22 novembre 2024
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Les « actes de vie » compilés, accommodés et manqués du peintre Denis Martinez

Denis Martinez avec Abdelkader Bendaamèche au milieu
Denis Martinez avec Abdelkader Bendaamèche au milieu

Après les dévastations humaines et territoriales de la « Décennie noire » (1990-2000), il fallait sans nul doute agir efficacement dans le champ artistique algérien pour y raccorder les fibres sensibles de la création participative et, pleinement recevable, la démarche post- terroriste du peintre-graveur Denis Martinez consistera alors à intervenir directement sur zones, notamment sous-couvert du Festival citoyen, nomade et pluridisciplinaire « Raconte- Arts ».

Contraint d’opter en 1994 en faveur de la valise plutôt que du prédestiné cercueil, le devenu Marseillais remettait, une décennie plus tard, les pieds dans le couscoussier algérien, rempilait de manière à se rappeler aux souvenirs des responsables interlopes de ses successives et inavouées désillusions. La suivante ayant été l’annulation de la rétrospective prévue en 2011-2012 au Musée d’art moderne d’Alger (MAMA), il compensait cet « acte de vie » raté (voire peut-être finalement ajourné ?) en étalant du 13 au 31 mai 2023 les cinq séquences emblématiques de sa trajectoire artistique, chacune incarnant à la Villa Abd-el-Tif les ressentis antérieurs de l’ici et maintenant.

İntitulée « İncantations des origines », la première exhibait au sein d’une petite surface voûtée les sculptures-peintures structurées entre 1965-1967, soit pendant le « Total dénuement », celui où, « récupérés dans l’ancienne décharge publique de Oued Smar à Alger», les résidus d’objets hétéroclites relataient des mauvaises conditions de travailleurs déclassés.

Si les œuvres J’ai quelques dents contre vous, M’choumi et 440 volts témoignaient de ce temps des vaches maigres, elles renvoient aussi les actuels historiens à une affirmation identitaire doublée d’une diversification des appartenances que le collectif Aouchem (Tatouages) revendiquait par l’appropriation de signes-symboles immémoriaux. İssus de l’univers archétypal, ceux-ci composaient distinctement une partie ou la globalité du tableau, servaient parfois, cachés au sein d’amulettes, à parer au mauvais-œil ou encore à ouvrir les esprits.

De là, la seconde cavité assurant le passage vers la plénitude pédagogique. Dénommée cette fois « Je prends, je donne, j’envoie, je reçois », elle transposait le spectateur vers l’exposition aménagée en 1988 au Musée des arts populaires de la Casbah d’Alger, lui synthétisait le parcours d’inscriptions fléchées livrant les réponses aux énigmes ancestrales et de l’instant présent.

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Mais, inaccompli, l’éclaircissement didactique subira bientôt la chape de plomb et coups de boutoir de l’archaïsme primaire, celui de fanatiques souhaitant ramener les Algériens dans le pré-monde de la civilité, leur imposer les préceptes sanguins de la vérité toute bonne. Aussi, acquise aux années de la profonde douleur, la troisième salle arquée affichait « Les inachevées », ces toiles ou lettres d’amis de l’avant et de l’après fuite précipitée.

Elle illustrait « le chemin de l’exil par lassitude ou la légitime crainte d’être la prochaine victime sacrificielle », le silence après la stupeur de la dernière annonce nécrologique, les échanges épistolaires avec les survivants du désenchantement, de la fin d’un « Socialisme-spécifique » auquel se substituait irrémédiablement la quête des authenticités pures. La fronde essentialo- protectionniste coupera les artistes locaux des confluences de l’interlocution paradigmatique, éloignera les plasticiens algériens des contemporaines transgressions esthétiques, des chocs performatifs révélant que la multiplicité de propositions et d’innovations, l’ « Extra-vagance » de monstrations souvent nourries des concepts moteurs des sciences sociales et humaines repoussaient l’hégélienne « Fin de l’art » redéfinie au XX° siècle en « Mort de l’art ».

