21 novembre 2024
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AccueilChroniqueLa démocratie en Algérie : "Le jour n’est pas fait pour les aveugles"

La démocratie en Algérie : « Le jour n’est pas fait pour les aveugles »

Algérie
Le régime a étouffé dans l’œuf la volonté populaire.

La démocratie, un miroir aux alouettes pour les uns et ce cheval de Troie pour les autres. Le peuple algérien s’est prêté à toutes les manipulations. La démocratie suscite des convoitises sans les satisfaire. 

Quand on parle des droits de l’homme, il s’agit évidemment de l’homme occidental, les autres ne sont pas des êtres. Ce sont des bestioles qui polluent la méditerranée. Des corps inertes flottent en surface, le pétrole et le gaz coulent à flux continu sans interruption en profondeur. 

Des conduites qui ne souffrent d’aucune corrosion à l’abri des regards et des vents. Elles sont là pour « l’éternité ! ». En outre, la plupart des télécommunications mondiales transitent par des câbles marins. Ces câbles sont un enjeu stratégique et géopolitique de premier plan. L’information sur nous et sur les autres nous échappe. 

Derrière nos écrans, nous semblons être les maîtres du monde alors que nous ne sommes que ses esclaves. Elle est belle la démocratie qui nous envoûte, nous ensorcelle, nous dénude. De l’occupation des espaces à l’occupation des esprits. de l’obscurité de la nuit à la lumière du jour, de l’économie de bazar à une économie bizarre, de l’exportation des hydrocarbures à des exportations des déchets, des importations tout azimut à des importations ciblées, d’un dépotoir du monde entier à l’importation de dépôts de stockage de carburants en attente de débouchés (le covid-19 est passé par là !). 

« Le premier des droits de l’homme est celui de pouvoir manger à sa faim » note Franklin Roosevelt. Un ventre creux n’a point d’oreilles, un ventre plein a plusieurs « langues » … et … « langues ». Un peuple ne se nourrit d’amour (idéologies) et d’eau fraîche (théories).

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Un peuple qui a faim a besoin de pain, un peuple malade a besoin d’hôpitaux, un peuple ignorant a besoin d’une école performante, un adolescent a besoin d’un Smartphone de dernier cri, un jeune adulte désœuvré a besoin d’un emploi productif durable, un couple marié a besoin de logement décent, une famille nombreuse a besoin d’une voiture « potable » pour se déplacer. 

Aucune idéologie, aucune théorie, aucune religion, ne remplit le couffin de la ménagère. Il est assuré par le travail de tous ses habitants sans distinction de race, de religion ou de langue. Que les uns et les autres nous dévoilent leur part de lumière et leur part d’ombre. Le pétrole agit sur la société et sur l’économie comme de la cocaïne.

Il provoque une dépendance physique et psychique forte à la fois sur l’Etat, la société et sur l’économie. Quand le prix baril du pétrole rit, la gestion pleure, l’Etat pavoise, la société se tait, le ciel s’éclaircit, les oiseaux gazouillent, la vie est belle, c’est l’ivresse. Elle est de courte durée. 

Le réveil est brutal. C’est la gueule de bois. Un bon café, les choses rentreront dans l’ordre. Le prix du brut s’effondre, les langues se délient, l’Etat s’affole, la société se meurt, le ciel s’assombrit, les oiseaux émigrent, la vie est terne, les funérailles s’organisent. La fin est proche. 

Aujourd’hui le « pot de miel » s’est renversé, le patient est dans un coma profond. La solution médicale serait la désintoxication mais cela prendra nécessairement du temps qui fait cruellement défaut d’autant plus que le sujet n’est pas éveillé mais endormi. Deux techniques soit l’hypnose soit l’électrochoc. L’hypnose a fait la preuve de son inefficacité. Seul un électrochoc peut le faire sortir de son long sommeil. 

Un réveil qui peut lui être fatal ou salutaire. Beaucoup de gens pauvres se résignent pour une raison ou une autre et par désespoir de cause se remettent à Dieu. Alors que les riches « parvenus » produits se sentent souvent coupables de leurs richesses sachant qu’ils ne l’ont pas méritées, c’est  pourquoi ils sont pressés de s’en débarrasser soit en le dépensant de manière intempestive, soit en le plaçant à l’étranger de façon anonyme car une fortune acquise honnêtement ne fuit pas le pays et ne craint pas le regard de la société. 

Ce n’est pas la richesse ou la pauvreté qui posent problème mais l’origine de l’une comme de l’autre. Le problème n’est pas de perdre la partie mais de truquer le jeu. C’est la tricherie qui fait trébucher. 

On recourt à l’émission de billets (la facilité) au lieu de changer de billet (la difficulté) pour résorber le déficit budgétaire de l’Etat. Pourront-ils survivre en dehors de l’Etat et des hydrocarbures ? Évidemment, on ne guérit pas une plaie en y retournant le couteau comme on ne peut pas la laisser en l’état,  elle risque de gangréner tout le corps d’autant plus qu’il est imprégné de miel. On peut se relever d’un traumatisme certes mais jamais  du royaume des morts. Il est vrai qu’après un traumatisme collectif, causé par deux guerres (guerre de libération et guerre civile) en l’espace de quelques années, plonge chaque Algérien dans un état de choc violent.

Après le choc, on redevient comme un enfant à la recherche d’un père protecteur. C’est la stratégie de choc, elle peut être salutaire comme elle peut être mortelle. Tout dépend de la conviction des leaders et de leurs capacités à mettre en œuvre des réformes structurelles profondes. On peut chercher les responsables sans jamais trouver de solutions. Il n’y a pas de solution individuelle à un problème collectif.

Une cohésion sociale suppose la mise à nu des difficultés et la volonté d’y faire face sans échappatoire et sans faux fuyant, de façon solidaire en faisant appel à la raison et non à nos émotions ou nos ressentiments. Sinon « A quoi sert le sucre si c’est le sel qui manque »

Dr A. Boumezrag

(*) L’expression du titre est de Van Elieser

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