30 avril 2024
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«L’Affaire Houellebecq »

 

Michel Houellebecq

 

Dans le dernier hors-série de la revue de Michel Onfray, Front populaire, le romancier Michel Houellebecq, coqueluche de l’extrême droite intellectuelle et fervent défenseur et propagateur du mythe du « Grand remplacement » et des idées nauséeuses d’Eric Zemmour, déclare à son ami philosophe ce qui suit : « Ce qu’on peut déjà constater, c’est que des gens s’arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées. Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamiste, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers ».

Et d’ajouter : « Je crois que le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser (…) Ou bien, autre bonne solution, qu’ils s’en aillent ».

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En réaction à ces propos ouvertement racistes, suprémacistes et fièrement islamophobes, la Grande Mosquée de Paris a annoncé – par le truchement d’un communiqué de son Recteur Chems-Eddine Hafiz – mercredi 28 décembre qu’elle poursuivait l’auteur de Soumission (2015) en justice « pour incitation à la haine contre les musulmans ».

Ce fut le point de départ de ce que le magazine Le Point (magazine situé à la droite de l’échiquier politique français et dans lequel Kamel Daoud détient une chronique hebdomadaire) a appelé « L’affaire Houellebecq ».

Le 05 janvier 2023, ce même magazine publie un dossier consacré à ladite affaire, avec « Les explications de l’écrivain », une « Enquête et débat avec Chems-Eddine Hafiz, Michel Onfray et Kamel Daoud ». Un semblant de débat a eu lieu et Michel Houellebecq s’est « expliqué » sur le contenu polémique son entretien avec Front populaire tout en ne cédant rien ni sur le fond ni sur la forme.

Mais, par-dessus Michel Houellebecq et le Recteur de la Grande Mosquée de Paris, l’intervention de Kamel Daoud – sous le titre évocateur : « La mosquée contre l’écrivain, le plus mauvais des castings » –  frappe par son déni – ou son ignorance – des réalités françaises – des racismes et de l’islamophobie – et par sa déification de « l’écrivain français le plus lu de l’époque, le plus lucide ».

Fervent défenseur de la laïcité – et avec raison – en Algérie, en France et de par le monde, Kamel Daoud, a-t-il oublié a) que le racisme qui se réclame de la laïcité n’est pas la laïcité et que b) l’esprit de la laïcité implique le fait de se méfier des prédications d’un prophète d’extrême droite se dissimulant derrière l’aura de sa plume prétendument lucide et innocente ?

Faris Lounis, journaliste indépendant.

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