La Méditerranée ne connaît pas de frontières, elle est le prolongement des côtes européennes et maghrébines. Elle est un pont entre les Etats et un mur entre les peuples. Elle cache les intérêts des Etats et expose les réalités des peuples.
En surface des corps inanimés flottent, en profondeur des pipes line sont immergés. Au nord, des infrastructures touristiques, au sud des rivages vierges à défricher et une jeunesse en jachère à mobiliser.
Entre la mort et la vie, il n’y a pas de pont. Entre le vieux continent et la jeune Afrique, un cimetière à ciel ouvert. Les idéologies nous font croire à la magie des mots pour « masquer » la réalité des maux.
« L’Etat de droit et des droits de l’homme sont d’abord une idéologie. Mais que celle-ci est d’autant plus dangereuse du fait que ses affidés ne la reconnaissent pas comme telle ; ils la perçoivent seulement comme l’expression du bien naturel » nous dit Eric Delacroix. La démocratie, un miroir aux alouettes pour les uns et un cheval de Troie pour les autres, La démocratie suscite des convoitises sans les satisfaire.
Quand on parle des droits de l’homme, il s’agit évidemment de l’homme occidental, les autres ne sont pas des êtres. Ce sont des bestioles qui polluent la méditerranée. Des corps inertes flottent en surface, le pétrole et le gaz coulent à flux continu sans interruption en profondeur. Des conduites qui ne souffrent d’aucune corrosion. Elles sont là pour l’éternité. Dans la profondeur des eaux, une histoire tumultueuse.
Sur les rives, des Etats « en berne » et des peuples « en érection ». Les deux faisant appel « aux morts pour résoudre les problèmes de vivants ». Des vivants cherchant une place parmi les fantômes. La mort n’a jamais enfanté la vie. Les vieux veulent vivre, les jeunes veulent mourir.
Ironie de l’histoire, les pays envahisseurs d’hier sont devenus des pays envahis aujourd’hui. Le phénomène migratoire est le fait marquant de ce 21ème siècle. Au nord, des pays évolués au niveau de vie élevé. Au sud, une démographie galopante et une gestion chaotique des ressources maintenant les populations dans la pauvreté et le sous-développement.
Deux Méditerranées qui se regardent, l’une plus bleue que l’autre, deux civilisations qui s’affrontent, un paradis plus « vert » que l’autre. Au milieu, une barque de fortune où s’entassent de milliers de jeunes qui chavire, au nord un vieux continent qui se dépeuple ; au sud et une économie jeune qui se noie. La fin du règne du pétrole va creuser la faim dans le monde. Chaque jour, plus d’un milliard de personne souffrent de la faim, l’urbanisation sauvage et l’exode rural, vont précipiter la famine et les premiers pays à être touchés ce sont les économies rentières suivies des pays industrialisés. Le Covid-19 va révolutionner le monde.
Avec dix milliards d’importations de denrées alimentaires chaque année, la chute drastique du prix des hydrocarbures, l’Algérie du pétrole creuse sa tombe sans témoins et enterrée sans linceul.
Avec une densité de cinq habitants au kilomètre carré au sud et deux cents habitants au kilomètre carré au nord, l’Algérie est un bateau qui chavire. Elle délire, son système immunitaire ne répond plus, le respirateur artificiel est en panne de courant. C’est le dernier recours, l’ultime chance de survie pour les victimes du covid-19 en détresse respiratoire aigüe.
C’est la pathologie la plus grave engendrée par le covid-19. Les poumons n’arrivent plus à oxygéner le corps. En l’absence d’un respirateur artificiel, le patient dépérit et s’éteint.
L’Algérie respire avec ses deux poumons : le pétrole et le gaz. Les recettes pétrolières et gazières, représentent 98 % des revenus en devises du pays et couvrant plus de 75 % des besoins des ménages et des entreprises. Une baisse brutale et durable du prix des hydrocarbures, des débouchés ou des réserves serait-elle fatale ou salvatrice pour le pays ?
Dr A. Boumezrag