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Abdelkrim, mon petit frère

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Mohamed Benchicou

Abdelkrim, mon petit frère

Je le savais capable de tout pour me contenter. Je ne pensais pas qu’il irait jusqu’à me laisser lui survivre. Sans doute ne l’ai-je pas vu vieillir trop tôt, vieillir avant l’âge, vieillir comme on peut l’être dans ce pays dépouillé de ses soleils et qu’il avait appris à traverser, comme des millions d’autres, dans la nuit et le froid.

Il était mon petit frère. C’est tout. Il était heureux de me voir rire. Et moi, je n’ai pas toujours ri avec lui. C’est la vie, dira-t-on. Je ne sais pas.

Pendant mes années de prison, il souffrait à ma place. C’était lui qui m’apportait les vêtements à El-Harrach et les sandwiches dans les geôles souterraines du tribunal d’Alger où l’on parque les détenus comme du bétail, jusqu’au soir, sans nourriture. Ce n’est pas grand-chose, un vêtement chaud, un sandwich, mais en prison c’est une part inespérée de bonheur. Et lui, le savait : il vivait, comme bien des Algériens, dans un univers de petites choses, sans prétention, des choses des gens modestes, des gens de l’autre bord, ceux qui ne demandent rien parce qu’il n’y a jamais personne pour les entendre et qui s’en vont, une nuit, sur la pointe des pieds, ne regrettant sans doute rien de ce monde où il leur a manqué, enfant, le sou pour rien, et, adulte, un lit d’hôpital avec des médecins suffisamment heureux pour transmettre un peu de leur félicité aux gens qui s’en vont, parce que ne pas vivre heureux dans cette terre n’interdit pas qu’on y meurt avec un peu de quiétude.

Abdelkrim, mon petit frère, je le sais, aurait aimé cette ultime douceur-là pour ne pas mourir dans l’ambiguïté.

Adieu, petit frère !

Auteur
Mohamed Benchicou

 




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