30 avril 2024
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Là où il n’y a pas de vision, les peuples périssent

Tebboune

Au cours de son histoire, l’Algérie a connu plusieurs séismes de fortes magnitudes qui ont parfois généré des pertes humaines et matérielles importantes.

Les travaux montrent que les séismes les plus violents voire les plus meurtriers sont ceux qui se sont produits dans la région littorale particulièrement dans la région d’Alger en 1716, à Oran en 1755, à Blida  en 1790, à Jijel en 1825 et plus récemment Orléans ville en 1954  et Boumerdes en 2003.

Dans les régions des Hauts Plateaux et de l’Atlas saharien, l’activité sismique est faible. La bande côtière correspond à la frontière des deux plaques tectoniques africaines et eurasienne qui sont en rapprochement depuis des millions d’années et sont un phénomène naturel notent les experts du  CRAAG. La tradition musulmane nous enseigne que des « villes seront détruites et les déserts construits ». L’Algérie côtière est soumise à une activité sismique régulière. 

Des villes bâties sur une faille sismique abritent la quasi-majorité de la population. Un schéma d’aménagement du territoire entamé par la France coloniale et poursuivi par l’Algérie indépendante.

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Ce schéma d’aménagement du territoire d’inspiration coloniale mis en œuvre au lendemain de l’indépendance a eu pour conséquences la concentration des populations dans les villes conduisant au bétonnage des terres agricoles fertiles  du pays sur le littoral et la pollution des côtes de la Méditerranée. 

A contrario, les hauts plateaux seront abandonnés dans un état de sous-développement plus adaptés à recevoir des industries de transformation avec une répartition spatiale équilibrée de la population par la création de villes nouvelles. 

Cette gestion autocratique, anarchique et irresponsable de la société et des ressources du pays n’est nous semble-t-il pas étrangère à l’influence et l’attraction de la France sur/par les « élites cooptées » du pays, aujourd’hui vieillissantes pour la plupart, maintenue en activité malgré leur âge avancée et finissent presque tous dans un lit parisien. Elle s’insère parfaitement dans la stratégie de décolonisation du général De Gaulle, engagée dès 1958 à son retour au pouvoir et parachevée en 1962 par la signature des accords d’Evian dont la partie la plus secrète a été semble-t-il largement exécutée. L’Algérie a arraché son indépendance par l’emploi de la ruse, elle a raté son développement par manque d’intelligence.

Avec une densité de cinq habitants au kilomètre carré au sud et deux cents habitants au kilomètre carré au nord, l’Algérie est un bateau qui chavire. La remise à flots suppose évidemment une répartition judicieuse de la population et une exploitation rationnelle de ses ressources humaines laissées en jachère par les politiques économiques suicidaires menées à la faveur d’une manne pétrolière et gazière providentielle en voie de tarissement dans un avenir très proche.

C’est ainsi que l’Algérie s’est installée depuis de nombreuses années dans une position inconfortable d’un pays déficitaire et gros importateur de denrées alimentaires dont l’éventail est très large et concerne pratiquement un nombre important de produits (sucre, huile végétale, lait, légumes secs et notamment les céréales, produit stratégique entrant dans la consommation courante et quotidienne de la quasi-totalité de la population quel que soit le modèle de consommation considéré (urbain ou rural).

L’Algérie est le seul pays au monde à négliger ses paysans, ses artisans, ses travailleurs qualifiés, ses fonctionnaires honnêtes, ses penseurs, ses créateurs alors qu’aujourd’hui en Europe, aux Etats-Unis, le revenu des paysans est protégé et subventionné et la terre prend de la valeur. 

La revalorisation de la terre serait un moyen de redonner à l’algérien le goût du travail et non l’envie de fuir le pays ou de mettre sa vie en péril dans des embarcations de fortune. « La terre est comme la femme, plus on la laboure, et plus elle donne du blé ». 

