Lundi 6 janvier 2020
Abdelmadjid Tebboune et les braconniers
Un article que j’ai signé le 4 janvier a provoqué le trouble au sein de quelques lecteurs et donné l’occasion à des snipers, rétribués ou non, de s’adonner à leur vile besogne.
Aux premiers, j’adresse ces clarifications, par devoir envers eux.
1. Cet article controversé est la suite d’un précédent article publié le 22 décembre, intitulé « Tebboune, faut-il désespérer ? » et qui se terminait ainsi :
« Tebboune, en supposant qu’il soit sincère, cultive, lui, l’illusion de croire qu’il est en mesure, à lui seul, de rétablir les choses avec sa seule volonté. Sans État, sans soutien populaire, sans implication des Algériens…Non, M. Tebboune, vous allez rapidement réaliser ce qu’il en coûte de mépriser la volonté populaire : vous n’êtes pas outillé pour mener les batailles que vous citez. Il vous faudrait la puissance de la légitimité populaire ; vous ne l’avez pas. Vous devrez, tôt ou tard, composer avec des forces alternatives, parmi les oligarques, les puissances de l’argent, parmi le commandement militaire, parmi les services et la bureaucratie….Le président pense satisfaire la jeunesse en annonçant son intention de nommer des ministres de 26-27 ans. L’intention, si elle est fondée, peut paraître louable mais dans un orchestre comme dans un gouvernement, l’âge ne fait rien à l’affaire. Le plus important est de savoir quelle symphonie on va interpréter et sous la direction de quel chef d’orchestre.
Dans les prochaines parties, nous reviendrons sur le regard de la jeunesse, sur la similitude entre Bouteflika et Tebboune et sur les raisons qui nous font dire qu’il y a des motifs de croire au changement et de ne pas désespérer »
2. Cet article controversé devait expliquer pourquoi Tebboune se trompe en croyant nommer des technocrates (Ferhat, Chitour, Belhimer…)
La formulation est impropre je le concède. Quand je dis « Je crois pouvoir dire que c’est la première fois que des ministres sont sélectionnés sur des critères étrangers au clanisme, au régionalisme ou à la si ancienne loi du tribalisme (J’aurais dû écrire : » On peut concéder à Tebboune que c’est la première fois que des ministres… » mais c’est pour préciser que dans le vocabulaire politique consacré, on appelle ce type de gouvernement, un gouvernement de technocrates, ce qui, en vérité, n’est en rien une garantie : on peut débuter en technocrate et finir en kleptocrate, ainsi que nous l’a démontré le régime de Bouteflika. »
Je rassure les lecteurs : je ne connais ni Ferhat Ait Ali ni le professeur Chitour, je ne les ai jamais rencontrés; je n’ai pas plus l’habitude de prendre le thé avec Amar Belhimer que je n’ai pas revu depuis le jour de ma sortie de prison, le 14 juin 2006, c’est à dire depuis près de 15 ans. Je n’attends rien de personne. J’écris selon mes convictions, hier, aujourd’hui et demain, quel qu’en soit le prix et il en sera ainsi jusqu’à ma mort.
3. J’en arrive à mon but : l’illégitimité est l’obstacle principal à la réussite. J’ai voulu, là aussi, ironiser « La morale est donc sauve, la compétence également, la volonté de réussir aussi, sans doute. Que manque-t-il alors ? Eh bien, la caution de ce peuple dont ils ont décidé de faire le bonheur sans son assentiment. Et la légitimité, pour un gouvernement c’est comme l’eau de l’océan pour les poissons. Le gouvernement Tebboun entrera en action dans un pays qui ne lui a pas ouvert grandes les portes du palais. Il subsistera toujours la tâche d’avoir accédé au pouvoir au prix de l’incarcération de centaines de jeunes manifestants. C’est là un handicap d’autant plus lourd que l’Algérie qu’ils vont représenter est au bord de la faillite après 20 ans de règne de Bouteflika et qu’elle ne dispose, curieusement, plus que…du Hirak comme arme pour échapper au pire. »
Ce sont là des éclaircissements aux lecteurs qui ont pu être troublés par l’article tel qu’il était (mal) rédigé.
J’en suis désolé.
Quant aux braconniers qui sévissent sur la toile, armés de leurs fiel et de leurs claviers et qui se sont donnés pour mission de juger, condamner puis exécuter, je leur dis simplement que pour être passé par la nuisance de plus puissants qu’eux, ils ne sont pour moi que des créatures de zoo. C’est curieux qu’on ne les ait pas entendus pendant les vingt années de Bouteflika…Mais à l’imposssible…
Pour le reste, je n’ai rien changé de mes idées ni de mes positions, j’en paye le prix, en silence, sans tendre la main à personne, ni à vous, ni à l’État, ni au gouvernement, je n’ai besoin de personne, ni de Tebboune, ni de Belhimer ni des tontons macoutes qui dirigent les médias ce qui, en se regardant les yeux dans les yeux, n’est pas le cas de tous….N’est-il pas ?