27 avril 2024
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À la croisée des chemins !

Chemins croisés
Image par 652234 de Pixabay

Des personnes ayant partagé un passé de recherche de l’idéal, d’instruction et de cultures identiques peuvent-elles prendre un jour un chemin séparé des autres ? Assurément oui, c’est même la définition de l’humanité où la singularité des individus assure la pluralité des richesses créatrices humaines.

Par ailleurs nous savons aussi que les mots comme les expressions peuvent être parfois polysémiques, c’est-à-dire prendre un sens différent selon le contexte. Il est assez fréquent qu’un des sens prenne le dessus sur tous les autres dans l’usage.

C’est le cas de l’expression « À la croisée des chemins » qui est une interprétation uniquement associée à une prise de décision où chacun doit avoir le courage de sa position divergente qui nécessite une séparation. À la croisée des chemins prend ainsi de nos jours l’exclusif sens d’une lutte d’opposition entre les choix et les idées des uns et des autres.

Pourtant je ne partage pas cette acception unique de l’expression qui l’enferme dans une interprétation de rupture. Tout d’abord en se référant à l’origine de l’expression qui nous vient du moyen-âge catholique. Le croisement des chemins était la métaphore de la représentation de la croix. Un point de ralliement où toutes les diversités se rejoignent dans une communauté de foi.

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Effectivement la croisée des chemins peut être interprétée comme une convergence des chemins et non l’inverse. C’est un point de vue qui reviendrait à l’origine de l’expression et qui au fond est également l’un des sens possibles du mouvement physique par rapport à un centre, s’en éloigner ou converger vers lui.

Et puis, même si on part du sens d’aujourd’hui, c’est-à-dire de l’éloignement par la séparation, il y a de nombreuses situations où la rupture n’est absolument pas la conséquence inévitable. Les fratries et les amis  prennent un jour la décision de se séparer à un carrefour de la vie, parce que cela est naturel et souvent salutaire pour les équilibres sociaux des groupes nouvellement formés par chacun.

L’arrogance humaine face à l’épreuve du temps

La nature crée des séparations à la croisée des chemins que représente le Printemps par éparpillement des graines. Elles sont natives d’un même corps mais se dispersent pour la perpétuation de la vie.

Il en est de même pour les opinions politiques. Normalement l’esprit en maturation à l’école ne les permet pas tout autant que l’institution doit les prohiber. Cette communion dans l’enfance ne peut totalement disparaître un jour par la croisée des chemins qui arrive inéluctablement.

Quels que soient les combats politiques et les idées en concurrence, il nous restera toujours au fond du cœur cette enfance insouciante dont nous avons tous partagé le doux cocon.

C’est la raison pour laquelle il ne faut pas craindre les confrontations d’idées dès lors qu’elles sont librement exprimées. Elles sont les graines d’un même arbre qui, malgré des situations « faussement guerrières », ne mettent pas en danger les sociétés mais accroit leurs chances.

La croisée des chemins n’est donc pas forcément une rupture par la décision de prendre des routes différentes si la décision d’en prendre une est un libre choix. La rupture est dans l’intention d’exclure ceux qui ont pris un chemin différent. Ce n’est alors pas la croisée des chemins mais l’obligation d’une « sortie du chemin » par décision autoritaire.

La diversité des opinions est la richesse de l’humanité, elle égrène les talents, les cultures et les idées. La relation incestueuse des idées, comme celle en biologie, est la condamnation à une dégénérescence ou à la mort certaine des communautés humaines.

Il ne faut jamais oublier qu’avant de prendre des routes différentes, le chemin a été unique par une même origine.

La croisée des chemins est le moment de prendre ses responsabilités à exprimer sa profonde différence, y compris par le combat violent des idées ou des armes, mais elle n’est pas la sortie de l’humanité.

Sid Lakhdar Boumediene

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