Jean-Claude Michot est un écrivain romancier très prolifique, il a publié plus de quinze romans et la plupart des histoires de ses romans se déroulent à Lyon, cette ville où il a exercé le métier de chauffeur de taxis pendant vingt ans, après avoir côtoyé tant de gens, il est à même de mieux comprendre l’âme humaine dans sa part mystérieuse et sa complexité.
L’écriture dont le style et la force n’ont pas cessé de s’élever pour donner le meilleur dans l’ombre et la lumière, comme ferait un peintre jouant avec les couleurs, mais Jean-Claude Michot jouant avec les mots. Cette écriture qui n’a pas cessé de s’affiner, elle s’est imposée pour le plus grand bonheur des lecteurs. Les romans de Jean-Claude Michot captivent, désorientent, entre suspense et intrigues, le tout si bien tissé pour nous tenir en haleine.
Le Matin d’Algérie : Benoît Cohen pour écrire son roman Yellow cab, Taxis jaune, a décidé de devenir chauffeur de taxi pendant plusieurs mois à Manhattan comme son héroïne, afin de mieux restituer la réalité dans la fiction, mais vous, vous avez été chauffeur de taxi pendant 20 ans, vous avez écouté des milliers de gens, l’écriture coule chez vous comme un fleuve, comment est née cette soif d’écrire ?
Jean-Claude Michot : Paradoxalement, ce n’est pas mon ancien métier qui m’a donné l’envie d’écrire, mais c’est un cri du cœur. Mon père ayant été abandonné par sa mère, institutrice, qui n’a pas voulu l’élever car il n’était pas désiré, en a beaucoup souffert. J’ai voulu décrire la vie de ma grand-mère, sans pour autant la dénigrer et par ce livre : « 1927. Marthe, institutrice et fille mère », j’ai rendu hommage à mon père et tenté de raconter ce qu’a pu vivre ma grand-mère.
Après ce livre, j’ai désiré transmettre mon ressenti sur mon voyage par la route de Lyon jusqu’en Inde en 1978. Puis, mon troisième livre fut : « Jean le taxi », fruit de mon expérience, mais aussi fiction mâtinée d’intrigues.
Ensuite, je n’ai eu de cesse de continuer cette aventure littéraire et le besoin d’écrire est devenu de plus en plus impérieux, au fil des ans,
Le Matin d’Algérie : Maintenant les romans se succèdent, auriez-vous écrit si vous aviez fait un autre métier ?
Jean-Claude Michot : Il faut savoir que je n’écris que depuis l’âge de 60 ans ; il est vrai que durant ces longues années de taxi, j’ai eu le temps, en étant en attente de clients, de lire pas mal de livres, ce qui m’a sans doute aidé à écrire.
Le Matin d’Algérie : comment vous vient l’inspiration ?
Jean-Claude Michot : Bonne question ! Le plus dur est de trouver un sujet. Ensuite l’inspiration me vient tout en écrivant, assez naturellement, je dois dire. Peut-être suis-je inspiré par tout un fatras de réminiscences des nombreux films que j’ai visionnés. Mais, cela est une spéculation. En revanche, il m’est arrivé de rester bloqué plusieurs jours, en attente d’une idée pour pouvoir poursuivre mon roman.
L’habitude aussi m’aide énormément et écrire est devenu un peu comme un réflexe.
Le Matin d’Algérie : Quels sont les auteurs qui vous inspirent ?
Jean-Claude Michot : Il n’y en a pas beaucoup. Je dirais : Emile Zola, Hermann Hesse dont j’ai lu presque tous les livres et David Goodis, un des maîtres américains du roman noir.
Le Matin d’Algérie : Votre écriture n’a pas cessé de s’affiner, qu’en pensez-vous ?
Jean-Claude Michot : Vous avez raison. N’ayant pas fait d’études supérieures en lettres, ayant toutefois une base de quatre années de latin, il m’a été assez difficile d’avoir un bon style dès le début de cette aventure. Je dois dire que je suis assez méticuleux et rigoriste et j’essaie de ne pas m’endormir sous mes lauriers. Je ne fais quasiment jamais relire mes livres pour l’orthographe, deux ou trois fois, j’ai fait appel à une collègue pour vérifier la logique de l’histoire et la syntaxe.
Maintenant, je pense qu’avec la force de l’habitude et la rigueur que je m’impose, il est normal que mon écriture se soit affinée. Je suis peut-être comme le bon vin, je m’améliore en vieillissant !!
Le Matin d’Algérie : La littérature peut-elle aider à changer notre vision du monde ?
Jean-Claude Michot : Absolument ! Mais il dépend des auteurs que l’on lit. « Germinal » d’Emile Zola que j’ai lu étant tout jeune m’a effectivement chamboulé et, par la suite, j’ai continué à découvrir des livres abordant le sujet qui me tenait à cœur. Oui, les livres nous aident à acquérir une vision élargie des phénomènes du monde. Après c’est aussi une question de sensibilité. Tout le monde ne ressent pas le même livre d’une façon identique. Problèmes de vibrations, certainement. Mais le terreau est important.
Entretien réalisé par Brahim Saci
Faut etre fort pour ecrire ainsi, c.a.d. inspire’ ou en perspectif d’un passe’ vecu. Je l’ai fait et a la 200eme pages comprime’es chacune a la virgule pres, je l’ai brule’ et refuse’ sa publication. Mais, c’est enormemment benefique. Ca fait murir de constater sa psychee nue. Bon courage.