Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé une plainte de l’État contre une élève d’un lycée parisien accusée de dénonciation calomnieuse. Après s’être vue demandée de retirer son voile à l’entrée de son établissement, elle avait accusé le proviseur de violences. Ce dernier a par la suite été visé par des dizaines de menaces de mort. L’affaire indigne la classe politique.
Mercredi soir sur TF1, le Premier ministre prend fait et cause pour le proviseur, qu’il a reçu le même jour à Matignon. Gabriel Attal dénonce « des atteintes à la laïcité » et « des tentatives d’entrisme islamiste ».
L’affaire remonte au 28 février. Ce jour-là, trois élèves de BTS du lycée Maurice-Ravel dans le XXᵉ arrondissement de Paris se présentent voilées. Le proviseur, soucieux de faire respecter la loi (depuis 2004, les signes religieux ostentatoires sont interdits en milieu scolaire), leur rappellent qu’elles doivent enlever leur voile. Une des trois élèves choisit d’ignorer l’injonction et s’ensuit une altercation. La lycéenne, qui affirme avoir été frappée au bras, ira ensuite porter plainte.
Si la plainte est classée sans suite, l’affaire n’en reste pas là. Le directeur de la cité scolaire se voit nommément ciblé sur les réseaux sociaux par des menaces de mort. Une enquête pour cyberharcèlement est ouverte et deux individus sont arrêtés. L’un d’eux âgé de 26 ans, sans aucun lien avec l’établissement scolaire, doit être jugé le 23 avril.
Les ombres de Samuel Paty et Dominique Bernard
Face à la pression, le proviseur, proche de la retraite, décide de quitter l’établissement. C’est en tout cas ce qu’indique un message adressé mardi 26 mars par le successeur du chef d’établissement aux enseignants, élèves et parents. Il est évoqué « des raisons de sécurité ».
De son côté, le rectorat évoque « des convenances personnelles » et un « départ anticipé en retraite ». La ministre de l’Éducation Nationale, Nicole Belloubet, parle, elle, devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée d’une « autorisation spéciale d’absence » et assure que le proviseur n’a pas démissionné.
Les chefs d’établissements seuls pour faire appliquer la loi
L’affaire, qui se produit 20 ans après la loi sur les signes religieux, rappelle combien la laïcité est malmenée ces dernières années dans les écoles de France. Il y a les exemples les plus tragiques des assassinats islamistes de Samuel Paty et Dominique Bernard, en 2020 et 2021. Mais aussi des cas comme ceux du lycée Maurice-Ravel face auxquels les chefs d’établissements semblent démunis. Si la ministre Belloubet s’était rendu dans le lycée dès le début du mois de mars, cela n’a pas empêché le départ du proviseur.
Évidemment dans la classe politique, aussi bien à gauche qu’à l’extrême droite, on dénonce un « échec ». Un « échec collectif », pour le chef des députés socialistes, Boris Vallaud. La conséquence de « petites lâchetés et des grands renoncements », selon le patron des sénateurs Républicains, Bruno Retailleau. La tête de liste Reconquête ! (extrême-droite) aux élections européennes, Marion Maréchal, parle, elle, d’une défaite de l’État sur « la gangrène islamiste » ou encore la radicalisation d’une partie de la jeunesse ».
Un jeune homme de 26 ans, originaire des Hauts-de-Seine, a été arrêté et doit être jugé le 23 avril à Paris pour l’avoir menacé de mort sur internet. Le Premier ministre a annoncé mercredi une plainte pour « dénonciation calomnieuse » contre la jeune femme. Une enquête avait été ouverte à Paris pour cyberharcèlement.
Rfi