« Aɛattar » est l’un des premiers titres, voire le premier, dans lequel la revendication identitaire est traitée à sa juste mesure, avec cette force tranquille qui caractérise notre barde.
« J’ai rêvé comme si c’était vrai, le présent n’est plus le passé ». Ce présent calqué sur le passé où de tous temps moult envahisseurs ont tout fait pour nous faire perdre nos repères et nous empêcher de nous émanciper de la tutelle des colons.
Dda Lounis ne réclame pas moins qu’un miroir pour voir si son ami dit vrai quand il affirme ne plus reconnaitre ses traits. «
Je veux savoir si c’est vrai, si l’épée m’a pas à ce point buriné ». Il s’agit évidemment de de toutes sortes d’idéologies, celles qui sont invitées chez nous sabres et mousqueton sà la main, de ces envahisseurs venus nous pacifier. Nos aïeuls n’ont-ils pas été forcés d’épouser l’islam par l’épée ?
À cet égard, il me revient en mémoire ma professeur de Français, une Algérienne debout, en seconde au lycée de l’émir Abdelkader d’Alger, quand pendant l’étude comparative des textes de Rabelais et Voltaire, la religion s’était invitée dans les débats : -« vous savez mes enfants, nous dit-elle quasiment en chuchotant, quoiqu’on en dise, l’Islam nous a été imposé par l’épée ». Ce jour-là, la moitié de la classe est devenue athée !
Comme quoi, l’éducation peut vous faire basculer d’un extrême à l’autre par une seule phrase empreinte de vérité.
Le marchand ambulant
J’ai rêvé de l’arbre édulcoré
Heureux de ses racines ravivées
J’ai rêvé de l’arbre édulcoré
Par ses racines enfin irrigué
J’ai rêvé de l’arbre édulcoré
Enfin dans ses terres planté
J’ai rêvé comme si c’était vrai
Le présent n’est plus le passé
J’ai rêvé comme si c’était vrai
J’ai vu la montagne se ranimer
J’ai rêvé comme si c’était vrai
Son tapis de givre enfin dégelé
J’ai rêvé d’une chaine en fer
Cousue de ficelles d’écrue
J’ai rêvé d’une chaine en fer
Reliée à des fils satinés
J’ai rêvé d’une chaine en fer
De soie, à la terre accolée
Ô toi le marchand ambulant
Vends-moi un miroir pour me voir
Mon ami vient de m’alerter
Qu’il ne reconnaissait plus mes traits
Je veux savoir si c’est vrai
Si le couperet m’a à ce point buriné
De laine j’ai tissé un tapis
On accoure de tous les pays
Tout le monde se le disputait
À l’ombre je ne faisais qu’observer
Quand je voulus le protéger
La gâchette s’est enrayée
Il m’en a demandé le coût
Ton prix sera le mien
Les gens ne trouveront pas
La place du fusil évidée
Je ne te le cèderai pas
Même en lingots d’or acquitté
Celui qui les connait est démasqué
Tel un têtard dans un ruisseau
Les flots qui l’ont entrainé
Sur les rives les germes se sont amoncelés
Leur amour n’est qu’impossible grimpée
Leurs connaissances que contrariété
Kacem Madani
Il ne pourra plus jamais chanter ces magnifiques chansons « engagées, droit au but, claires, où il affirme l’identité et où il prend position à l’encontre de l’islam.
L’ autocensure est sa devise.