Naviguant encore entre écritures et installations, la quatrième scénographie de Denis Martinez entrait en correspondance avec un autre état d’urgence, celui annonçant cette fois que le transfert « De la douleur à la fête autorise à conjurer le mauvais sort », à enfiler les habits de la fête, à changer d’humeur, sinon tu meurs, tu stagnes dans les crasses de l’innommable, tu végètes au milieu des renoncements.

Reprenant en quelque sorte le refrain « Get up, stand up, stand up for your right (…), Get up, stand up, don’t give up the fight », Lèves-toi, debout, lèves-toi pour tes droits (…), Lèves-toi, debout, n’abandonne pas le combat (couplet phare de la chanson de Bob Marley Get up, stand up-1973-), l’aouchemite poussait l’individu à s’extraire du marasme et de l’inhibition, à tenir la barre des nouveaux espoirs, à « Dialoguer avec le vent » de façon à dévier les vastes incendies de leur funeste trajectoire. Entremêlant joie et festivité, le militant culturel s’attardait sur le festival « Raconte-Arts » car c’est par le biais de celui-ci qu’il entrait « dans une espèce de vie qui me convenait vraiment ; une fois par an j’allais exister dans un espace, dans un village différent pour me retrouver au milieu des gens » (Denis Martinez, in El Moudjahid, 20 mai. 2023).

Préalablement réalisé sur écran, son collage numérique orchestrait un récit existentiel projeté sur grands formats, acclimatait des éclairages muraux conduisant à la théâtralisation de « La Grande complicité ». Également scannés ou digitalisés, ses tirages dévoilaient, en dernier ressort, certaines collaborations graphico-littéraires, reprenaient et traduisaient « les textes et poèmes des figures marquantes de la culture algérienne » (Denis Martinez, in L’Expression, 15 mai. 2023), soit ceux de Mouloud Mammeri, Habib Tengour, Si Moh, Hamid Tibouchi, Smail Hadj Ali, , Abdelhamid Laghouati, Djamel Amrani, Tahar Djaout, Youcef Sebti, Messaour Boulenouar, Noureddine Saâdi, Habina Djahnine et Abderrahmane Djelfaoui.

Convocation post-mortem ou pas, l’ultime volet événementiel fut suppléé par la conférence « De la Fenêtre du vent au chemin des Tajmaât » du mercredi 17 mai, une causerie animée par Denis Martinez et Hacène Metref, les deux principales figures de proue du festival « Raconte-Arts » (Salah Silem, la troisième cheville ouvrière, est décédé dix ans plus tôt).

Le duo reviendra sur les étapes d’une aventure apparue en 2004 en Kabylie, plus exactement au sein du village d’Ath Yenni ou Beni Yenni, auquel les trois premières éditions furent confiées. Elles s’appliqueront à redynamiser une localité à l’intersection de laquelle la place (sorte d’agora dite Tajmaât) se métamorphosait en rond-point d’invitations participatives mêlant spectacles musicaux et théâtraux, monstrations esthético-plastiques et cinématographiques, happenings vocaux (notamment via « La Nuit du conte ») et in-situ (déambulations performatives suivies de débats ou conférences). Seize années durant (2004- 2019), l’un des rendez-vous culturel les plus attendus et visités en Algérie évoluait d’étape en étape jusqu’à accueillir lors de son dernier chapitre (à Sahel-Bouzeguene) près de 10.000 estivants.

Arrivée à saturation, l’expérience exhibitionniste et conviviale (car pris en charge par les autochtones eux-mêmes) demeure en stand-by depuis la planétaire pandémie de Covid-19. Toujours pas programmée, elle attend de plus des relais porteurs ou énergies substitutives en mesure d’épauler, voire de remplacer l’ex-Blidéen qui, âgé de 82 ans, a dorénavant du mal à suivre les aménagements pesants d’une manifestation réclamant l’engagement de nombreux bénévoles, supposant une longue préparation et un engagement de tous les instants, ce que ne peut plus assumer un homme se concentrant désormais sur des événements et biotopes plus maîtrisables.

S’exprimant dans un entretien que lui accordait le quotidien El Moudjahid du 20 mai 2023, il dira avoir trouvé à la Villa Abd-el-Tif les espaces appropriés à la mise en formes et ondes des phases significatives de sa continuelle production. L’artiste les modélisera et sublimera « pour que le visiteur ait l’impression que ça a toujours été comme ça (…), créer un moment fort de dialogue avec les gens, (que les) œuvres soient une prise de parole ».

