29 mars 2024
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Abderrazak Abdelkader : le dindon de la farce des « nationalistes » algériens

OPINION

Abderrazak Abdelkader : le dindon de la farce des « nationalistes » algériens

Comment ose-t-on parler d’un quelconque projet politique, institutionnel et culturel, lorsqu’autour de nous, nous continuons, à nourrir l’ostracisme, le rejet et l’invective. La sélectivité mémorial devient une culture nationale, au lieu de tout prendre, de classifier et d’édifier notre patrimoine historique multidimensionnel et le diffuser fortement de part le monde, dans l’idée d’émerger comme nation novatrice et créatrice.

Pourquoi se laisse-t-on bercer par des voix monocordes qui nous laissent entendre une seule sonorité monocorde et excluant le vocalisme d’une harmonie, bien naturelle et enchanteresse, pour les générations futures. Nous, nous ne sommes que des cobayes de la politique de labos. Ceux qui maintiennent le statu quo dans le travail de notre mémoire historique, ne font que perdurer l’œuvre aliénante du colonialisme.

Ils sont de fidèles adeptes de la destruction programmée de notre propre mémoire. Sinon, comment peut-on comprendre toute cette machine médiatique qui s’est subitement réveillé, entre Alger et Paris, entre 2005 et 2011 afin de souiller la mémoire d’un des membres de la famille de l’émir Abdelkader, le fils de l’émir Mohamed-Saïd El-Hassani El-Djazairi, le militant communiste Abderrazak Abdelkader.

Il est encore dit et écrit, que ce petit-fils de l’émir Abdelkader est un être « sulfureux », collaborateur et traître à l’Algérie et à la cause palestinienne. On évoque sa prétendue collaboration et acquaintance avec le Mossad « israélien », sa prétendue infiltration du FLN-ALN pour le compte de cet organisme, en apportant aide et soutien nécessaire. On rappelle des voyages qu’il aurait fait et d’une façon fréquente en Palestine occupée. Il est interdit de séjour en Syrie pour espionnage et démasquer, dans ce pays, comme « ennemi de la nation arabe ». Interdit d’entrer en Egypte et condamné en Algérie, pour haute trahison et mis en prison par Ben Bella. Enfin, tout a été dit sur cet homme au point d’effacer ses dates de naissance et de décès.

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Abderrazak Abdelkader est né en 1914 à Damas et mort durant l’été 1998, et non en 1978 comme on le laisse croire encore. Il aurait été enterré au cimetière d’Afikim, au sud de l’ancien village palestinien de Samakh (rive sud du Lac Tabariah). Le cimetière appartient au kibboutz (coopérative de colonie agricole sioniste) du même nom, dont les terres son une propriété de l’émir Abdelkader. Mais Abderrazak est surtout, celui qui renia son appartenance de classe, en coupant court avec son arbre généalogique et cela dès les années 1940. Il estimait que la nature sociale et culturelle de sa famille est en totale inadéquation avec ses convictions idéologiques et politiques. Il fut un modèle de la désertion de cla

En pleine guerre, dite arabe, contre l’occupation britannique de la Palestine, il adhère aux idées de la IIIe Internationale communiste. De même, qu’il était très actif dans la lutte antinazie dans les pays di Levant, durant la Seconde guerre impérialiste. Il fut membre du réseau clandestin de la résistance sous la coupe du PCF en Syrie et ses succursales « communistes » syriennes et libanaises, avant la réorganisation de ses derniers en partis autonomes. Il entamera aussi des contacts avec des les réseaux clandestins des communistes juifs et palestiniens. Il est déjà un internationaliste bien rodé à l’action politique et armée.

Dynamique, présent sur plus d’un front, son allure européenne et sa taille nordique, lui valent une possibilité de passer inaperçus aux travers de situations périlleuses. Il sera un militant communiste au sein du service du renseignement de la résistance française (FFL), le Bureau du Contre-Renseignement (BCR), sur le front syrien. Il sera transposé en territoire français, pour le compte du PCF allié à De Gaulle. Les archives du PCF, nous le diront un jour peut-être.