De toute façon, on ne peut se passer d’une ressource négligée par le passé de par sa discrétion, à savoir l’eau. L’eau est un facteur décisif pour la solution des problèmes du citoyen d’une part et pour la construction d’une économie de survie d’autre part.

Car, l’élévation de la production agricole et l’amélioration de la productivité nécessitent des besoins accrus en eau pour irriguer plus de sept millions de terres agricoles asséchées ou en voie d’assèchement et étancher la soif de 44 millions d’habitants. De plus en plus, l’eau devient « un problème politique et social ». 

Aussi semble-t-elle être prête à céder les réserves de pétrole et de gaz se trouvant dans le sous-sol contre tout bonnement un peu d’eau et beaucoup d’oxygène car considère-t-elle, que si le pétrole et le gaz « polluent »,  l’eau et l’air « purifient », consciente de plus en plus que la terre algérienne n’a pas besoin du sang des guerriers mais de la sueur des hommes.

Pour ce faire, elle est à la recherche d’une nouvelle idéologie fondée sur le travail créateur de richesses et d’une pensée libératrice productrice de valeurs et de symboles pour la tirer de cette léthargie qui lui colle à la peau depuis plus de cinq décennies. Que de temps perdu ?

Que d’énergie gaspillée ? Que d’opportunités ratées ? Dans un pays où s’accumulent des fortunes et où l’homme dépérit, on ne peut que méditer cet adage populaire : « une richesse amassée est un tas de fumier puant et par contre une richesse répandue est un engrais fertile ». Autrement dit, une fortune entre les mains des gens sans esprit, sans scrupule et sans moralité est un danger public. 

La possession des biens ne signifie pas nécessairement jouissance de ces biens et encore moins en tirer profit pour le bien de tous et de chacun. Face à cette situation contraignante où le taux de dépendance croît rapidement d’une manière alarmante (Le covid-19 n’y est pour rien) est-il possible de renverser la vapeur ? C’est-à-dire d’augmenter l’offre locale. Pour augmenter l’offre alimentaire on peut soit étendre la superficie cultivée soit améliorer les rendements. 

L’agriculture saharienne offre des perspectives rassurantes pour peu que la volonté politique soit manifeste. Les pays développés soutiennent la production, les pays rentiers soutiennent les importations c’est-à-dire financent la dépendance du pays aux variations des prix vers la hausse sur les marchés internationaux rendant vulnérables leurs populations. 

Il nous semble que la solution radicale et définitive à cette situation est la mobilisation interne des ressources, un contrôle politique autonome et la création d’infrastructures pour redresser la production intérieure au lieu du développement des échanges inégalitaires avec l’extérieur par des moyens politiques. 

Bref, il s’agit de remédier à une productivité défaillante en renforçant la discipline du travail, en intégrant les marginaux dans la sphère productive, en reculant l’emprise de la rente spéculative sur la société et sur l’économie, en sécurisant les investisseurs locaux et en instaurant des mécanismes obligeant les gouvernants à rendre compte de leur gestion. 

Pour ce faire, la société doit posséder ou former des personnes aptes à imaginer des choix potentiels, à apprécier les alternatives et tester les nouvelles possibilités. L’âge d’or de la civilisation musulmane correspondait à une époque où les dirigeants ne régnaient pas sur leurs peuples mais les guidaient dans le droit chemin. « Un vrai leader est autonome. Il a le courage de prendre les décisions difficiles. Il a de la compassion pour ceux qui ont besoin d’être écoutés. Il ne cherche pas à être un leader, mais il le devient grâce à la qualité de ses actions et l’intégrité de ses intentions » Douglas Mac Arthur.

Dr A. Boumezrag

1 COMMENTAIRE

  1. Très élégant et tellement respectueux de la femme votre allusion aux labours et à la productivité de la terre ! Rappelez-moi en quel siècle nous sommes ?
    Indigne!

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