Mardi 4 mai 2021
Accusés de complot, 230 pompiers mis à pied
Alors que les pompiers réclament de meilleurs salaires, leur manifestation à Alger le 2 mai dernier, jugée illégale, a été violemment bloquée par la police.
La réaction des autorités n’a pas traînée, au lendemain de la manifestation de centaines d’agents de la Protection civile dans les rues d’Alger le dimanche 2 mai. 230 agents ont été suspendus pour avoir enfreint la loi. Cette marche a été violemment bloquée par la police alors qu’elle se dirigeait vers le palais présidentiel.« Ils nous ont frappés et ont utilisé du gaz lacrymogène. Nous n’avons rien fait. Nous n’avons rien cassé », a témoigné un pompier dans une vidéo diffusée sur internet.
Le gouvernement algérien a donc choisi la confrontation, alors que depuis la mi-avril, des revendications salariales agitent les unités de sapeurs-pompiers de toutes les wilayas(préfectures). Dès dimanche 2 mai, le ministère de l’Intérieur avait diffusé un communiqué dans lequel il qualifiait d’« illégale » la marche des pompiers et évoquait « un complot contre le pays ». Les pompiers, comme les policiers, sont astreints à un devoir de réserve, et ne peuvent ni faire grève, ni manifester. Mais les sanctions ne s’arrêtent pas là, les agents seront également poursuivis en justice.
« Un complot contre le pays »
La dialectique employée par le ministère de l’Intérieur est également révélatrice de la tension qui règne. Dans un communiqué, le ministère demande aux pompiers de cesser leur mouvement « nourrit par des parties servant des agendas hostiles à l’égard de l’Algérie ».
Même son de cloche à la Direction générale de la protection civile, exhortant l’ensemble des agents « à faire montre de discipline et de sens élevé de responsabilité, et à ne pas céder aux publications subversives visant à semer la confusion et le chaos et à attenter à la stabilité de la patrie. »
Revendications salariales
Voilà donc le pouvoir algérien confronté à un nouveau front, alors que la contestation sociale s’élargit dans la fonction publique : éducation, administration fiscale, chemins de fer et santé. Un nouvel appel à manifester a d’ailleurs été lancé pour le 9 mai à Alger, en réponse au communiqué « mensonger » du ministère.
Car le mouvement des sapeurs-pompiers se veut avant tout social.
Les soldats du feu se plaignent d’un salaire de base dérisoire fixé à 15 000 dinars, alors que le salaire minimum garanti en Algérie est de 20 000 dinars (environ 125 euros). Le point d’indice n’a pas été relevé depuis des années, et la durée du travail atteint régulièrement les 80 heures hebdomadaires dénoncent les pompiers.
La Direction générale de la protection civile a assuré que ces revendications avaient été remontées et « qu’une commission se penche sur leur examen ». Une tentative de calmer les esprits alors que sur Twitter certains rêvent de voir les pompiers rejoindre le mouvement du Hirak.