Après avoir apporté une réponse sécuritaire aux violences urbaines de l’été, la Première ministre Elisabeth Borne a présidé, vendredi 27 octobre, à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), un comité interministériel des villes avec des élus de communes populaires.
Une évolution de la politique du logement
La Première ministre a annoncé que la géographie des quartiers prioritaires serait « actualisée » pour « s’adapter au mieux aux réalités de terrain ». Cela se fera dans le cadre des nouveaux contrats de ville 2024-2030, qui seront conclus « ces prochains mois ». Elle veut également lutter contre « la concentration de la pauvreté ». Elisabeth Borne a donc demandé aux préfets « de ne plus installer les personnes les plus précaires dans les quartiers qui concentrent déjà le plus de difficultés », afin d’encourager une mixité sociale.
Ce sont les ménages reconnus Dalo, pour « droit au logement opposable », qui ne devront plus se voir attribuer de logements dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, a précisé Matignon. Les ménages Dalo disposent d’un droit au logement reconnu par la justice et doivent être prioritaires dans l’attribution de logements sociaux. Près de 35 000 ménages ont obtenu la reconnaissance de ce droit en 2022 et plus de 93 000 restent en attente d’un relogement malgré cette reconnaissance, en grande majorité en région parisienne.
Les préfets auront également consigne de stopper la création de nouvelles places d’hébergement d’urgence, destinées aux personnes sans domicile, dans ces mêmes quartiers.
Un accompagnement vers l’emploi
« La formation et l’emploi sont les clés de l’émancipation et de la liberté de chacun de choisir sa vie », a estimé Elisabeth Borne. La cheffe du gouvernement a annoncé que le programme « Quartiers 2030 », dévoilé fin juin à Marseille (Bouches-du-Rhône) par Emmanuel Macron, serait étendu. Objectif : détecter et accompagner les entrepreneurs des quartiers populaires dans la réalisation de leurs projets.
Un fonds en faveur des associations de lutte contre la pauvreté, pour remobiliser les publics les plus éloignés de l’emploi, sera également doté de 300 millions d’euros sur trois ans, « dont la moitié bénéficiera aux habitants des quartiers », a assuré Elisabeth Borne. Par ailleurs, elle souhaite porter à 5 000 le nombre d’entreprises partenaires de la démarche « Les entreprises s’engagent pour les quartiers », soit 2 000 sociétés supplémentaires.
Enfin, une politique de testing pour lutter contre les pratiques discriminatoires dans « l’accès aux stages, à l’embauche, au logement ou aux prêts bancaires » sera déployée. Cette pratique consiste à envoyer au même employeur, bailleur ou banquier des CV ou dossiers de personnes différenciées seulement par un point pouvant faire l’objet de discrimination (couleur de peau, nom à consonance étrangère, adresse, handicap…).
Un renforcement des services publics
La Première ministre veut aussi « lutter contre les inégalités de destin », notamment en appuyant sur l’école, la santé et la culture. Elle a annoncé l’ouverture de « 100 crèches supplémentaires » dans les quartiers prioritaires, cofinancées par le public et le privé. Elle a par ailleurs promis l’ouverture de « 60 centres de santé », qui réuniront « des professionnels de santé et de l’accompagnement psychosocial » qui devront « aller vers les habitants et les orienter ».
Elisabeth Borne a aussi rappelé qu’Emmanuel Macron avait demandé une extension des horaires d’ouverture des collèges à partir de la rentrée 2024, entre 8 heures et 18 heures, et l’ouverture systématique des écoles dans la dernière quinzaine d’août dans les quartiers populaires. Les horaires des bibliothèques dans « 500 collectivités » seront également étendus, notamment le dimanche. La Première ministre a également confirmé la généralisation des cités éducatives. Ce dispositif, lancé par l’ancien ministre de la Ville, Jean-Louis Borloo, vise à améliorer la prise en charge des enfants à partir de 3 ans et des jeunes jusqu’à 25 ans, avant, pendant et autour du cadre scolaire.
Enfin, Elisabeth Borne a réitéré son annonce de la veille, selon laquelle des premières forces d’action républicaine (FAR) interviendraient d’ici la fin de l’année à Besançon (Doubs), Valence (Drôme) et Maubeuge (Nord). Ce dispositif vise à « traiter les difficultés que les populations rencontrent, en matière de sécurité, mais aussi pour des réponses judiciaires, éducatives ou sociales », en envoyant davantage de policiers, mais aussi de fonctionnaires des finances, de professionnels des secteurs éducatif et judiciaire, ou encore de travailleurs sociaux, de manière temporaire dans un quartier. Elle a également rappelé que « plus de policiers » seraient déployés dans les quartiers prioritaires, notamment pour lutter « contre le trafic de drogue ».
Un programme pour accélérer la transition écologique
La Première ministre a annoncé que 24 nouveaux quartiers seraient retenus dans le programme « Quartiers résilients » d’accompagnement à la transition écologique. Ce programme, lancé en 2022 et doté de 250 millions d’euros, encourage le verdissement des opérations de rénovation dans les quartiers sélectionnés. Par exemple, en traitant le problème des îlots de chaleur urbaine, en améliorant la performance énergétique des logements ou en encourageant l’économie circulaire.
Elisabeth Borne a aussi promis que 15% du fonds vert, un dispositif lancé en 2022 pour accélérer la transition écologique dans les territoires, serait ciblé vers les quartiers de la politique de la ville. Par ailleurs, un grand plan de réhabilitation des copropriétés dégradées sera lancé, avec un projet de loi dédié. « Leur rénovation doit être une priorité », a déclaré la Première ministre.
Avec Francetvinfo