Pendant sa liminaire introduction du mercredi 10 mai à la Villa Abd-el-Tif, Martinez signalait déjà vouloir présenter « non une rétrospective, mais un choix de moments forts de son cheminement depuis les années 1960 » (Denis Martinez, in Horizons, 12 mai. 2023).

Guidée par le souci du détail, la sélection des cinq chronotopes artistiques, ou temporalités clefs, recapitalisait des médiums, expressions graphiques, prises de paroles et états d’âmes. Associées à la partition des tessitures musicales, les escales magnétoscopes entraient le jeudi 18 mai en communication avec le concert de musique haouzi(e) « Narandj » du Blidéen Farid Khodja. Suivra la soirée contes du samedi 20 mai, dite « Le lien de Tessala, Sidi Bel-Abbés à Ait Smain », à laquelle participaient les orateurs Kada Bensmicha et İdir Fares. Rythmée par les percussions du bendir et karkabou, leur déambulation processionnelle s’évertuera à perpétuer des fables ou légendes qui inculquent les principes moraux des aïeux, transmettent les bienséances d’antan, véhiculent générosité et loyauté, entraides et fraternités.

Pendant que le premier saltimbanque narrait La couleur des pommes, incitait par là-même au respect entre les personnes, le second s’attardait, avec successivement Loudja, Lalla Menana et L’Esclave, sur la valeur du travail, l’ingratitude des enfants envers leurs parents et la liberté de l’être-là.

La table ronde « Denis Martinez vu par » permettra justement à Ameziane Ferhani, Ali Silem et Karim Sergoua de revenir, le mercredi 24 mai, sur les résiliences et ponctualités émancipatrices de l’hôte de l’heure. Le lendemain (jeudi 25 mai), celui-ci lançait concomitamment la performance « Trétoir M’kassar » (trottoir cassé) et le diaporama déroulant les connivences partagées à Blida avec le poète Mahfoud El Ayachi et le chanteur de musique diwane, Mâalem Mohamed Bahaz (récemment décédé). S’ingéniant à « Dire par une expression artistique libre, pleine et dynamique toutes ses préoccupations » (Denis Martinez, in Le jour d’Algérie, 26 mai. 2023), il déclenchait les onomatopées « Eh heeh, yeh heheheeeh » ou « Paap papapapa ! » de manière à accentuer la dramaturgie des ostracismes, à brouiller les codes d’une permanente adversité que la performance « Carnafal tchaqlala » (la grande pagaille) apaisera finalement deux jours plus tard (samedi 27 mai).

Conçue par Rafik Hadouchi, le dispositif exaltait Ayred (le Lion), Dame nature, le patrimoine et les coutumes antédiluviennes des Béni Snous de Tlemcen, ritualisait la volonté de la femme algérienne à s’affranchir du patriarcal « Code de la Famille ». Les pas de quatre personnages masqués, aux visages mouchetés et aux déguisements improbables (faits de toiles de jute, branchages et feuillages, herbes sèches et cannettes,) étaient cadencés par des percussionnistes que la soprane Tinhinene Arezki supplantera pour faire taire toutes les animosités.

L’épisode polysémique et polyphonique pouvait dès lors se clôturer sur l’incantation-épilogue du chamane Martinez venu « déblayez le silence » et convaincre l’assistance que son « cœur est tatoué de signes imprenables ! », qu’il a constamment voulu éviter « les vertiges du néant pour pouvoir observer le parcours de la sève et essayer de dire que l’Art est Acte de vie ! » (Denis Martinez, in L’Expression, 31 mai 2023).

Bien que parfaitement entendable, l’assertion perdait malheureusement toute sa pertinence dès lors qu’elle fut prononcée à la Villa Abd-el-Tif, d’une part refuge héliotrope (dès 1907) des pensionnaires de l’orientalisme triomphant (contre lequel Martinez se positionnera d’emblée en 1962) et d’autre part siège d’une agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) consacrant, via la conférence du jeudi 03 août « L’artiste et la guerre de libération », la troupe artistique du FLN en tant qu’ambassadrice du combat anticolonial. L’exposition parallèle de photographies insistera sur le statut de martyrs de ses principaux représentants, sur leur rôle prépondérant dans la préservation de la mémoire et de l’identité nationales.

