19 avril 2024
spot_img
AccueilPolitiquePourquoi l’Algérie "italianise" son secteur des hydrocarbures ?  

Pourquoi l’Algérie « italianise » son secteur des hydrocarbures ?  

Sonatrach ENI

Il est admis dans le domaine pétrolier et gazier, tout groupe pétrolier quelle que soit sa nationalité favorise la diversification de ses partenaires pour d’abord partager le risque global en Exploration Production (E&P) et surtout « garder la main » de la production des hydrocarbures par une répartition des actifs raisonnable sans aucune tendance de transformer un simple investisseur bien rémunéré dans une situation monopolaire disposant d’une capacité de pression.

Jusqu’à cet « amour » nostalgique pour les italiens, le pays a adopté une telle politique énergétique et l’a démontré par son refus catégorique de laisser le géant américain Anadarko qui s’est engraissé en Algérie de le laisser céder ses assets à TotalEnergies. Ce n’est pas le cas des entreprises italiennes qui semblent bénéficier d’un « lobby » pour acquérir plusieurs avantages sans aucun risque.

Pétrole : Eni acquiert les activités de BP en Algérie

Ainsi ce qui était une simple intention du géant britannique et 5e major international qui consistait à combiner ses assets angolais à ceux du géant italien ENI présent dans ce pays, s’est concrétisé sans pour autant un « mot » de la part du partenaire Algérien qui s’avère consentant de cette transaction qui pourrait donner un coup de pousse vers la prise du monopole par le géant Italien et ses partenaires Edison et Saipem.

- Advertisement -

Le simple citoyen se demande pourquoi une entreprise qui est arrivée jusqu’à faire de la publicité écologique pour l’Algérie, produisant prés de 1,5 milliards de m3 de gaz et plus de 2,2 millions de barils de brut par an   quitte le pays pour un autre plus lointain dans une opération de « Swap » telle que rapporté par l’agence Reuters c’est-à-dire « BP s’offre des parts dans les actifs d’Eni ailleurs dans le monde, potentiellement dans son projet gazier mozambicain Coral South FLNG. Les deux parties étudieraient également l’option de la création d’une joint-venture dans le pays nord-africain. Une coentreprise qui pourrait prendre la forme de leur projet commun en Angola »(01)

En tout cas même après le communiqué d’ENI qui annonce officiellement dans son site cette transaction n’a pas pour le moment fait réagir son partenaire Algérien dont on exclu d’évoquer même le droit de préemption. Pourtant il s’agit d’un gros morceau de prés de 45,9% dans l’usine de traitement de gaz d’In amenas qui piétine depuis 2019 et un peu plus de 33% dans le centre de traitement de gaz d’In Salah.

Avec l’acquisition de ces assets, le géant italien pourrait atteindre une production globale toute forme confondue d’hydrocarbure qui avoisine 150 000 barils équivalent pétrole par jour, soit l’équivalent de près de 2,5 millions de m3 jour de gaz par jour.

Depuis 2020, l’Italie bénéficie d’avantages sans aucun risque

En dépit de l’envolée des prix du gaz dans les principaux hubs gaziers, ENI et ses partenaires ont bénéficié des prix les plus bas au monde (02) avec des éloges publiques comme si les Italiens ont fait la révolution algérienne à la place des Algériens !!!

Sur le plan contractuel, le géant italien qui était parmi le premier major à promettre d’aller vers le gaz de schiste et l’offshore s’est rabattu à des relations de transformation des contrats sous l’égide de la loi 86-14 pour bénéficier des avantages fiscaux de la nouvelle loi sur les hydrocarbures 19-13 au détriment du trésor public.

