22 novembre 2024
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Gaz : pourquoi l’Afrique est perdante dans cette guerre russe

Gaz algérien

De nombreux analystes, notamment occidentaux, pensent que la crise énergétique que vivent de nombreux pays européens à cause de l’invasion russe en Ukraine, pourrait profiter à de nombreux pays producteurs d’hydrocarbures dont principalement du gaz. 

C’est un préjugé qui apparaît à chaque fois que les prix du baril de pétrole flambent et se répercutent automatiquement sur ceux des carburants à la pompe. Pourtant, de nombreux paramètres économiques ont montré qu’il s’agit d’une idée préconçue mais totalement fausse. 

La première raison pour de nombreux pays producteurs qui fournissent du gaz à l’Europe, comme l’Algérie ou le Nigeria pour ne citer que ceux-là, le font à travers des contrats dont les prix sont indexés sur celui du baril de pétrole et non sur celui du marché « spot ». 

En hiver dernier, les prix du million de British Thermic Unit (MMBTU) ont atteint en spot une fourchette de 40-65 dollars le MMBTU ceux du gaz fourni contractuellement n’ont varié que d’un à deux dollars de l’indexation tout à fait conjoncturelle d’un prix moyen du baril de pétrole autour de 80 entre octobre 2021 et le 24 février 2022, date de début des opérations militaires russes en Ukraine.  

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Il fallait attendre la fin du premier trimestre 2022 quand les prix du baril ont atteint des niveaux semblables à ceux de la crise de Subprimes de 2008, soit supérieurs à 100 dollars le baril avec un pic dépassant les 130 dollars et celui plus bas 93 dollars, pour que les contrats commencent à être renégociés par certains pays comme l’Algérie et l’Espagne par exemple. 

Ces pays subissent les effets pervers de la détérioration des termes de l’échange. En effet, les produits qu’ils importent croissent avec ceux du marché mais très loin du niveau des prix contractuels que les pays producteurs de gaz pratiquent sur le terrain. Il s’agit pour les ménages africains de se préparer à affronter un flux inflationniste sans compter celui de frôler une crise alimentaire dans un marché où le prix de la tonne de blé augmente plus que celui du MMBTU qu’ils vendent. 

La présence d’une délégation que les médias ont appelé   «arabe » qui s’est déplacée à Moscou pour contribuer à sa manière à une issue diplomatique à la crise ukrainienne en est la preuve tangible. L’Egypte et le Liban sont de  grands importateurs de blé ukrainien et russe. Au Yémen, pays entouré des riches monarchies du Golfe, l’ONU estime que jusqu’à 19 millions de personnes pourraient avoir besoin d’une assistance alimentaire au cours du second semestre 2022. 

Le Soudan, qui voit ses réserves fondre depuis l’arrêt de l’aide internationale en rétorsion au putsch militaire fin 2021, semble déjà prendre les devants. Au moment où la guerre avait éclaté, le numéro deux soudanais était à Moscou pour discuter échanges commerciaux avec la Russie, premier exportateur mondial de blé. 

Maintenant en perspective, l’Europe pourrait revoir sa politique en Afrique eu égard aux immenses réserves de gaz qui pourraient constituer une réelle alternative à leur dépendance du gaz russe. 

A l’exemple du projet du gazoduc Transsaharien prévu depuis plus d’une décennie mais qui a pris du retard pour être relancé en 2022. L’Europe peut booster ce projet qui souffre d’un manque de financement pour un coût estimé entre 13 à 15 milliards de dollars. Même si avec des «si » on ne construit pas des châteaux, on pourra constater avec regret que si ce projet avait été encouragé par l’Union européenne pour que le Nigeria envoie 30 milliards de m3 jusqu’à Hassi R’mel, aujourd’hui l’Algérie dispose des moyens de transport pour les acheminer vers l’Europe par son réseau de transport (piping et shipping) actuellement sous utilisés. Et l’Union européenne ne serait pas prise aujourd’hui dans les fourches caudines russes. 

Rabah  Reghis

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