Chargés de répercuter les consignes d’un ministère des Arts et de la Culture accaparé à mettre en exergue la mémoire et l’histoire, à glorifier « La résistance culturelle durant la Révolution » (colloque ordonné à Alger au mois de juin 2023), à sanctuariser ou immortaliser les péripéties de la lutte armée à travers le cinéma, le théâtre et l’art, à entretenir le devoir mémoriel, ses agents ne bénéficient que d’une famélique autonomie décisionnelle, suivent à la lettre la feuille de route dictée par les conseillers culturels d’Abdelmadjid Tebboune ou les services de la propagande.

İdéologiquement formatés, ces opérateurs ont pour tâche primordiale de conjuguer le paradigme de renouveau culturo-identitaire par ou dans la véracité révolutionnaire et patrimoniale, à fidéliser les regardeurs à l’héritage des Martyrs et à la revalorisation-préservation des sites architecturaux. Leur mission « caisse de résonnance » débutera conjointement à l’exposition itinérante 60 ans de création picturale algérienne lancée en vertu du soixantième anniversaire du recouvrement de l’İndépendance.

Après Tlemcen, Béchar, Mascara, Mostaganem et Laghouat, elle campait le mardi 02 mai 2023 à Tizi-Ouzou, là où Karim Sergoua, l’autoproclamé « Fils spirituel de Denis Martinez », incitait ce dernier à débattre autour de l’histoire de l’art, à répéter les sempiternelles antiennes légitimant l’exploitation des affects ou éléments patrimonialo-identitaires, ventant l’apport d’une élite émergente inspirée du legs des fondateurs, promotrice de pratiques millénaires, d’une touche typiquement algérienne supposée être mise en phase herméneutique avec les standards mondiaux des divers courants modernes et contemporains. İnterrogé sur le « niveau de la nouvelle génération de peintres ? » (El Moudjahid, 20 mai. 2023), l’octogénaire s’en tiendra au constat d’une « profusion d’artistes amateurs ou professionnels à tous les niveaux», s’en remettra d’abord à de la quantité avant de surenchérir sur les qualités d’une créativité certes « fantastique (mais) piégée par le marché de l’art ».

À ses yeux, ce marché de l’art réclame des collectionneurs et analystes intellectuellement avertis, en mesure d’élargir les horizons esthético-conceptuels du plasticien, de mieux baliser les potentiels de son cheminement particulier. Si l’éthique de singularité ainsi décrite doit selon lui s’annexer « à la fonction primitive de l’artiste, (aux) besoins religieux et mythiques de la tribu », alors pourquoi cautionnait-il, par sa seule présence physique, une exposition placée en jonction symbolique avec la commémoration du 78° anniversaire du 08 Mai 1945 ? La fresque collective érigée proche de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou évoquait du reste celles commandées durant les décennies 60 et 70 aux révélateurs de la Révolution agraire, voire aux contributeurs du cinéma historico-révolutionnaire, art dit authentique encore priorisé par le ministère de la Défense nationale.

Comment donc saisir les interventions ponctuelles d’un expatrié revenu se fondre dans un contexte fortement marqué par les relents patrimonialo-révolutionnaires mais aussi le contestable enfermement de nombreux hirakistes, notamment du dernier des Mohicans, le valeureux rédacteur İhsane El Kadi ? Honneur vivant de la presse algérienne, il croupit depuis décembre 2022 en prison et verra la Cour d’appel du dimanche 18 juin 2023 alourdir de quarante-huit mois supplémentaires l’initiale peine de cinq années (dont trois fermes) décidée le 02 avril.

