21 novembre 2024
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Le printemps berbère : des Hommes, des geôles et un espoir

Printemps berbère

«Limer Yewsaɛ lxatar, ddiq deg ul m adyilli/A nettwehid tetḥeyar, imɣi n sswav ara ifetti. » Lounes Matoub

Une révolution est un désir fort et légitime des citoyens à recouvrer leur souveraineté. Une révolution n’est pas une balle assassine qui ôte des vies innocentes. Une révolution est un  long chemin de luttes pacifiques certes, mais à terme, elle instaurera une démocratie et un Etat de droit pour tous.

C’est dans ce long chemin que des femmes et des hommes se sont engagés et c’est pour cet engagement qu’aujourd’hui leur longue marche les a conduits dans les geôles de « la nouvelle Algérie», chère à Abdelmadjid Tebobune. 

Les geôles de « l’ancienne Algérie » n’ont pas perdu de leur ténacité carcérale arbitraire, une ténacité qu’on retrouve intacte dans «la nouvelle Algérie». La « nouvelle Algérie » est la fille naturelle de cette ancienne chère à Boumediene, Bouteflika et au FLN. Rien n’a changé. A croire que la dictature a siroté l’eau de jouvence, contrairement, à la démocratie ! 

De mon point de vue, le Printemps Berbère d’avril 1980 et, sans rentrer dans les détails et les revendications qui sont connues, était pour les acteurs qui l’ont fait, une condensation de prise de conscience, de prise de risques, mais surtout une profonde volonté de s’inscrire dans le chemin de lutte pacifique pour la liberté, à l’instar d’autres peuples qui se sont affranchis de l’oppression. La puissance de leur engagement a jailli dans la noblesse de leur cause et de la justesse de leur revendication.

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Pour ma génération et celles qui ont suivi, le Printemps Berbère était, indiscutablement, le point cardinal qui nous avait permis de nous situer exactement dans le temps de notre histoire, et savoir qui nous sommes, pour comprendre pourquoi les gueux qui gouvernaient et continuent à gouverner voulaient et souhaitent toujours nous bannir.

Nous sommes passés de 24 détenus en avril 1980 à ne plus pouvoir compter nos détenus d’opinion en 2022 et ce n’est pas fini, hélas. 

Le temps a changé, les générations aussi, mais le régime, lui, est resté le même, voire pire. Cela ne veut pas dire que le Printemps berbère est un échec. Mais cela doit nous pousser à localiser nos faiblesses qui nourrissent naturellement la force du bourreau, afin d’achever ce long chemin vers la liberté.

Le premier pas à poser est sûrement celui de la continuité de la lutte dans le même esprit de « liberté inconditionnelle » qu’avait animé Mouloud Mammeri, Tahar Djaout, Muhend U Harun, Lounes Matoub et tant d’autres…  

Nos voix dissonantes doivent être remplacées par, une « seule voix » conciliante qui, traduirait nos aspirations diverses les plus vitales et urgentes. Cette voix salutaire ne peut pas s’entendre dans l’affrontement émotionnel. Mais cette voix est possible, dans  le rapprochement des idées saines, positives et responsables. En d’autres termes, le débat, la concertation et le consensus sont la seule voix vers la démocratie.

Il est communément connu que le mensonge, la contre-vérité, l’invective ou encore la manipulation ne font pas bon ménage avec la démocratie qui, elle, se nourrit du débat constructif, où les idées se confrontent dans le respect, sans que les individus s’érigent en ennemis. C’est justement, le but même de la démocratie. C’est-à-dire, chercher continuellement le consensus pour garantir un Etat de droit pour tous.  