A la libération de la France par les troupes anglo-américaines, la découverte des horreurs des camps d’extermination massive nazis, permettait aux organisations sionistes armées d’émerger et d’une façon extraordinaire grâce à l’appui logistique et politique des britanniques. En France, les Betar, Stern et Haganah recrutaient des hommes pour la colonisation en Palestine, le Palmach (Le Partage, en hébreux) faisait partie avec une nette considération de libération des juifs de la colonisation anglaise.

Il est dit que Abderrazak y faisait partie de ce bataillon du Palmach, grâce à une relation qu’il aurait eu avec un certain Isaac Shamir, alors agent du Mossad à Paris. La mission parisienne de ce dernier se limitait en fait, à recueillir tout ce qui intéresse les juifs de France et recensé les victimes des exactions nazis, de même de permettre de déplacer les juifs de l’Est vers la Palestine après les avoirs regrouper dans un camp de transit en Autriche. Il y a eu, par contre, un intérêt de la part de cette antenne sioniste en France, un certain intérêt pour les nord-africains qui militaient pour la résistance du cheikh Al-Husseini, mais au-delà à faire de Abderrazak Abdelkader un informateur sioniste, cela relève de la mauvaise fois de la part de ceux qui s’agitent dans un esprit purement révisionniste de l’Histoire. Nous maintenons fortement l’entrave idéologique et la force de conviction politique de l’Algérien, qui lui interdisait vivement de prendre contact avec des forces bien rétrogrades et pro-impérialiste.  

Nous parlons d’un militant communiste algérien des années 1940, trempé dans l’acier de la formation de la science marxiste-léniniste et dans la maîtrise des deux langues, arabe et français, une formation qui lui permettait de distinguer la relation dialectique et matérielle de la question de la libération anticolonialiste et celle de la solidarité prolétarienne à un niveau mondial. Il sera membre du Mouvement de la paix que le Kominform avait initié en tant qu’organisation anti-impérialiste, les fantasmes d’historions ne manque d’ailleurs pas autour de cet organisme, comme étant celui des services secrets soviétiques de l’époque. Et pourtant, Khelifa Laroussi, le père de l’ex-patron du Groupe Al-Khalifa en faisait partie à une certaine époque. Abderrazak Abdelkader se rapprocha des étudiants communistes du PCF, à un moment où le parti de Thorez, commence à être traverser par les grands débats sur le rôle du mouvement communiste international envers les mouvements révolutionnaires de libération nationale, avec l’expérience de la Chine populaire qui pointe à l’horizon.

La lutte du peuple vietnamien, à partir de 1945, celle de l’indépendance de l’Inde, du Philippine, d’Indonésie et le triomphe de la révolution paysanne en Chine, imposaient le repositionnement des partis communistes européens envers le rôle de la paysannerie dans les pays arriérés économiquement et l’intérêt grandissant de l’étape démocratique nationale pour la construction du socialisme. Abderrazak se rapprocha de plus en plus des militants communistes libanais et syriens, présent en France. Il sera un maillon relationnel entre les communistes arabes et le PCF, tout en demeurant militant au sein du PC algérien.

En Palestine, il avait une tout autre vision des choses. Il croyait fermement à l’existence de deux identités nationale et historique sur la terre de Palestine. Il rejoignait en réalité le programme du Parti communiste « israélien », qui voulait inclure les Arabes de Palestine en son sein. Une position qui était celle du PC soviétique et du Kominform, mais vite abandonné après les tueries de Deir Yacine et les monstruosités sionistes en Cisjordanie et au Néguev (sud palestinien).

Il avait visité les territoires de 1948. Il le faisait sporadiquement jusqu’à 1968 et sur invitation de deux militants progressiste palestiniens. Les deux premiers maires de la ville de Nasiriya (Nazareth), MM. Amin-Salim Jarjora et Saif-Eddine Al-Zoubi, dirigeants et fondateurs du Parti Démocratique Arabe, que les partis de la gauche « israélienne » appui jusqu’à ce jour.

