger, le 21 février 2022
Que faire dans un pays ou les islamo-fachistes sont toujours en attente de prendre le pouvoir ??? C’est celle la la question qu’il faut poser. le PDA as t il une reponse ?
L’islam-fascisme? Vous y êtes et même enfoncé jusqu’au cou et ceci depuis au moins la pseudo-indépendance ! En parlant de l’état islamique, celui-ci a été livré clé en main par Bouteflika, en réalisant ce dont les Ali Belhadj et Madani n’auraient même pas rêvé, au point de faire chômer tout parti islamiste qui prendrait éventuellement un jour le pouvoir puisque l’imposteur « trois-quarts de président » – au sens propre comme au figuré – a absolument tout mis en place et en application !
Vo Nguyen Giap déclarait, en substance, lors d’une conférence tenue à Alger que face à la volonté d’émancipation des nos peuples, les colonialistes et l’impérialistes, sont de mauvais élèves, incapables de tirer les leçons de l’histoire, tant ils nous méprisent et nous croient incapables de leur infliger la défaite décisive! Grand combattant, s’il en fut, stratège et historien, le Général Giap savait parfaitement ce que parler veut dire!
Le problème de ces princes qui, cahin caha, nous gouvernent depuis le Coup d’Etat de 1962, contre le GPRA, instance légitime de l’Algérie combattante, réside dans ce même mépris dont ils tiennent leur propre peuple, qui ne serait, à leurs yeux, qu’un troupeau, dont leur légitimité historique autoproclamée les aurait désignés pour en être le berger. Le mensonge fondateur de cette usurpation fut de proclamer l’ANP « digne héritière de l’ALN », Quand bien même les faits confirment qu’elle en fut plutôt le fossoyeur ! Glosant sur cette légitimité historique fantasmée par les putschistes de 1962, certains commentateurs ont été jusqu’à ironiser à nos dépens, en observant que chaque pays avait son armée, excepté l’Algérie, où c’est l’armée qui a son pays.
Après avoir congédié le gouvernement chaotique de Ben Bella, l’idiot utile du putsch de 1962, le Chef du « Groupe d’Oujda » et de l’Armée, Houari Boumediene, inaugurant l’exercice direct du Pouvoir par l’Armée, au nom d’une prétendue «légitimité révolutionnaire et historique de l’ANP, digne héritière de l’ALN». J’ajoute, compte tenu des liens étroits de ce groupe avec le MALG, en renouant avec le Coup d’Etat précédent des 3 B, Belkacem, Boussouf, Bentobbal, qui, pour mettre fin au principe de la primauté du politique sur le militaire, prôné par le Congrès de la Soummam, prirent l’ignoble et lâche décision de tendre un traquenard à Abbane Ramdane, pour l’étrangler, quelque part du coté de Tétouan. A la période du règne de Boumediene, plus ou moins faste et, parfois flamboyante, en dépit de sérieuses violations des libertés fondamentales et des droits humains, succéda celle du gouvernement bête et méchant de Chadly Bendjedid, qui fut, à son tour congédié par un Groupe d’officiers supérieurs, à l’issue des résultats calamiteux du premier tour des élections législatives, sensées «être propres et loyales», et qui risquaient de donner au FIS, les moyens légaux de proclamer leur république islamique! La décennie noire qui s’en suivit fut l’une des épreuves les plus terribles endurées par notre peuple et dont toute la responsabilité incombe à l’hubris de fanatiques islamistes totalitaires qui ont déployé la violence la plus extrême, pour tenter d’imposer à notre peuple leur rêve dément d’une société brutale et anachronique. En dépit de dépassements graves qui n’étaient pas tous non contrôlés, et parfois même d’exécutions extra judiciaires inexcusables, l’ANP peut, à juste titre, s’enorgueillir et s’honorer d’avoir rempli avec abnégation et courage, son rôle de bouclier légal et légitime de la Patrie! Il faudra bien, pour panser ces plaies encore béantes, envisager un jour, lorsque les temps le permettront, d’organiser, à l’instar de l’Afrique du Sud de Mandela et de Desmond Tutu, des exorcismes du genre Justice et Réconciliation,
Depuis la fin de la décennie noire, le Groupe restreint d’officiers supérieurs expérimentés qui détenait la réalité du pouvoir, a cessé, tactiquement, de l’exercer directement, préférant le partager avec Abdelaziz Bouteflika. C’est Bouteflika lui-même qui, à force de ruse et de patience, finira par décimer ceux-là mêmes qui l’ont fait Roi, pour les remplacer par ses propres créatures, savamment choisies au sein de la haute hiérarchie de l’armée, sur les seuls critères de sénilité et de docilité à son égard ! Mauvaise pioche, puisque c’est l’homme qu’il avait préparé, en raison de sa médiocrité et de sa docilité, pour écarter Mohammed Lamari, qui sera par une de ces ironies de l’histoire, le Brutus qui mettra fin à son règne, pour être Calife à la place du Calife! Avec et après Gaïd Salah les rôles sont devenu plus clairs : on ne discute plus, on tire, pour l’instant avec des armes non-létales! Les décisions sont prises aux Tagarins, leur exécution à El Muradiya par la marionnette civile adoubée par les décideurs, et, à l’occasion, sur ordre direct à la Police et à a Justice, que notre peuple, avec son habituel sens de l’humour, a vite fait de baptiser « justice du téléphone ». La consigne est donc claire : il faut, au mieux brandir la matraque et la prison et, au pire, craindre le recours à la torture pour apeurer la population perçue comme une meute de lapins qu’il faudrait contraindre à renter dans leurs terriers.