L’extension de Sif Fatima et celle d’Ourhoud ainsi que Zemlet Larbi qui ont intégrer les gisements du bloc 403 vers  les installations de Menzel Ledjmet Est(MLE). Un accord entre Sonatrach et Eni Algérie qui porte sur une simple commercialisation des quantités de gaz sec issues du périmètre Zemoul El Kbar, l’excédent de gaz du bloc 403. C’est inédit en Algérie, le lundi 18 juillet à l’issue de la signature de nombreux accord, le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune a considéré le 4e sommet algéro-italien  comme instituant une nouvelle étape dans la coopération  bilatérale. Il a eu la primeur de divulguer lui-même ce fameux contrat pour le lendemain 19 juillet 2022 en annonçant le montant de 4 milliards de dollars qui « permettra d’alimenter l’Italie en très grandes quantités de gaz naturel. » (03)

Apparemment, il y a une confusion qui déroute les observateurs. En effet, s’agit d’un «package » de travaux dans les blocs 404 et 208 dont l’exploitation est en cours et qui  sont principalement producteurs de brut ou les autres niveaux producteurs de gaz de schiste le Tight situé dans le Berkine profond ? En tout cas, dans les blocs 404 et 208, il n’y a pas de gaz naturel mais du gaz associé entre autres celui qui a permis de booster le taux de récupération jusqu’à 58% dans le bloc 404 que l’associé n’a pas à toucher mais reste contractuellement la propriété de Sonatrach.

Pourtant, l’Italie a terni l’image de marque de l’Algérie dans le monde

D’abord, c’est le pays avec lequel l’Algérie a eu les plus grosses affaires de corruption et de blanchiment d’argent. On se rappelle à juste titre pour ne pas remuer la plaie le dossier Sonatrach  Saipem qui n’est autre qu’une filiale d’ENI de cette affaire qui a défrayé la chronique et qui touche des hauts responsables du pays comme le neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères Bedjaoui et l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil sur un contrat d’une valeur de 8 milliards d’euros obtenu par Saipem auprès du pétrolier algérien Sonatrach ces dix dernières années. ENI a « volé » Sonatrach sur le gisement de SiF Fatima et le géant algérien n’a pu obtenir 400 millions de dollars qu’après un lourd contentieux.

Enfin l’achat d’une vieille raffinerie Augusta qui fait actuellement l’objet de chantage pour lui extorquer de l’argent et ses conséquences en Algérie n’est pas du tout du goût pour glorifier ses responsables.

Rabah Reghis   

Renvois

(01)-https://www.agenceecofin.com/compagnies/0206-88756-bp-demarre-des-pourparlers-avec-eni-pour-potentiellement-lui-ceder-son-portefeuille-algerien

(02)https://ec.europa.eu/energy/sites/ener/files/documents/quarterly_report_on_european_gas_markets_q3_2017_final_20171221finalcover.pdf

(03)-https://www.aps.dz/economie/142966-algerie-italie-le-president-tebboune-annonce-la-signature-d-un-accord-de-4-mds-de-dollars-dans-le-domaine-du-gaz-naturel

2 Commentaires

  1. Incompetence, corruption à l’echelle mondiale, régionalisme et nationalisme de pacotille ont eu raison de ce pays à qui la colonisation française a donné le nom d’Algerie. Et, quand il n ‘y aura plus à traire, l’Algerie deviendra une poubelle et une prison; et son « staff », émigré vers d’autres cieux.

  2. Le simple citoyen se demande pourquoi une entreprise qui est arrivée jusqu’à faire de la publicité écologique pour l’Algérie, produisant prés de 1,5 milliards de m3 de gaz et plus de 2,2 millions de barils de brut par an quitte le pays pour un autre plus lointain dans une opération de « Swap » telle que rapporté par l’agence Reuters c’est-à-dire

    Je vous réponds
    BP quitte l’Algerie parce que les affaires sont sales et très compliquées et surtout pas stables et sans aucune cohérence en plus du problème de la gestion de la sécurité
    Dans les affaires la stabilité est un paramètre très important en plus du respect des contrats (même avec le % de corruption)
    ENI c’est aussi SAIPEM !!!!!!!
    Tant que l’économie est dirigée par la police politique il ne faut pas s’étonner
    A la sonatrach un simple petit grate papier peut faire la pluie et l’orage
    l’affaire de la vieille raffinerie (qui va couter son double lors du démantèlement) et l’affaire du rafistolage de la raffinerie d’Alger (tient tien il y a aussi une société qui a renoncé à la mascarade) montrent comment le pays est géré et par qui

    Rien qu’avec l’argent et le temps dépensés dans ces deux projets j’aurai pu leur construire deux raffineries

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Les derniers articles

Commentaires récents