28 mars 2024
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Octobre 1988/2022 : des ONG dénoncent la feuille de route répressive

Octobre 1988. 34 ans déjà que le peuple algérien s’est soulevé pour réclamer ses droits  fondamentaux et légitimes, spolié par le système au lendemain de l’indépendance du pays, écrivent plusieurs ONG signataires de cet appel. 

Ce fût le 05 octobre 1988, qu’un tournant historique a inscrit l’Algérie dans la pluralité politique, médiatique et syndicale, et a amorcé une ouverture démocratique, a permis au peuple algérien  pour la première fois d’accéder à ses droits civils et politiques et qui a mis fin à 30 ans de parti unique. Même si cela n’a été de courte durée, les Algériens et Algériennes n’ont pas oublié les promesses obtenues en réponses au soulèvement du 5 octobre 88  date du tragique soulèvement populaire qui a donné suite à travers l’élaboration de la constitution de 1989.

Cette ouverture arrachée au prix des sacrifices suprêmes des centaines d’Algériennes et Algériens, particulièrement des jeunes massacrés dans le sang par l’armée, n’a été en fait qu’une courte parenthèse vite refermée encore une fois dans le sang, suite au terrorisme et la lutte antiterroriste qui a ensanglanté le pays durant la longue décennie  90 et qui a fait 200 000 morts et des milliers de disparus. Une décennie qui, depuis, a figé le pays dans la division, la peur et le traumatisme entretenus sciemment par le système en vue d’annihiler toute vie politique et civique authentique et qui a sabordé toute initiative et dynamique de changement démocratique effectif.

Malgré les luttes sociales, le Printemps noir 2001 en Kabylie au prix de 129 morts, les  révoltes populaires incessantes et les différentes initiatives politiques, le  pouvoir jouant la division et la grande corruption s’est arc-bouté au pouvoir durant 20 ans de règne.

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Il a fallu attendre le Hirak pacifique prodémocratie du Février 2019 pour que le peuple algérien, dans un sursaut de dignité, reprenne sa destinée en investissant la rue dans l’union, héroïquement et pacifiquement pour exiger le changement démocratique effectif, le recouvrement de sa souveraineté et de ses droits.

Les hirakistes ne demandaient que le parachèvement de la révolution de libération nationale par l’édification de l’Etat de droit, civil et social tant rêvé par nos martyrs.

Le pouvoir, au lieu de saisir cette chance historique pour le pays et en faire une amorce pour un changement démocratique apaisé, a non seulement tourné le dos aux aspirations du peuple algérien, mais s’est engagé dans une guerre implacable contre les militants du Hirak et toutes les voix discordantes.

La feuille de route du tout répressif sur fond d’une transition clanique à l’intérieur du système est déclinée dès les présidentielles de 2019 imposées par l’armée qui n’avait de soucis que de rétablir sa façade civile.

Pourtant massivement rejetées par le peuple, comme d’ailleurs tout l’agenda électoral qui s’en est suivi, et malgré le déficit en légitimité, cela n’a pas empêché bien évidemment le pouvoir de d’imposer par la force, la répression et la terreur. En effet, la répression s’est alors abattue sur les militants, les militantes et les organisations autonomes, citoyens et citoyennes qui ont continué à exiger le vrai changement et le respect des libertés et des  droits humains.

Cependant, la situation des libertés individuelles et collectives ne cesse de se dégrader, La liste des détenus d’opinion ne cesse de s’allonger.

C’est pourquoi, il apparait qu’un sentiment de vengeance contre les citoyens et citoyennes en Algérie même et au sein de notre digne diaspora s’est instauré.

Certes, l’espoir nourri par le Hirak de 2019 semble s’amenuiser de jour en jour mais personne ne peut enlever au peuple Algérien sa victoire; c’est-à-dire la destruction de la façade civile qui a servis de paravent au niveau national et international pendant des décennies.

Cette année encore, nous célébrons cet événement dans un climat de répression et de restriction des droits fondamentaux des Algériennes et des Algériens, des menaces sur les acquis démocratiques de 1988.

