« On ne perd jamais à dire la vérité » : Retailleau dénonce l’omerta sur l’affaire du journaliste Christophe Gleizes et défend Boualem Sansal

Fermeté ou discrétion ? Le ministre Bruno Retailleau reconnaît l’échec de certaines stratégies françaises dans la gestion des dossiers sensibles avec l’Algérie. Invité de France Inter, il revient sur les cas de Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes, tout en critiquant la diplomatie du silence prônée par le Quai d’Orsay. Il plaide pour la justice et appelle à rétablir une véritable réciprocité dans les relations franco-algériennes. À quelques jours du 5 juillet, fête nationale algérienne, il place ses espoirs dans une grâce présidentielle en faveur de Boualem Sansal, qu’il décrit comme un « symbole » de la nation civique.

Invité du Grand Entretien de France Inter ce mardi matin, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau est revenu longuement sur la situation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné en Algérie à cinq ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Alors que la justice algérienne doit rendre son verdict en appel, le ministre a exprimé un espoir prudent : celui d’une possible grâce présidentielle à l’occasion de la fête nationale algérienne, le 5 juillet prochain.

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« J’espère qu’on arrive enfin au terme et au dénouement de cette affaire », a-t-il déclaré. Tout en rappelant qu’il avait été « le tenant de la ligne de la fermeté » à l’égard du pouvoir algérien, Retailleau ne cache pas sa volonté de ne « rien hypothéquer » : « Boualem, pour moi, c’est un symbole. Ce n’est pas quelqu’un qui est né en France, mais il sert la langue française. Il incarne ce que nous sommes : une nation civique. On peut s’attacher à la France non par le sang, mais par le cœur et par l’esprit. »

Il évoque notamment son dernier ouvrage, Le français, parlons-en, qu’il cite avec émotion, comme pour mieux souligner l’importance intellectuelle et morale de Sansal dans l’espace francophone. « Même une histoire tempétueuse ne doit pas justifier l’omerta », a-t-il insisté, en référence aux relations complexes entre Paris et Alger.

« Le silence ne paie pas »

L’entretien a aussi été marqué par une critique de la stratégie diplomatique dite de discrétion, appliquée notamment dans le cas du journaliste sportif Christophe Gleizes. Ce dernier, sous contrôle judiciaire pendant plus d’un an, vient d’être condamné par un tribunal algérien. « Cette stratégie n’a pas fonctionné. Personne n’en parlait. Moi, je n’y ai jamais cru. On ne perd jamais à dire la vérité », a affirmé Bruno Retailleau.

Interrogé sur la connaissance qu’il avait de l’affaire Gleizes, Retailleau a admis l’avoir apprise récemment, « par les médias, comme tous les Français ». Une réponse qui soulève des interrogations sur la coordination entre le Quai d’Orsay et l’Intérieur dans la gestion des dossiers sensibles impliquant des ressortissants français à l’étranger.

L’impasse diplomatique

Au fil de l’entretien, le ministre a également évoqué les limites du rapport de force engagé par la France ces derniers mois avec l’Algérie — notamment à travers la politique des visas ou la remise en question de l’accord de 1968 sur les flux migratoires. « On a été trop gentils avec l’Algérie », a-t-il dit, avant de concéder que les résultats escomptés n’étaient pas au rendez-vous.

« Quand deux pays ont des accords, ils doivent être réciproques. C’est ce manque de réciprocité que je conteste », a-t-il martelé, dénonçant une relation déséquilibrée et marquée par des blocages structurels.

Entre les principes de fermeté et les nécessités de la diplomatie, l’État français semble aujourd’hui dans une position inconfortable, naviguant entre les gestes d’apaisement espérés de la part d’Alger et la pression d’une opinion publique de plus en plus sensible à ces dossiers.

À quelques jours du 5 juillet, date hautement symbolique pour l’Algérie, l’espoir d’une grâce présidentielle en faveur de Boualem Sansal reste suspendu à une décision politique qui dépasse le simple cadre judiciaire. Attendons donc de voir jusqu’où peut aller Tebboune?

Samia Naït Iqbal

5 Commentaires

  1. et la bombe atomique, elle sert a quoi? Et les avions de chasse, les missiles, la pizza, etc…????

    Reponse: A reduire les soins et les pansions des vieux !

    Il y a banana republique et il y a « Saucisson Republique » et d’autres republiques encore…

    On dirait qu’ils ont peur de pousser le bouton… Mais je vais le faire pour vous a Dukkar !

  2. Je ne suis pas contre La liberation de Boualem. Mais, ceux qui commentent ici oublient ils qu’un certain Georges Ibrahim Abdellah a purgé sa peine et qu’il est toujours detenu dans les geoles Françaises’ou sont ils atteints du syndrome BFMTV?

  3. La France ne récolte que ce qu’elle a semé.
    Tant que l’Algérie est prise en otage par des mercenaires et des opportunistes du FLN de type business et détournements, le tout camoufflé dans « la mémoire », les « chouhadas » et l’arabo-islamisme, il n’y aura jamais de relations normale avec la France.
    Tant que le pays n’est pas entre les mains de gens compétents qui ont le courage de tourner la page du passé pour aller de l’avant comme tous les pays modernes du monde, il n’y aura que le conflict car aucune dictature ne pourra survivre sans « ennemis » intérieurs et exterieurs.
    Meme s’ils n’existaient pas il faudrait les créer.
    Au lieu de soutenir le Hirak, la France a préferré se taire et laisser faire quand es innocents sont incarcérés.
    Aujourd’hui vous récoltez ce que vous avez semé: Ceux qui ont pris en otage le peuple algérien, la mémoire et remplacé ceux qui sont capables d’avancer comme toutes les nations du monde.

  4. Personnellement je ne vois pas pourquoi cette affaire B. Sensal fait autant de bruit en France? Ça doit être qu’il ětait une carte sur laquelle « ils » comptaient? Imaginez qu’il soit arrivé á B. Sensal le même accident, une balle qui décide de quitter accudentellement un pistolet, comme c’est arrivé á Naél? Un cas qui n’est d’ailleurs pas unique … les bonnes questions, personne ne les pose …

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