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samedi 11 octobre 2025
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À la recherche de la tombe de Tahar Ouettar

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Hier, c’était l’anniversaire de la disparition de l’écrivain algérien Tahar Ouettar. Un ami m’a raconté qu’il s’était rendu, avec quelques proches, au cimetière d’El-Alia pour se recueillir sur sa tombe.

À l’entrée, le gardien lui indique aussitôt : « Carré des martyrs ». Mais mon ami et ses compagnons préfèrent vérifier au bureau de l’administration. L’accueil est cordial, les archives impeccablement tenues : dossiers classés par année, carte du cimetière, application recensant les défunts…

La responsable fouille dans les fichiers, consulte les archives, mais rien. Mon ami lui demande alors la liste des défunts du 13 août 2010. Nouvelle piste, nouvelle déception : toujours aucune trace.

Sur le point d’abandonner, ils font un dernier essai et retournent au carré des martyrs. Et là, enfin, ils trouvent la tombe de Tahar Ouettar.

En repartant, le gardien est toujours là, sourire narquois aux lèvres :

— Je vous l’avais bien dit, carré des martyrs… mais vous, vous suivez la technologie.

Mon ami lui répond, amusé :

— Excusez-moi… j’avais oublié que c’est vous le maître du cimetière.

Moralité : la fonction efface le grade, mais pas toujours l’instinct.

Tahar Ouettar, né à Sedrata, fut l’un des piliers de la littérature algérienne d’expression arabe. Romancier, nouvelliste et dramaturge, il a signé des œuvres marquantes comme Dukhan fi Qalbi (Fumée dans mon cœur), Al Zilzal (Le Tremblement de terre) ou Tajriba fi Al ouchq (Une expérience d’amour). Certaines de ses histoires, à l’image de Les martyrs reviennent cette semaine, ont été adaptées au théâtre ou au cinéma, et couronnées de prix prestigieux, du Festival de Carthage à la télévision algérienne.

Traduit dans plus d’une dizaine de langues — du français au vietnamien —, étudié dans les universités du monde entier, il a porté haut une littérature enracinée dans l’âme algérienne et ouverte aux influences universelles, revendiquant dans ses propos l’héritage à la fois de Pablo Neruda et des poètes arabes comme Al Mutannabi ou Al Chanfara.

Voyageur infatigable, défenseur de la langue arabe et de l’identité culturelle, il répétait : « Je suis un oriental. J’ai mes propres rites, et la foi des croyants doit être respectée. » Quinze ans après sa mort, ses mots et ses personnages continuent d’habiter notre mémoire, comme un souffle qui refuse de s’éteindre.

Djamal Guettala

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4 Commentaires

  1. Merci de me donner l’occasion de rappeler que cet écrit-vain était d’une stupidité sans pareille et affichait ouvertement un racisme des plus abjects envers les Amazighs et surtout les Kabyles. Le fascisme existe aussi dans une certaine littérature.

  2. Tahhar Ouettar : “Une grande perte pour le monde arabe.”

    C’est ainsi qu’on aurait pu annoncer sa disparition, si l’on voulait rester fidèle à sa ligne éditoriale… et à son goût pour classer les âmes selon leur passeport linguistique.
    Mais Guettala n’a voulu prendre dans cet hommage que la part de son pays.
    Dans son panthéon personnel, la littérature ne se mesurait pas à la force du verbe ou à la profondeur de la pensée, mais à la pureté de la syntaxe arabe et à la capacité d’ignorer toute influence étrangère.
    Ah, Tahar Ouettar… apôtre infatigable d’une arabité aussi pure que l’eau du zamzam (filtrée trois fois, sans additifs francophones).
    Lui, pour qui la langue française n’était pas un simple outil mais un intrus à expulser manu militari de la maison Algérie.
    Pour Ouettar, les écrivains francophones n’étaient que des “étrangers dans leur propre pays” – de drôles d’oiseaux qui gazouillaient dans la langue de Molière comme si c’était encore l’heure de la colonie.
    Et quand Tahar Djaout fut assassiné, il trouva la formule qui fit frémir jusqu’aux pierres :
    « C’est une perte pour sa famille… et pour la France. »
    Tout était dit : Djaout n’appartenait pas à l’Algérie, pas à sa littérature, pas à son ciel. Juste à la France – qu’il fallait tenir à distance, même par-delà la tombe.
    Avec Ouettar, on pouvait toujours compter sur un “tir ami” — ami de la patrie, bien sûr, mais surtout ennemi de toute prose qui ne s’agenouillait pas devant l’arabité canonique.
    Un francophone, à ses yeux, c’était un peu comme une sardine dans un couscous : ça ne devrait pas exister, et si ça existe, c’est forcément un coup des autres.
    Il avait, il est vrai, le chic pour transformer chaque débat littéraire en guerre de libération version linguistique : un seul drapeau, une seule langue, un seul camp.
    Et gare à celui qui osait parler de diversité culturelle — il finissait rangé dans le camp adverse, celui des “amis de l’ennemi”.
    En somme, Ouettar, c’était le douanier de l’âme algérienne : il contrôlait les passeports linguistiques et renvoyait illico tout texte qui ne respectait pas le visa de l’arabité pure.
    Et dire que Daoud et Sansal n’ont même pas eu l’outrecuidance d’être absents… Ou était-ce Ouettar, parti trop tôt, qui a réglé la distribution des rôles ? Chaque départ anticipé devient alors un commentaire muet sur la fidélité à l’arabité canonique. Leur plume, elle, a résisté, même quand Boudjedra est monté au front, prouvant que la littérature peut franchir les barrières d’une syntaxe puritaine.
    Pendant ce temps-là, ces bigots de la littérature engagée du Matin-Dized, égarés dans la Babel des langues et des idées, restent cloîtrés dans leur tour, persuadés que tout écart est une trahison à l’ordre immaculé, et continuent de gazouiller, convaincus que l’unique vérité tient dans un seul dictionnaire, une seule syntaxe, une seule patrie.

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