22 novembre 2024
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 Jafar Panahi, un autre regard, une autre voix

Jafar Panahi

J’ai découvert pour la première fois les films du réalisateur iranien Jafar Panahi au cinéma Utopia en France et c’était un grand plaisir pour moi. Je ne me rassasie jamais de regarder ces bijoux cinématographiques qui mettent à nu la réalité iranienne, sans gros moyens.

Et pourtant, ce sont des court-métrages d’une réelle perfection technique, primés dans le monde entier (Goldon Lion en 2000, Sakharov Prize en 2012).

En effet, la recette du cinéaste-réalisateur dans sa dernière production cinématographique est toute simple : juste une caméra placée dans un coin de sa voiture et des dessertes qu’il effectue en taxi avec un grand sens de l’humour, aux marchés, aux hôpitaux, aux plages, aux cinémas, dans les places publiques, etc.

L’humour décapant de Jafar Panahi est tel qu’il dissèque avec aisance les tabous et les phénomènes de société, la théocratie des Ayatollahs et ses contradictions, l’amour et la religion, la dure condition des femmes iraniennes, le machisme et la misogynie, la démocratie et la laïcité, tout en prenant de la distance vis-à-vis de ses sujets.

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C’est un maestro de l’intrigue sociale qui sait raconter son pays à l’international, sans aucune rancune ni prise de tête. S’il campe le rôle d’un acteur neutre, c’était surtout pour ne pas freiner l’élan de ses interlocuteurs. La liberté de ton et la propension à la polémique l’animent de bout en bout.

Prenant avec lui des gens de toutes les conditions sociales : ouvriers, infirmiers, ingénieurs, étudiants, femmes libres ou avec tchador, intégristes ou intellos, comédiens, artistes, des chastes et des prostituées, il noue des dialogues constructifs qui finissent, au bout, par éclairer les téléspectateurs sur ce qui se passe réellement dans ce grand pays asiatique, dont on sait peu de choses.

D’une situation cocasse à une autre, on découvre petit à petit les ressorts sociaux de la République islamique, ses codes, ses mots de passe, ses logiques, ses rêves avortés et ses impasses. L’œil perspicace de ce cinéaste dissident, ennemi de la vision unique, lui a valu d’ailleurs plusieurs séjours en prison dont le dernier date seulement de quelques jours.

Militant éclairé et ouvert sur l’altérité, Jafar Panahi est, hélas, l’exemple à ne pas suivre dans ces fameuses dictatures rentières dont la seule espérance de vie est basée sur le conformisme, la parole unique, le regard figé et la liberté bannie!

Kamal Guerroua

1 COMMENTAIRE

  1. C’est injuste d’emprisonner un artiste, de le réduire au silence! tous les pays devraient respecter la liberté d’expression! cet artiste n’a causé de mal à personne en s’exprimant, j’en appelle à une grande mobilisation pour le faire libérer!

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