En l’espèce, à titre illustratif et non exhaustif, lorsque des tristes égarés s’agitent pour s’en prendre à l’un de nos meilleurs artistes, Lounis Ait Menguellet et, tenter honteusement de lui endosser la responsabilité du chaos, dans lequel s’est embourbée la Kabylie en particulier et, l’Algérie en général.

i yumi i tzemreḍ a Muḥend-nneɣ ? i Faḍma-nneɣ ! dit l’adage, cette attitude irréfléchie fait, malheureusement, retarder l’espoir de voir les Kabyles se concerter dans la sérénité pour aller de l’avant. 

En somme, le poète a vu juste, en disant : «Ara ttnadin ɣef tsarutt, tabburt warɛad ur ttufin ! »  Chercher le chemin, sans connaître la destination, pour ainsi faire une traduction approximative.

Or, la Kabylie a, plus que jamais, besoin de tous ses enfants. Elle a besoin de : Bouaziz, Hemmou, Azem, elle a besoin de Becha, Kamira, Touati et, la liste est riche et ouverte.

Le peuple kabyle ne peut pas s’épanouir dans l’éparpillement de ses enfants. C’est maintenant, et c’est tout de suite que, nous devons nous écouter, nous respecter, nous  concerter pour mieux avancer. Nous devons cet effort à nos anciens, à nos détenus et  à nous-mêmes. Mais, et  surtout, nous devons accomplir ce devoir pour nos enfants et les générations futures. 

Au-delà  de leurs aspirations politiques, nos nombreux détenus croupissent injustement dans les geôles de la honte, en raison de leur engagement en faveur d’une liberté pour tous, une liberté qui doit transcender toute autre considération politique ou partisane. Cette noble cause, vient nous rappeler que la liberté n’est pas le privilège de certains, mais c’est un héritage de toute l’humanité.

La Kabylie s’est enlisée dans une crise politique sans précédent, elle arrive à peine à garder la tête hors de l’eau. La première raison de cette situation est sans doute  liée au caractère dictatorial du régime en place. Quant à la  seconde raison, elle est en nous.

Nous avons l’immense difficulté à placer l’intérêt de la Kabylie au-dessus de nos « projets politiques » qui, légitimement, sont tous acceptables au débat. Puisqu’ils ont comme ambition de sortir la Kabylie de ce marasme, dans lequel elle peine à s’extirper. Même si, à mon sens, il y a lieu de montrer une vigilance et une prudence, aux éventuelles bonnes idées qui sont portées par de mauvais esprits.

La solution pour la Kabylie, l’Algérie travers elle et, volontairement, je me permets d’éloigner le regard, pour associer l’Afrique du Nord, ne peut pas se dégager d’une idée autarcique, loin de la réalité du terrain et des réelles aspirations des individus.

La première étape pour une solution pérenne, n’est pas dans l’indépendance de la Kabylie, ni dans l’autonomie ou un autre système de gouvernance radical soit-il ou subsidiaire. La solution, de mon point de vue, est d’abord dialectique.

 Il est important aujourd’hui et au vu du contexte, d’aller vers une large consultation de tous les acteurs qui forment notre société. Afin d’asseoir un vrai projet de discussion, sur les principaux sujets tels que, les prisonniers d’opinion, les aspirations politiques des Kabyles pour la Kabylie et pour l’Algérie …

Certains rétorquent hâtivement que c’est une perte de temps. Me concernant, je suis convaincu que, pour bâtir un projet pour le bien de tous, on a toujours le temps et, non seulement, on doit se donner les moyens, mais aussi se donner le temps de la bonne réflexion. Car dans les flammes de l’action, l’émotion brûle la réflexion.

Yacine Cheraiou

2 Commentaires

  1. La lecture de cet article se résume à « la montagne a accouché d’une souris ». Tout ce laïus pour dire non à l’indépendance, non à l’autonomie. Pendant ce temps le régime algérien travaille d’arrache-pied à la réalisation de son funeste dessein de destruction de tout ce qui est kabyle ou amazigh en général. Tout va très bien Madame la Marquise. Oui pour l’indépendance de la Kabylie, seule issue de dignité, de liberté et de justice.

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