12 décembre 2024
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Abchiche Belaïd : « Dnunit acḥal telha », que la vie est belle !

Impérieuse culture du terroir 

Abchiche Belaïd : « Dnunit acḥal telha », que la vie est belle !

Encore un artiste talentueux tombé dans les abysses implacables de l’oubli, et qu’il est nécessaire de faire découvrir aux nouvelles générations. 

Même si le titre phare qui l’avait fait connaître au grand public est « Dnunit acḥal telha », son répertoire est composé d’une multitude d’autres enregistrements, parmi lesquels « A yellis n taddart-iw », « Ya ɛami ya ɛami », « ḥamlaɣk ay-iḍ », « aḥessad », ou encore « A-rebbi fek-iyi lḥaq-iw », « Amerkanti », etc.

À noter une diction très claire qui permet de comprendre ses chansons dès la première écoute. En ce qui nous concerne, tout au moins. Le kabyle d’Abchiche Belaïd étant celui des collines de notre enfance, celles de Larbaâ Nath Iraten.

À noter aussi que le titre « Dnunit acḥal telha » a été enregistré sous deux styles distincts : l’un sous forme de « cht’ih r’dih » et l’autre en style Chaâbi avec un istixbar approprié. C’est cette dernière version que nous vous proposons pour écoute.

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Biographie

Abchiche Belaïd est né le 25 novembre 1935, à Agouni Gueghrane, un village qui a donné naissance à la grande figure de la chanson kabyle, Slimane Azem.

Bélaïd fut, d’ailleurs, un disciple de Slimane Azem dans son inspiration, mais en même temps un grand admirateur de cheikh El Hasnaoui. Il a fait ses débuts dans la chanson en France. Son apprentissage et son initiation à aux instruments de musique à cordes se faisaient en dehors des heures de travail. Comme tous les artistes de son époque, son art ne lui permettait pas d’assurer la « khobza ».

Il se laissait prendre dans les filets de la musique pour combler le vide qui l’entourait et éviter de fréquenter d’autres milieux. Au fur et à mesure, il commençait à connaître quelques notes de musique, puis des airs entiers. De là, il s’est lancé dans l’interprétation de certaines chansons patriotiques appartenant à d’autres artistes très connus. 

Selon un de ses amis, le défunt Salah Saâdaoui : Abchiche Belaid avait écrit et composé des chansons engagées, qu’il a chantées dans des bistrots, en présence de notre communauté, au moment où la guerre faisait rage au pays. À titre d’exemple « Ayamjahed γer tafat it lahoud » ensuite « Asmi tevda el guirra e-nanas medden ed lakteb ». Ces deux chansons n’ont jamais été diffusées et pourtant elles ont été enregistrées à Radio Paris. 

En dehors de sa qualité de chanteur, Abchiche Belaid, était aussi un excellent musicien et il a accompagné des chanteurs de talent tels que Slimane Azem, Hadj Menaouer, Mohand Rachid avec lequel il a chanté en duo, et bien d’autres encore. 

Ce n’est que vers les années 1970 qu’il a rejoint l’orchestre de la chaîne 2 en tant que musicien pour espérer une maigre retraite. Au sein de la radio, il a procédé à 49 enregistrements, toujours répertoriés dans la discothèque. Abchiche était un cheikh dans le chaâbi algérois. Lui qui vivait à Fort de l’eau, il était différent des autres car il jouait du banjo sur scène, au lieu du mandole ou de la guitare propres au chaâbi ou à la chanson kabyle. D’ailleurs, il aimait souvent interpréter des textes de Saïd Douara, lui aussi décédé à Paris. 

Il a quitté ce monde prématurément en 1982, à tout juste 47 ans. 

Nous vous proposons la piste audio et la transcription de son titre phare « Ddunit acḥal telha ». Il y met en exergue le fait que la vie est si belle que personne n’en est rassasié, même centenaire. Il chante la beauté du pays et sa terre, pas du tout ingrate envers ceux qui se donnent la peine de la travailler. Sacré avertissement, qui n’a malheureusement pas été suivi, ni par le pouvoir, ni par le citoyen ! Les souk-el fellah et le pétrole ayant transformé tout le monde en paresseux !

Ddunit acḥal telha

isstixbaṛ

Ddnunit ulac wi ţ yeṛwan

Ulla dat l-miyat ssna

N t saqssaten amek illan

Nnan kulci i ɛedda am tirga

Awi yuffan ad iḍul zman

Armi ţura iss-nufa l-benass

 

Rythmique

Ddunit acḥal telha

Kul leweqt ye ţaked ṛezk iss

El ber labḥar el hawa

Ulac wi yerwen iɣimi-ss

 

Eyaw a nefɣat ɣer beṛṛa

Ar idurar lakw d-s’ḥel-iss

A naẓut dina ṭejra

Ad d-ass n-cebaḥ udem iss

Bac akken a ţ-qwu l-ɣella

Ad erwun yakw leɛbad-iss

 

Lhawa n tmurt neɣ

Akal-iss hedd ur t yesɛi

Ayen t xedmed ad yefeɣ

Mi t zerɛed l hadja a ţ mɣi

Ar l kir ar aɣ t ssufeɣ

Ma yella n’kerziţ irkwelli

 

Di tefssut zegzawen

Mi nwalla neɛma temɣi

I felaḥen lla ferḥen

Kulci yeǧuǧug  i ţ nerni

Ullama d lmel n ssen

Xirek ya sidi rebbi

 

L’fakya lekw d neɛma

Kulci i ţ assed di lawan

N’ţeddu am saɛa

Si yiṭṭij d ubeḥri d waman

Ig xedem bab n lqedra

Sabḥa nek a bab eṛṛaḥman

Auteur
Kacem Madani

 




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