L’objectif de ce commentaire n’est pas de faire de la littérature comparée entre nos deux géants de la syntaxe moliéresque mais de relever le deux poids deux mesures appliqué par les organisateurs des rencontres culturelles au pays.
Comme il le revendique lui-même, et a juste titre, la tournée de Yasmina Khadra en Algérie fut un véritable succès puisque « vous étiez près de 3000 à venir m’écouter, chose inhabituelle et inimaginable chez nous pour un écrivain » écrit l’auteur dans un message de remerciements adressé à ses fans.
Il serait bon pour la santé intellectuelle du pays que notre Boualem national soit sollicité pour effectuer une tournée identique et partir à la rencontre de ses lecteurs aussi.
Une telle tournée si elle venait à se faire, démontrerait que le pays s’est véritablement réconcilié avec les meilleurs de ses enfants.
Mais, contrairement à Yasmina Khadra, par ses positions courageuses, notamment contre l’islamisme, Boualem Sansal dérange. Il a toujours dérangé ! À tel point que contrairement à Yasmina Khadra dont les livres foisonnent à Alger, ses œuvres se font rares dans les étals des librairies !
Les organisateurs d’Alger, Oran et Tizi-Ouzou qui ont invité Yasmina Khadra auront-ils le courage de faire de même pour Boualem Sansal ? Rien n’est moins sûr, quand on sait que les quitus pour les rencontres culturelles de cette dimension doivent se délivrer par ceux qui n’acceptent pas que l’on se mêle de politique.
Il reste à espérer que des voix de ténors s’élèveront pour encourager, voire exiger, tel évènement !
Il est peut-être utile de rappeler, pour appuyer telle initiative, que Boualem Sansal est le troisième auteur algérien à avoir été récompensé par le Prix méditerranéen de littérature après Tahar Djaout et Kamel Daoud.
Kacem Madani