Jeudi 4 avril 2019
Abdelkader Bensalah, l’homme des transitions avortées
Si Bensalah prend l’intérim du poste présidentiel comme le stipule l’article 102 de la constitution, l’on pourra dire que le système honni tente de réussir sa transition-maison avec l’appui de la muette.
C’est-à-dire par le régime et pour l’avantage du régime en place depuis 1962. Comme ça, la continuité que le pouvoir, largement contesté par le mouvement populaire, n’a pu pas faire passer avec le cinquième mandat de Bouteflika suite à l’extraordinaire révolte de la rue, pourra la réussir avec ce vieux président du sénat. Car le personnage au profil servile a déjà prouvé ses dispositions pour pareilles missions. Comme si l’Histoire se répète, il a eu à mener une transition dont ce que nous vivons aujourd’hui étant la conséquence directe.
Cela remonte à l’année 1994. En effet en ces temps de la fin de son mandat (fin 1993 début de 1994), le HCE sous la présidence d’Ali Kafi, a intronisé ce même Bensalah à la tête de la commission nationale du dialogue(CND), chargée de trouver une issue à la crise de pouvoir qui s’annonce imminente en s’approchant de la date de l’expiration du mandat de Chadli Bendjedid, repris par le haut comité de l’État après que l’ancien président eut été démis de ses fonctions par les militaires.
C’était alors un dialogue de sourds qui avait conduit à une conférence nationale tenue fin janvier mais boycottée par les principaux opposants. Les travaux de ce conclave favorable aux galonnés, les véritables tenants du pouvoir, ont fini par désigner le 30 janvier le général Liamine Zeroual au poste du chef de l’État après l’avoir proposé à Abdelaziz Bouteflika qui deviendrait président cinq ans plus tard, démis lui aussi après 20 ans de règne catastrophique.
À la création du Conseil national de transition (CNT) pour accompagner Zeroual dans sa mission transitoire prévue pour trois ans, c’est Bensalah qui a pris la tête de cette institution de pouvoir législatif. Une sorte de récompense pour l’effort fourni par ce larbin pour verrouiller le dialogue, ou du moins le mener dans le sens désiré. Ensuite, après l’élection présidentielle de 1995 ayant plébiscité le même Zeroual aux fonctions de président de la république, dans ce qui a été appelé parachèvement de l’édifice institutionnel, des élections législatives ont été organisées en mai 1997.
Entaché de fraude massive et contesté par les partis à leur tête le FLN, où l’on a vu son secrétaire général Boualem Benhamouda descendre dans rue en compagnie des autres leaders politiques, le vote a été validé avec des résultats en faveur du RND, un parti né trois mois plus tôt par la bénédiction des décideurs et ayant comme premier secrétaire général ce même Bensalah.
L’ascension poussée par une main invisible de ce personnage servile ne s’arrête pas là. En effet, pour inféoder dans une servilité totale le pouvoir législatif au pouvoir exécutif dont les leviers sont détenus derrière un rideau opaque, le même Bensalah en indu élu, à l’installation de l’APN fraîchement mal-élue, est propulsé au perchoir de la chambre basse du parlement.
De 2002 à nos jours, par le même procédé d’opacité, il occupe celui de la chambre haute faisant de lui le deuxième homme de l’État, plutôt la clé du système pouvant palier à tout imprévu.
C’est d’ailleurs lui qui présidé la séance du parlement ( les chambres réunies) ayant commis le viol constitutionnel de 2008 pour amender l’article sui limites les mandats présidentiels à deux. C’est un inconditionnel du régime façonné pour le régime dont le rôle est d’avorter toute transition pouvant surgir du peuple.
Non Bensalah, l’un des sbires de la muette auquel on mis entre les mains un pouvoir législatif long de 25 ans, ne pourrait que dynamiter la dynamique populaire. Non, il faut qu’il dégage avec ses maîtres ordonnateurs. C’est vrai qu’une bataille est gagnée mais gageons que cette marionnette au CV étoffé de manipulations ne gâche pas la première victoire du peuple.