L’Afrique du nord vit un important chamboulement géopolitique. Les Etats sont secoués de l’intérieur et menacés par l’extérieur. L’histoire est un éternel recommencement et la géographie une source intarissable de conflits. La découverte d’importants gisements pétroliers et gaziers dans la région suscite des convoitises.
Enjeu géopolitique stratégique, l’Afrique prend la forme d’un champ de bataille. Un pétrole de bonne qualité avec des coûts d’exploitation compétitifs et l’exploitation du gaz de schiste à vol d’oiseau. La Libye est devenue un espace de rivalité entre la Turquie et les monarchies du Golfe. Mais aussi entre les Etats Unis, la Russie et la Chine, les pays européens sommés à trouver une alternative fiable au gaz russe épisodique. « Quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui est écrasée ».
Ce sont les peuples qui en pâtissent et paient le prix fort. Le pétrole est un instrument redoutable de domestication des peuples et d’aliénation des élites.
Aujourd’hui, l’Occident domine l’Afrique grâce entre autres à sa haute technologie de pointe et à ses armes sophistiques de destruction des masses que les dictatures arabes et africaines s’arrachent à prix d’or au détriment du bien-être de leurs populations affamées et meurtries.
Des armes qui visent à impressionner les peuples voire à les réprimer, finissent généralement par être rouillées sans avoir servi. Le temps est une arme redoutable contre les tyrans. Les despotes finissent par succomber à l’usure du temps. Selon Henri Kissinger, homme politique américain, prix Nobel de la paix en 1973, « le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême ». L’homme au pouvoir estime que rien ni personne ne peut lui résister.
Des dirigeants arabes et africains, pris en otage par les puissances du moment, classés amis ou ennemis en fonction de leurs intérêts, exploitant sans vergogne les frustrations des populations arabes et africaines, ces autocrates, enivrés par le pouvoir, infantilisés par l’occident, corrompus par l’argent et emportés par leurs délires mènent à tambour battant leurs peuples respectifs, les yeux bandés, à l’abattoir sous le regard moqueur de l’occident triomphant.
Le malheur, c’est qu’ils n’en ont même pas conscience, ils sont sur un nuage. Comme le souligne à juste titre le jeune président noir américain Obama « l’Afrique a plus besoin d’institutions fortes que d’hommes forts ».
Il est vrai que l’histoire ne peut se faire que par une alternance de sagesse et de brutalité puisque de toute façon, les régimes déclinants résistent à la critique verbale. Le pouvoir compris comme un contrôle plus accru des hommes et des consciences par une sorte de bureaucratisation et d’asservissement des individus et de la société ne s’est accompagné d’aucune efficacité réelle sur la technologie, du savoir, de la science, du progrès technique et spirituel. C’est pourquoi, l’Afrique semble évoluer dans des directions inattendues, opprimantes et désespérées qui accentuent quotidiennement l’impression générale d’irresponsabilité, de passivité et d’impuissance.
Les peuples se perçoivent de plus en plus étranger à sa propre histoire, à leurs réalités, à leurs gouvernants. Ils ont la persistante conviction d’avoir été dupés, dépossédés, dénudés, privés de ce auquel il avait cru pouvoir aspirer un jour : la liberté, la justice, le progrès.
Les élites politiques au pouvoir ou dans l’opposition doivent changer de mode de pensée et se hisser au diapason des ambitions de leurs jeunesses qui affrontent les mêmes difficultés et partagent les mêmes aspirations.
Le logiciel des Etats date des années 1960, le logiciel des peuples est de la dernière génération. L’un vit sur son passé, l’autre se projette dans le futur. Ils ne sont pas sur la même longueur d’ondes. La communication devient difficile pour ne pas dire impossible. Pour se comprendre il faut prendre de la hauteur.
« Les injures suivent la loi de la pesanteur. Elles n’ont de poids que si elles tombent de haut». Les pays du continent ont tourné le dos à leur passé ancestral commun et les Etats veillent à l’intégrité géographique présente. Alors que le mur opposant des idéologies s’est effondré en 1989, de nombreux murs séparant des peuples se sont élevés depuis en Amérique, en Russie, au Moyen-Orient, en Afrique.
Eternel dilemme : se combattre ou s’entre aider, se faire tuer par l’autre ou s’allier à l’autre ; échange de balles (la guerre) ou échange de sœurs (la paix) entre africains vivant sur un même espace géographique depuis des millénaires envoûtés par le miroir aux alouettes que représente l’Europe.
Le comportement des pays africains est totalement anachronique eu égard aux problèmes socio-économiques et d’insécurité qui se posent avec acuité à l’ensemble des peuples de la région. Les frontières peuvent être des sources de guerre comme elles peuvent être les artisans de la paix.
Il ne s’agit pas de couper mais de coudre. Couper, le colonisateur s’en est chargé ; coudre c’est l’affaire des peuples. Les Etats post coloniaux ont fourni la preuve de leur inefficacité dans la construction d’une Afrique unie pacifique, unifiée, solidaire et prospère. Malheureusement, il est regrettable de constater que chacun veille à sa petite épicerie avec ses petits calculs à la bûchette qu’il veut protéger d’un super marché numérisé pourtant salutaire à l’ensemble des peuples de la région par l’ouverture des frontières, la diminution drastique des dépenses militaires, la construction d’une économie complémentaire, la constitution d’un front uni contre la politique de division des puissances étrangère qui a fait ses preuves de son efficacité depuis l’effondrement de l’empire ottoman.
L’Afrique est une terre convoitée pour ses richesses par les puissances étrangères et des peuples à asservir par leurs propres élites pour la prospérité et la sécurité de l’occident triomphant. « L’histoire des peuples est l’histoire de la trahison de l’unité ».
Dr A. Boumezrag
« … échange de balles (la guerre) ou échange de sœurs (la paix) entre africains »???? C’est vrai que l’échangisme serait de loin plus fun et plus sexy que la guerre. Faites l’amour et non la guerre. C’est encore et toujours d’actualité.