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A Tizi-Ouzou, Youssef Aouchiche tombe à bras raccourcis sur le MAK

Youssef Aouchiche

Youssef Aouchiche

Dans son meeting, tenu ce samedi au théâtre régional Kateb Yacine de Tizi-Ouzou, le premier secrétaire national du FFS, Youcef Aouchiche, s’en est pris au MAK tout en repassant les vieux plats chers au pouvoir. 

C’est donc à partir de Tizi-Ouzou que Youcef Aouchiche met en demeure «pouvoir, classe politique, syndicats et citoyens» contre les dangers «d’un monde en profonde mutation, où la force supplante le droit, où les guerres  et les bouleversements géostratégiques ne font que croître».  

Les dangers de la «propagande antinationale»

Sentencieux, le premier secrétaire du FFS lance comme pour s’en convaincre : «Jamais dans notre histoire, nous avons été confrontés à des défis d’une telle ampleur, jamais nous n’avons été exposés à des menaces aussi graves ciblant notre sécurité nationale».

Une fois ces grands principes expédiés de son discours, il revient à l’essentiel de son message à Tizi-Ouzou : «les séparatistes». Un sujet de circonstance pour lequel il semble venu dabs la ville des Genêts. Pour l’occasion, Youssef Aouchiche use d’un discours au ton maximaliste.

Bien sûr, au passage, l’air de rien, le premier secrétaire du FFS a pris son courage à deux mains pour s’alarmer sur «l’état de gel de la scène politique». Tout en évitant de parler explicitement des nombreuses violations des libertés, encore moins des plus de 200 détenus d’opinion. Le chef du FFS ajoute : «Nous ne voyons aucun signe allant dans le sens de la détente et de l’ouverture en direction des forces politiques du pays».

Il constate : «Cette situation incompréhensible est pourtant contre-productive». Il n’ira pas plus loin dans la critique de l’arbitraire qui a cours en Algérie. Bien au contraire, il avertit comme pour renvoyer l’ascenseur au régime que «lorsqu’on restreint le champ de la critique objective et constructive et qu’on ne favorise pas l’organisation autonome de la société, on laisse la porte ouverte à la propagande antinationale et aux extrémistes de tout bord».

« Félonie » et « trahison« 

Youssef Aouchiche loue, à juste titre, dans son discours, «la diversité et la pluralité» qui, ajoute-t-il, «fondent notre identité» et embraue pour descendre en flammes «certains charlatans et extrémistes». Il estime que «le renoncement à ses référents notamment dans la conjoncture périlleuse que nous traversons  relève de la félonie et de la trahison».

Abondant dans le sens du discours officiel, il avertit : «Le new harkisme  qu’il soit  l’expression de la folie séparatiste des uns ou de l’anti-kabylisme primaire des autres  doit être combattu à tes les niveaux mais d’abord sur le terrain politique en élevant le niveau de conscience de nos concitoyens et par des décisions  fortes en mesure de renforcer la cohésion nationale et  de ressusciter les liens de confiance entre la société et les institutions de l’Etat ».

Comme pour se donner bonne conscience, il rappelle que «le FFS a été le premier parti à avoir inscrit dans son programme le reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle.»

Il convoque pêle-mêle la mémoire d’Aït Ahmed et de Mouloud Mammeri comme donner quelque contenance et référent à son propos. «Comme l’a affirmé à plusieurs reprises Hocine Ait Ahmed, les deux langues, amazigh et arabe, ne recouvrement pas deux aires culturelles distinctes mais participent d’une même affirmation identitaire : l’Algérianité !» (…) Au FFS,  nous avons fait un credo de cette déclaration de feu Mouloud Mammeri : « quand je travaille à la berbérité, c’est à l’Algérianité que je travaille ».

Le verne haut, Youssef Aouchiche citera même Ali Mecili, tout en s’interdisant de commémorer la date anniversaire de son assassinat. En effet, le FFS n’a organisé le 7 avril dernier, aucune manifestation en mémoire à l’ancien bras droit de Hocine Aït Ahmed. Et a même cessé d’exiger quelque vérité sur son meurtre commis à Paris en 1987.

Plus de 30 ans après l’ouverture démocratique, la question amazighe reste un sujet abrasif et n’en déplaise au FFS, il demeure «l’objet de marchandage politique». Et s’il le demeure c’est qu’elle n’est pas réglée. En l’espèce, le pouvoir en place a une grande part de responsabilité.

Après avoir tourné en rond sur la question amazighe, Youssef Aouchiche  décoche ses fléchettes sur le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie tout en se gardant de le citer nommément.

«Comme Hocine Ait Ahmed, Sadek Hadjeres, Mebrouk Belhocine… au FFS nous n’avons jamais séparé la revendication amazigh de celle et de la souveraineté algérienne», puis enfonce le clou : «C’est cette amazighité qui rassemble, facteur de cohésion et d’unité que nous réclamons, que nous voulons développer,  une amazighité qui tire sa substance de Jugurtha et de Massinissa  et non pas de Boukhous. Tenter de mettre tamazight ou la Kabylie  au service du sionisme et de ses alliés des Émirats et du Makhzen pour s’attaquer à notre pays relève de la trahison».

Le premier secrétaire du FFS en remet une couche : «Il se trouve aujourd’hui des leaders autoproclamés de la « Kabylie » qui,  plutôt que faire leur autocritique et reconnaître qu’ils ont contribué par leur discours et leurs actes à faire le lit du séparatisme, cherchent à donner des leçons à un parti comme le FFS sur cette question et tentent de se repositionner  sur le dos de cette région.»

Et insiste : «Nous leur disons à partir de Tizi-Ouzou que ceux qui ont fait le lit au séparatisme, en faisant de tamazight un fond de commerce et de la question identitaire une surenchère politicienne pour l’exercice du pouvoir ne peuvent aujourd’hui se prévaloir d’une quelconque légitimité pour combattre ces idées.»

Une fois le compte du MAK considéré comme réglé, Youssef Aouchiche revient à la situation nationale pour exprimer ses inquiétudes. «Nous n’avons pas cessé d’alerter sur les risques d’une gestion unilatérale, sans concertation et sans débats, des affaires de la nation, risquant de conduire à la démission  puis à la défiance de larges pans de la société», souligne-t-il.

Il estime que «les impératifs liés à la sécurité nationale, que nul patriote ne met en cause, a fortiori dans ce contexte sensible, ne doivent pas servir d’alibis pour bâillonner la société et à provoquer l’extinction de toute vie démocratique dans le pays».

Il considère que «s’acharner à neutraliser, à coup de lois répressives les médiations politiques et sociales ne fera que renforcer les groupuscules extrémistes, prompts à instrumentaliser les incohérences et les défaillances internes pour semer la discorde et la désunion et porter ainsi atteinte à l’image et à la stabilité du pays.» 

Puis il conseille doctement : «La politique de tout sécuritaire, la répression et l’arbitraire  n’ont jamais été la solution. Ce qui forge les sociétés et immunise les Etats c’est l’adhésion et l’implication du peuple dans l’imagination et la concrétisation de son destin».

Synthèse Yacine K.

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