24 novembre 2024
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Les systèmes sclérosés et les aspirations de la jeunesse

Algérie Maroc

La décolonisation de l’Afrique du nord a donné naissance à des entités étatiques artificielles dominées par des régimes politiques autocratiques et despotiques sans légitimité historique ou démocratique qu’ils soient monarchiques, militaires, ou policier veillant jalousement sur leurs frontières c’est-à-dire leur espace de domination politique, économique et culturelle.

La colonisation a émietté la région pour en faire la propriété des Etats qui vont en faire une propriété privée. Les Etats africains dans leur configuration actuelle sont les produits de la décolonisation opposant des monarchies aux républiques, des dictatures militaires aux régimes laïcs, des Berbères aux Arabes, les Marocains aux Algériens, des Tunisiens aux Libyens.

L’Afrique du nord dans sa configuration actuelle, est une création de la colonisation française qui a tracé ses frontières; cette dernière a façonné les mentalités des autochtones en les dressant les uns contre les autres (les Kabyles contre les Arabes, les harkis contre les fellagas, les illettrés contre les lettrés, les musulmans contre les musulmans !) et en inculquant au colonisé qu’il est inférieur au colonisateur, qu’il soit marocain, algérien, tunisien ou libyen. Ce que les pouvoirs en place poursuivent au grand désespoir des peuples.

L’un ne peut se définir que par opposition à l’autre. Par conséquent un colon ne peut être qu’un privilégié par rapport aux indigènes ; le colonisé est dépourvu de tout droit, c’est un être inférieur constamment soumis et humilié, en état de carence permanente.

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Du statut de l’indigénat au statut de citoyen, que de chemin à parcourir, que d’obstacles à franchir, que de pièges à éviter. Le passage de la soumission aux autres au contrôle de soi-même et de la domination à l’autonomie est une œuvre de longue haleine qui exige patience et persévérance.

En imposant un schéma institutionnel dont la logique de fonctionnement était radicalement opposée à celle de la société indigène, et un modèle économique étranger aux réalités locales des populations, le colonisateur préparait en fait la société postcoloniale à l’échec de la modernisation politique et au développement économique.

Pour la France, la stabilité des régimes garantit la pérennité de ses intérêts en Afrique. Des dirigeants arabes et africains, pris en otage par les puissances du moment, classés amis ou ennemis en fonction de leurs intérêts, exploitant sans vergogne les frustrations des populations arabes et africaines, ces autocrates, enivrés par le pouvoir, infantilisés par l’Occident, corrompus par l’argent et emportés par leurs délires mènent à tambour battant leurs peuples respectifs, les yeux bandés, à l’abattoir sous le regard moqueur de l’Occident triomphant. Ce qui frappe d’emblée l’observateur, c’est la jeunesse des mouvements contestataires dans la quasi-totalité des pays où l’islam est majoritaire. Partout dans le monde les jeunes aspirent à participer plus activement à la gestion des affaires politiques et économiques.

Cependant dans la plupart des pays arabes les systèmes sont sclérosés empêchant le renouvellement des élites et la renaissance des idées. La jeunesse arabe et musulmane ne veut plus d’un Etat comme un legs du colonialisme ou comme un instrument hégémonique occidental.

Ce qu’elle désire par-dessus tout c’est d’un Etat de droit ouvert sur le monde fondé sur une morale et animé par des dirigeants honnêtes et compétents élus en toute liberté sur la base d’un programme  clair et d’un échéancier précis et sur la base duquel ils seront appelés à être jugés.

Les débats d’idées sont l’oxygène des démocraties occidentales, les dictatures et les monarchies arabes refusent tout débat, tout dialogue, campent sur leurs positions. Le médiateur est le temps. Le temps, c’est l’alternance entre la nuit et le jour, entre la brutalité et la souplesse. La longévité politique exceptionnelle des régimes arabes est une réalité incontestable.

Dictature et monarchie se nourrissent de la même substance (pétrole pour les uns, phosphate pour les autres) et concourent au même résultat (stabilité politique et stagnation économique). Les systèmes claniques ou tribaux règnent sur leurs sociétés en puisant sur l’expérience des monarchies arabes du moyen orient.

Dans les pays arabes pétroliers, les monarchies et le clanisme diffèrent sur la forme et convergent sur le fond. L’avènement des revenus pétroliers a permis la concentration des ressources financières et la centralisation du pouvoir de décision entre les mains d’une seule personne.

Les monarchies comme le clanisme ont survécu au nationalisme arabe et aux poussées islamistes grâce au marché pétrolier dominé par les Américains.

Les régimes claniques et monarchiques sont confrontés à deux problèmes majeurs : l’impossibilité de comprimer les dépenses publiques sans perdre leur légitimité et l’incapacité de répondre positivement aux cris de révolte de leurs jeunesses les mettant devant leurs responsabilités.

L’Etat africain n’est pas seulement un Etat dépendant mais un Etat minimal qui porte les stigmates de toutes les crises qui l’ont secoué : décolonisation ratée, intégration inachevée, extrême vulnérabilité aux ingérences et intérêts étrangers, autant d’indices d’incapacité étatique.

A ce stade la remise en cause de la relation de dépendance devient problématique. Les crises sociales affaiblissent les structures de l’Etat et le rendent de plus en plus tributaire des opérations de sauvetage financière ou militaires des puissances étrangères.

Les pouvoirs en place ont dû mal à s’adapter à la nouvelle situation. Ils sont déconnectés des besoins réels de leurs sociétés respectives, agissent le plus souvent comme sous-traitants des puissances étrangères qui veulent que le monde arabe soit à leur image et en même temps qui leur soit profitable.

Un monde dans lequel les ressources naturelles sont pillées tandis que les habitants qui vivent sur le sol et le sous-sol qui les renferment croupissent dans une misère organisée par des tyrans qui les maintiennent dans l’ignorance des véritables enjeux qui se dessinent sur la carte géopolitiques des grandes puissances. La famine sera le critère déterminant de sélection des peuples aux droits à la survie.

Dr A. Boumezrag

2 Commentaires

  1. Bref, il faut un système comme l’ancien colon (démocratie réelle, développement ambitieux, investissement maitrisés, places dans le monde … ) tout en lui attribuant toutes les tares, mais sans jamais se remettre en cause. Les causes sont pourtant nombreuses et palpables : un état d’indigence des infrastructures, des mafias puissantes jusqu’au sommet de l’état, un illettrisme croissant et l’héritage des clans plus ou moins légitimes poussant à l’islamisation rétrograde sur fond de démographie galopante. Voila pourquoi les mouvements sont jeunes : la démographie incontrôlée, le chômage record, la perspective avortée d’un avenir en Europe notamment du fait de la perte du français et un rejet culturel mutuel poussent les jeunes désoeuvrés et nombreux dans un endroit qui ne leur coûte rien : la rue.

  2. Si je comprends bien ce sont les 130 ans de colonisation de l’Algérie qui font qu’en 60 ans d’indépendance l’Algérie est dans un tel merdier???
    Un peu simple comme démonstration.

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