Prompt à imager l’assassinat de Tahar Djaout, Denis Martinez ne dira mot au sujet des détenus d’opinion, à fortiori du gérant de la Web « Radio M » et du journal électronique Maghreb Emergent, alors que dix intellectuels qualifiaient l’Algérie de « vaste cachot » dans la tribune du Monde éditée le 30 mai en direction du chef de l’État algérien. Se plaignant ouvertement de l’acharnement sécuritaire et judiciaire prévalant en Algérie, de la « situation chaotique des droits de l’homme et des libertés fondamentales », ils demandaient parallèlement la libération de tous les autres francs-tireurs maintenus arbitrairement en détention pour avoir uniquement mis leur grain de sel au cœur des rouages anti-démocratiques du régime militaro-essentialiste.

Ce que n’a pas voulu ou su comprendre Denis Martinez, c’est qu’en acceptant le copinage réparateur de Myriam Aït El-Hara (cheffe du département arts visuels et patrimoine de l’AARC) et consorts, il s’embarquait en mai 2023 dans le wagon lénifiant d’une structure culturelle annexe dont le directeur général, Abdelkader Bendamèche, résumait la monstration 60 ans de création picturale algérienne à « un regard vers le passé et les anciens artistes qui ont participé à la Révolution algérienne » (Abdelkader Bendamèche, in Le jour d’Algérie, 03 mai. 2023).

Mandater pour vulgariser l’agenda identito-nationaliste du ministère de tutelle, il célébrait le samedi 19 août 2023 le double souvenir du 20 août 1955 (offensive du Nord- constantinois et Congrès de la Soummam) en conviant Abderrahmane Bastanji (ou Taha Al-Amiri, l’ancien membre de la troupe artistique du FLN et ex-président de la commission de lecture des scénarios de 1984 à 1989) et en se réjouissant du récital de chants patriotiques donné à l’occasion.

Le sociologue de l’art et de la culture que nous sommes peut parfaitement admettre que, confrontés aux difficultés économiques du pays, voire à une rivalité interne de positionnement et de reconnaissance, des artistes locaux adhèrent au schéma idéologique en cours, inscrivent délibérément leurs prérogatives dans une stratégie symbolique de maintien de pouvoir pourtant à mille lieues des enjeux inhérents à l’évolution holistique du genre « art contemporain » en Algérie. Cependant, quand le principal « pour-voyeur » de celui-ci transmigre avec l’optique de planter, articuler et focaliser ses « Actes de vie » dans une capitale où les organes médiatico-cathodiques répliquent quotidiennement (à partir des postulats de l’anti-France) les anachroniques signifiants maîtres de la « Nouvelle Algérie », il nous faut cette fois mettre un terme à toute relative complaisance. À notre sens, venir de la rive septentrionale de la Méditerranée pour fragmenter quelques permanences visuelles, c’est soutenir, même implicitement, la condamnation des prétendus relais endogènes de la « Main extérieure », la défense paranoïaque et tendancieuse d’une pseudo pureté révolutionnaire couplée de mythologies religieuses et d’identifications patrimoniales (lesquelles servent curieusement à pasticher les chromos de l’Orientalisme rutilant).

Or, il se trouve que la revalorisation du patrimoine, interprétée comme support du redressement moral, est en France l’une des priorités majeure du Rassemblement national, ex- Front qui, en accointance temporelle et culturelle avec les sectaires de la « Nouvelle Algérie », attend patiemment sa consécration élyséenne pour prendre une revanche sur l’Histoire. İssu idéologiquement de l’Organisation armée secrète (OAS), il s’apprête en effet à possiblement sanctionner les descendants de celles et ceux ayant mis fin au rêve de l’Algérie française.

Cette plausible option braquera davantage des décideurs algériens monopolisant le système bancaire et les retombées financières d’un tissu industriel déconnecté des ressorts économiques internationaux, verrouillant les initiatives et visions prospectives des promoteurs d’une libre entreprise favorable à la diversification durable de l’économie, s’opposant aux réformes stratégiques susceptibles de dynamiser la croissance, de surcroît le marché de l’art que Denis Martinez néglige au nom de vieilles croyances sur le rôle spécifiquement socio- spirituel de l’expression du sensible. Le revers de la médaille, c’est un isolationnisme culturel atrophiant des « Actes de vie » gommés du tableau de la consécration artistique mondiale.

Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art et de la culture

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