Comment parler d’une idée refoulée quand elle subsume les champs politique et social, le domaine de l’intime, les échanges humains et les relations bilatérales entre deux pays ?
Comment analyser une idée qui se refuse au scalpel de la raison pour trouver une demeure protectrice dans le labyrinthe de certaines passions dites douloureuses ?
Dans son Histoire algérienne de la France, Nedjib Sidi Moussa, avec une plume aussi bien exacte qu’aiguisée, nous invite à un examen critique de la centralité refoulée de la question algérienne en France.
Sans aucun détour, il exprime ses idées clairement : « Disons les choses simplement : pour comprendre la France contemporaine, il est nécessaire de se confronter, enfin, à la question algérienne ».
Du coup d’Etat du « démocrate » Houari Boumediene de juin 1965 à l’affaire Kamel Daoud en 2016, en passant par l’enlèvement de Dalila Maschino en 1978 et le procès de Klaus Barbie en 1987, cette Histoire algérienne de la France est une invitation à cesser de rejouer – ad nauseam – les guerres et les révolutions dans « la chair ou l’imagination de nos contemporains » qui, eux, ne les ont guère vécu.
Ce n’est pas L’Homme du ressentiment, mais c’est L’Homme sans ressentiment pour qui plaide Nedjib Sidi Moussa.
Faris Lounis
* Nedjib Sidi Moussa, Histoire algérienne de la France, Paris, PUF, 2022, 237 .p, 19 €.