Le bilan est lourd : des milliers de  personnes ont été interpellées et poursuivies en justice, voire même des militants des droits de l’homme ou des responsables d’association et de partis politiques qui ont purgés de lourdes peines d’emprisonnement. Plus de 300 activistes militants pacifiques dont des journalistes, des syndicalistes, des défenseurs des droits humains, des militants des partis politiques et des organisations de la société civile sont encore en détention arbitraire, interdit de quitter le territoire, sous contrôle judiciaire,  condamnés à des peines de prison ou poursuivis par de graves accusations dont le terrorisme.

Leur seul tort est d’avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux politiques,  d’opinion, d’expression et de manifestation pacifique pourtant garantis par la Constitution et les conventions internationales de protection des droits de l’Homme ratifiées par l’Algérie.

Des partis politiques et des associations de la société civile sont interdits d’actions ou menacés de dissolution, leurs militants et dirigeants emprisonnés ou harcelés à l’image du PST, UCP, MDS, RCD, PT…, RAJ, SOS Bab El Oued, SDH Oran, LADDH, SNAPAP, CGATA, CARITAS tout récemment, etc. Des sièges d’organisations syndicales, associations ou de partis politiques sont fermés par le biais de procédures administratives ou en faisant appel à l’instrumentalisation de la justice.

Des journalistes sont mis en prison alors que le délit de presse est abrogé, le champ médiatique est totalement verrouillé, des médias libres légués par octobre 88 sont mis à mort a l’image de liberté, D’autres attendent encore leurs tour comme El Watan.

Même si le pouvoir semble profiter de la crise internationale,  Tous les subterfuges utilisés pour cacher la fragilité sur fond d’absence de souveraineté du peuple et dans des batailles  claniques qui n’en finissent pas, exposent encore  plus le pays aux risques d’instabilité car en l’absence d’une véritable légitimité intérieure rien ne peut redonner une légitimité ou une quelconque valeur au régime actuel.

Le système ébranlé par le Hirak ne peut s’imposer face aux puissants de ce monde quels que soient les atouts qu’il considère posséder car les enjeux sont énormes.

Certes les Etats peuvent mettre en avant leur intérêt strict au fit des mécanismes internationaux de protection des droits humains, mais seules les solidarités internationales des peuples exprimées avec la contribution et le soutien de la communauté algérienne à l’étranger apportera  le soutien nécessaire qui pourrait sortir le pays de ce cette répression aveugle dont a besoin le peuple algérien.

Saisissant l’occasion de cette date historique, nous organisations, saluons la résistance du peuple, l’abnégation et le courage des militantes et militantes qui continuent encore sur le terrain à braver l’arbitraire, le diktat et à faire face à la machine répressive du pouvoir. Certains l’ont lourdement payé par la prison, l’asile et toute sorte de privation de leurs droits les plus élémentaires.

Aujourd’hui encore, nous tenons à renouveler notre engagement et à réitérer notre exigence envers le pouvoir pour :

– Le respect des libertés fondamentales et des droits humains des Algériennes et des Algériens.

–  La libération immédiate et inconditionnelle de l’ensemble des détenus d’opinion, des détenus politiques et des journalistes,

–  L’arrêt de la répression et du harcèlement des militants, des militantes et des Défenseur.e.s des droits humains.

Par ailleurs, tout en  réitérant notre demande pour une ouverture démocratique,  médiatique et politique a même de permettre aux citoyennes et citoyens d’exercer leurs droits légitimes,

Nous appelons les organisations de la société civile, des partis politiques et des activistes  militants.es a continuer à exiger le changement, à se mobiliser et à exprimer la solidarité avec les détenus d’opinion et leurs familles.

Restons mobilisés et solidaires pour recouvrir nos liberté et notre dignité.

Les organisations signataires :

CFDA, SOS Disparus, LADDH, Riposte Internationale, SNAPAP, CGATA.

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