Il croyait encore à une possibilité d’une émancipation du peuple juif par le biais du socialisme et voyait dans les coopératives « kibboutz » un modèle d’autogestion socialiste dénué de contradiction de classes. Il repart en France après un bref séjour en Galilée. Cette vision est certes discutable à la lumière des évolutions des luttes politiques et militaires dans la région du Moyen-Orient, mais nous citerons un fait anodin qu’Abderrazak Abdelkader a vécu avec l’équipe de la revue Les Temps Modernes, que dirigeaient Jean-Paul Sartre et Claude Lanzmann. Ce dernier avait sollicité la contribution d’auteurs Arabes et « Israéliens » pour un numéro spécial, intitulé « Le conflit israélo-arabe » (qui paraitra en juillet 1967). Les collaborateurs au numéro, 17 écrivains et penseurs Arabes et 26 « israéliens » et Arabes des territoires de 1948, avaient opposés un véto sur la participation de l’Algérien. Les uns, disaient que ses positions d’une entente « israélo-arabe » sont contraire à leur position en tant que forces progressistes arabes, les autres, déniés qu’il soit leur parole même s’il partageait son avis. Le petit-fils de l’émir se retrouve dans une situation délicate d’un incompris de part et d’autre. L’article refusé chez les subjectivistes de la pensée existentielle, le militant algérien l’enverra à la revue italienne, IL Ponte qui le publiera dans son volume 24, de mai 1968, sous le titre « L’arabisme, l’antisionisme et le pétrole ». La pensée qui se dégage de cet article pourrait être résumé par l’auteur lui-même, qui disait en 1967 :

« Je ne considère pas le sionisme comme une entreprise que l’on peut qualifier de coloniale. Je ne connais pas non plus le problème palestinien : comme la grande majorité des Occidentaux, je ne perçois le conflit que dans sa dimension globalement israélite-arabe… Les mêmes hommes politiques arabes qui ont protesté, n’ont pas eu de soucis avec l’argent introduit par les Juifs dans le pays (…). Ils n’ont montré aucun mépris vis à vis de l’argent qui a pris soin de leur population rurale. »

Pour se saisir davantage de la vision de l’homme, il n’y a qu’à lire et relire ses ouvrages (1) qui interrogent aussi l’actuel.

Avant cette mésaventure « sartrienne », il y a certainement lieu d’évoquer sa participation à la lutte armée algérienne. Nous ne gardons de lui que sa participation au sein du bureau du FLN-ALN de Bonn (Allemagne), qui n’était en réalité qu’un groupe de militants installés, et avec difficultés vue l’étroite collaboration sécuritaire entre l’Allemagne et la France et le Mossad entretenait de grandes relations de collaborations avec Paris, notamment sur le dossier de l’Egypte de Nasser, l’armement nucléaire, et plus tard, la lutte contre l’OAS. L’éphémère groupe d’agents sionistes, qu’aurait introduit Abderrazak à Ghardaïa ou encore sa proposition d’être un intermédiaire entre le GPRA et le Mossad, en vue d’un contrat d’armement pour la guérilla algérienne, il nous semble que cela tiens de la fabulation nationaliste et réactionnaire qui était anticommuniste et profondément encrée dans les rangs du FLN-ALN.

Abderrazak avait été sollicité, par ce même GPRA, à préparer avec Sadek Hadjerès la visite des militants Nelson Mandela et Amilcar Cabral dans les camps militaires de la base de Oujda. C’est le militant communiste algérien qui prépara le faux passeport nigérian de Mandela, qui venait de terminer son stage militaire en Ethiopie (à l’Académie militaire d’Etat) et le fait passé d’Allemagne vers le Maroc, via le Nigéria.

Mais pendant le coup de force de Ben Bella-Boumediene, durant l’été 1962, Abderrazak Abdelkader est aux côtés du vice-président du GPRA, Mohamed Boudiaf, pour lancer la lutte armée à partir de « la base révolutionnaire de Draa El-Mizan », avec un cercle de militants internationalistes en vue d’un encadrement politico-militaire. Mais cet épisode fait partie de l’histoire du Parti de la Révolution Socialiste, elle ne concerne pas les nationalistes réactionnaires qui ont édifiés un semblant d’Etat semi-capitaliste et semi-colonisé.

M. K. Assouane 

(1)- « Le conflit judéo-arabe », François Maspero. Paris, 1961, et Le Monde arabe à la veille d’un tournant, F. Maspero, Paris, 1966.

Auteur
M. Karime Assouane

 




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