29 avril 2024
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Quelques réflexions sur la crise ukrainienne (II)

Yémen

La politique des deux poids deux mesures ou comment la vie d’un occidental vaut plus que celle d’un autre humain. Exemple : le drame yéménite passé loin de l’attention occidentale.

Le mobilisation extrême des occidentaux pour l’Ukraine, très inhabituelle dans d’autres crises, pose quelques questions et pousse à interpeller l’histoire. La totalité des médias, la totalité des états occidentaux, la totalité des instances « internationales » (dirigées en fait par des occidentaux) se sont mobilisés et invoquent la démocratie, les droits de l’homme, le droit « international » pour aider l’Ukraine et sanctionner la Russie.

La chasse aux sorcières est enclenchée contre tout avis non pas contraire mais juste innocent.

Pourtant là encore, l’histoire nous rappelle des silences honteux ou même des appuis discrets aux envahisseurs. 

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Sans remonter loin dans l’histoire, nous pouvons prendre juste le cas présent du Yémen, bombardé de façon ignoble par l’Arabie saoudite. Suite à un conflit interne entre tribus yéménites, l’Arabie saoudite, riche voisin aidé par quelques autres pays de la région, intervient en faveur de l’un des camps.

Ici aussi, une puissance intervient dans un petit pays voisin, sous prétexte que l’autre camp est aidé par un pays relativement lointain mais puissant et ennemi, l’Iran en l’occurrence. L’Arabie saoudite ne veut pas de la présence de l’Iran à ses portes. L’affaire est la stricte reproduction à l’échelle régionale des crises cubaine et ukrainienne.

Le bilan humain et matériel depuis l’intervention saoudienne en 2015 est désastreux. En février 2018, l’ONU dresse un bilan de 10 000 morts en un an et demi d’intervention. Le blocus du pays a provoqué la « pire crise humanitaire de la planète » selon les Nations unies : 7 millions de personnes, soit un quart de la population, sont au bord de la famine ; 1 million ont été touchées par le choléra

En novembre 2019, un projet de l’Université du Sussex, affirme avoir recensé 12 000 civils morts, dont 8 000 tués lors des frappes aériennes saoudiennes. En fin 2021, l’ONU indique que 150 000 personnes ont été tuées dans les combats et 227 000 autres sont mortes de conséquences indirectes du conflit, telles que le manque d’eau potable, la faim et les maladies. La majorité des victimes indirectes sont des enfants de moins de 5 ans, leurs organismes étant « particulièrement vulnérables à la malnutrition et la sous-nutrition ».

Devant ces bilans accablants, que n’a-t-on vu les actions de ces pays qui se mobilisent aujourd’hui pour l’Ukraine ? Combien de morts yéménites, combien d’enfants, faudrait-il pour faire réagir ces pays ? Combien vaut la conscience occidentale en nombre de morts yéménites ou de son équivalent en morts ukrainiens ? 

Pire, ces mêmes pays continuent à avoir des relations normales avec les autorités de l’Arabie Saoudite. Ils continuent à recevoir ses dirigeants en grande pompe. Au moins l’un des pays, la France en l’occurrence, continue à leur vendre les armes qui serviront à tuer encore plus de Yéménites. 

Les autorités saoudiennes seraient elles moins dictatoriales ou plus démocratiques que celles de la Russie ?

Tayeb Mohammed-Brahim
Professeur des Universités

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