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mercredi, 29 octobre 2025
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Affaire ANEP 2 : justice spectacle, des zones d’ombre et des « patrons de presse » toujours intouchables 

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Derrière les condamnations spectaculaires de Hamid Grine et Djamel Kaouane, deux ex-ministres de la Communication, l’affaire ANEP 2 met à nu un vaste réseau de détournement de la publicité publique au profit de journaux de façade et de titres de connivence.

Tandis que les lampistes tombent, les véritables profiteurs de cette rente — propulsés au rang de “patrons de presse” grâce à la manne de l’ANEP — continuent d’échapper à la justice, exposant les limites d’un assainissement plus politique que moral. Ne nous leurrons pas, nous assistons plus à une justice sacrificielle.

L’affaire dite ANEP 2 n’a pas seulement révélé un vaste système de détournement et de clientélisme au sein du dispositif public de publicité ; elle met à nu une dérive structurelle qui mine depuis des années la relation entre pouvoir, médias et argent public. Derrière les condamnations spectaculaires prononcées contre d’anciens ministres de la Communication et des responsables de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP), se profile une question essentielle : celle de la transparence dans la distribution de la manne publicitaire publique et de la responsabilité réelle des bénéficiaires.

Selon les éléments du dossier, les annonces institutionnelles — censées soutenir la presse nationale — ont été attribuées à des journaux fictifs ou créés de toutes pièces, souvent en échange d’une bienveillance éditoriale. L’enquête a mis au jour une exploitation abusive des quotas publicitaires, orientés vers des titres proches du pouvoir ou montés artificiellement dans le seul but de capter les budgets de l’ANEP. Ce système, toléré et parfois encouragé, a contribué à dévoyer le rôle originel de la publicité publique : garantir la pluralité de la presse et accompagner son développement économique.

Si la condamnation des ex-ministres Hamid Grine et Djamel Kaouane est perçue comme un acte de justice salutaire, elle laisse néanmoins un sentiment d’inachevé. Beaucoup y voient une justice sélective, à deux vitesses, ciblant des figures visibles du dispositif sans remonter la chaîne des responsabilités. Le procès, à cet égard, illustre une forme de justice spectacle, où la sévérité affichée envers quelques responsables politiques sert de paravent à d’autres acteurs qui continuent d’échapper à toute reddition de comptes. Qu’en est-il de tous ces patrons de presse qui ont bénéficié de milliards en publicité pour des canards boiteux ?

Car la question centrale demeure : à qui ont profité ces détournements ? Les bénéficiaires de ces dotations publicitaires, souvent des propriétaires de publications montées à la hâte, ont perçu des sommes considérables. Grâce à des décisions administratives complaisantes, beaucoup se sont érigés en « patrons de presse » sans jamais investir dans le développement de leurs entreprises ni dans l’amélioration des conditions socioprofessionnelle de leurs employés , journalistes et autres personnels de service.

Les milliards de dinars versés par l’ANEP n’ont, pour l’essentiel, pas servi à moderniser les rédactions ni à soutenir le pluralisme médiatique, mais à alimenter des comptes personnels ou des investissements immobiliers, parfois à l’étranger. 

Pour être réellement équitable, l’action publique doit aller jusqu’au bout : identifier les véritables bénéficiaires de ces subventions publiques et exiger d’eux qu’ils rendent compte de l’usage des fonds perçus. Une simple enquête administrative, rigoureuse et transparente, suffirait à dévoiler les contrevenants présumés— des acteurs bien connus dans les milieux journalistiques comme au sein de l’administration de la communication.

Au-delà du volet judiciaire, l’affaire ANEP 2 interpelle sur la nécessité d’une refonte profonde du système de financement de la presse. Tant que la distribution de la publicité publique restera opaque et dépendante des affinités politiques, le risque de reproduire les mêmes dérives subsistera. Ce scandale, symptomatique d’un mode de gouvernance médiatique clientéliste, appelle donc moins à des procès symboliques qu’à une réforme structurelle, fondée sur la transparence, l’équité et la reddition de comptes. 

L’assainissement du secteur médiatique passe inévitablement par la mise en place de mécanismes clairs et indépendants de régulation de la publicité publique. Faute de quoi, l’affaire ANEP 2 ne sera qu’un épisode de plus dans une longue série de scandales où la presse, censée informer et éclairer, reste instrumentalisée par ceux qui la financent.

La Rédaction 

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