« Yetnehaw gaa » fut le cri de colère et de douleur d’un jeune manifestant qui exprime parfaitement la révolte de notre jeunesse, malmenée par le pouvoir de fait, coincée entre hittisme et herraga. Ce n’est nullement une stratégie politique pour mettre le pays sur la bonne voie. Il sera, certes, nécessaire, le moment venu, de nettoyer les écuries d’Augias, tout en ayant à l’esprit que l’écrasante majorité des officiers supérieurs, officiers du rang et hommes de troupe, sont des victimes et non des soutiens de la même tyrannie, qui, avec honneur et compétence, font leur devoir au service du Peuple et de la Nation. Pas plus qu’il ne faille confondre la clientèle politique véreuse et autres gangs de malfrats qui gravitent autour du Pouvoir de fait, et les Commis de l’Etat, ainsi que les fonctionnaires honnêtes, de plus en plus rares, il est vrai, qui continuent d’assurer vaille que vaille, le fonctionnement de ce qui reste de l’Etat.
Avec le recul, nous percevons mieux, les succès, les faiblesses et les erreurs du Hirak. Ce qui, du même coup, nous offre une meilleure perspective pour réanimer l’élan et mettre sur une bonne voie, cette éruption protestataire de masse née, c’est tout un symbole, à Kherrata et Guelma, ces 16 et 19 février 2019. A la question de savoir pourquoi les folles espérances, de nombre d’entre nous, d’une réconciliation fraternelle, khawa khawa, n’a pas eu lieu, la réponse, évidente : nous avons, à la fois, surestimé les capacités d’union de nos rangs et sous-estimé les capacités répressives du système qui prend peur, se vois le dos au mur, et fait le choix de se battre bec et ongles, plutôt que de renoncer aux privilèges exorbitants qu’il s’est octroyé sur le dos de notre peuple. De même que nous avons surestimé nos capacités d’union, en commettant cette même erreur fatale qui fut commise par nos grands anciens, qui ont cru, au Congrès de la Soummam, qu’ils pouvaient, pour éviter de diviser leurs rangs, éviter les différents idéologiques, en reportant à l’après indépendance la clarification des grandes questions qui fâchent. Qui demeurent les mêmes, et qui restent, à ce jour, sans réponse formelle et consensuelle. Quid de la liberté de penser et de l’égalité des citoyens, quelque soient leurs différences, de genre, de religion ou de quelque nature que ce soit? Quid du pluralisme et de la diversité linguistique et culturelle? Quid de la forme organisationnelle de l’Etat? Centralisée ou Fédérale? Et, pour finir, nous avons, pour le moins, manqué de réalisme en accordant du crédit à cette forme romantique de l’anarchisme, qui prétend conduire une révolution, sans structures verticales. Enfin, nous avons ignoré que la Révolution n’est pas, comme disait Mao, une soirée de gala, mais une longue marche vers la Liberté qui nécessite les sacrifices et le combat de plusieurs générations de patriotes.
Que faire aujourd’hui? Commencer par structurer cette instance démocratique de cette verticalité dont le PAD pourrait constituer le premier noyau, autour duquel viendraient s’agréger toutes les forces de progrès, partisanes, syndicales ou associatives, ainsi que toutes celles et ceux qui, tout simplement, aiment leur pays et veulent en faire un espace d’épanouissement pour tous ses enfants. Et nous entendre d’urgence sur une Charte qui scellerait les bases d’un consensus sur toutes ces questions que certains qui, pour des raisons tactiques, qui leurs sont propres, voudraient cacher sous le tapis.